ALM : Aujourd’hui le Maroc. Comment se passent les préparations pour les rencontres contre la Suisse ?
Younes El Aynaoui. On s’est rassemblé une semaine avant le jour J. le seul mot d’ordre est celui de la rigueur. Entre strech, entraînement tennis, entraînement physique, soins et massages, la préparation dure pas moins de 12 heures par jour. Il faut dire qu’il s’agit d’une routine à laquelle tout tennisman professionnel doit se plier. Ce qui change pour nous tous, c’est le fait d’être au Maroc, entre amis, joueurs ou autres et le plaisir des retrouvailles, après une année passée à parcourir les quatre coins du globe. Les liens d’amitié qui me lient avec Arazi, Alami, Tahiri et Laâraj donnent un goût très spécial aux préparations. Etant de la même génération, avec un même parcours et visant les mêmes objectifs, on se sent très unis. La victoire dépend des résultats de tous. On en est conscients et on fait tout pour se remonter le moral les uns les autres.
Vous êtes cette année au meilleur de votre forme. Vous sentez-vous satisfait de votre parcours jusque-là ?
Quand on est compétiteur dans l’âme, on éprouve souvent des remords. On veut toujours mieux faire. Se sentir satisfait peut créer un relâchement, au risque de voir ses ambitions revues à la baisse. C’est la raison pour laquelle je préfère ne pas trop m’attarder sur le passé. Je regarde le futur. Ceci dit, j’essaye de ne pas oublier les bonnes réalisations. Je les garde en mémoire pour augmenter mon capital confiance, si j’ose m’exprimer ainsi. Ceci, tout en gardant un oeil sur les tournois à venir. C’est sur cela que je me focalise le plus. Il me reste 3 ou 4 tournois très importants que je dois disputer cette année. Je pointe actuellement à la 16e place et je compte bien avancer davantage pour figurer, d’ici la fin de l’année, parmi les dix meilleurs joueurs mondiaux. Ce serait une belle consécration.
Vous avez atteint un âge où, généralement, l’on pense de plus en plus à l’après-carrière. Qu’envisagez vous de faire après le tennis ?
En effet, j’imagine que ce genre de question va m’être imposée de plus en plus souvent. Mais je suis au top de mon niveau. Je n’ai jamais été classé aussi bien. Donc, le temps n’est pas encore venu pour que j’envisage quoi que ce soit après le tennis puisque je suis en plein dedans. Ce qui est sûr, c’est que j’ai acquis assez d’expérience pour prétendre à vouloir en faire profiter d’autres.
Entraîneur s’entend ?
Sûrement, au Maroc j’espère. Ce serait dommage de tout arrêter et de me tourner vers une autre activité. Mon voeu le plus cher est de pouvoir faire passer ce que j’ai appris depuis que je suis joueur professionnel. A chaque fois que je suis au Maroc, j’ai l’occasion de voir se produire des jeunes tennismen. Je regarde dans leurs yeux et d’emblée, je ressens leur désir de jouer, de s’imposer, de gagner et d’honorer leur pays. Je suis passé par là moi aussi. J’aimerais pouvoir contribuer à les encadrer.
Justement, croyez-vous en une relève tennistique marocaine?
Je n’ai aucun doute là-dessus. Il y a énormément de joueurs qui veulent faire carrière dans le tennis professionnel. Croyez-moi, beaucoup d’entre eux ont un potentiel dont très rares disposent dans d’autres pays. Mais on revient toujours au problème des moyens. J’ai la chance d’avoir des parents qui ont cru en moi et m’ont soutenu jusqu’au bout, aussi bien moralement que financièrement. Ça n’a pas été sans sacrifices de leur part. Malheureusement, tous les parents ne sont pas prêts à faire de même. Le besoin de sponsors se fait sentir à un très bas âge. Et c’est dans ce sens qu’il faut travailler.
Mais il n’y a pas que le financement qui peut contribuer au développement du tennis.
Certainement. C’est une priorité parmi tous les moyens dont il faut disposer. Nous avons au Maroc l’avantage du climat qui permet la pratique du tennis toute l’année. Les joueurs, grâce aux cadres et techniciens marocains, par ailleurs très performants, sont très bien conseillés. Deux données essentielles auxquelles s’ajoute la bonne volonté de la Fédération de tennis. Ce qu’il faut maintenant, c’est instaurer une culture tennistique dans notre pays. Cela passe par des écoles de tennis dans tout le Maroc qui sauront inculquer aux jeunes les valeurs propres à cette discipline. A commencer par l’abnégation et le sacrifice. Certes, tous les joueurs ne seront pas des stars mondiales, mais on aura participé à leur garantir une bonne éducation. Il y va de l’intérêt de nos jeunes générations.
Cela nous mène au futur du pays tout entier. qu’attend El Ayanoui des prochaines élections ?
De par les déplacement que je ne cesse d’effectuer, je ne suis pas vraiment ce qui se passe au niveau politique au Maroc. Je m’y intéresse beaucoup, mais j’ai rarement le temps d’y coller. Le tennisman vit pratiquement en autarcie.
Cela dit, je sais qu’il y a des élections en ce moment (rire)…Je suis pour une politique nationale qui valorise l’individu et l’éducation. Pour moi, c’est la clef de tout développement.