Entretien avec Bouchra Hajij, présidente de la Fédération royale marocaine de volley-ball
ALM : Vous êtes ancienne volleyeuse du Club omnisports de Meknès (CODM) et aussi la première femme à diriger une fédération de sport collectif au Maroc. Comment est née votre passion pour le sport ?
Bouchra Hajij : Le sport fait partie de ma vie ! Le volleyball c’est plus que ma passion, c’est ma vocation. Depuis mon jeune âge, à l’école, j’ai été attirée par le sport en tant que milieu sain porteur de valeurs qui conviennent à ma personne. J’ai touché à quasiment plusieurs sports, aucun n’est inintéressant, la pratique d’un sport est toujours une expérience enrichissante. Mais le volleyball était mon sport préféré en raison de son aspect spectaculaire que j’ai aimé. J’ai évolué au club du CODM qui m’a fait aimer davantage ce sport en raison de l’ambiance de famille qui régnait et aussi de la qualité de l’encadrement que nous avons reçu.
Quels sont les obstacles que vous avez rencontrés dans votre parcours sachant que nous vivons dans une société machiste ?
Le chemin vers le positionnement en tant que femme dirigeante dans un milieu masculin n’est guère une tâche aisée. Il fallait faire preuve non seulement de compétence mais aussi faire face à un monde où le masculin prime. Aussi, au fil du temps on apprend à gérer les mentalités, à soigner les relations avec les autres, même quand ils sont pénibles, voire odieux, à comprendre les jeux de pouvoirs, à nouer des alliances, à capitaliser sur des succès et surtout ne pas craindre d’assumer des responsabilités à côté de nos pairs les hommes.
Vous occupez plusieurs postes, vous êtes présidente de la Fédération royale marocaine de volley-ball, de la Confédération africaine de volley-bal, vous portez aussi la casquette de membre de la Commission de parité de l’Association des Comités nationaux olympiques d’Afrique (ACNOA), vous êtes aussi membre de la Commission culture et patrimoine olympique du Comité international olympique (CIO). Quelle est la clé ou le secret de votre réussite ?
Oui, pour réussir c’est le parcours du combattant ! La volonté, la persévérance et le travail de fond pour y arriver étaient la devise par excellence pour contribuer au développement de mon pays sur le créneau sportif et sa difficulté réside aussi dans ses dimensions multiples tant à l’échelle nationale qu’internationale. Certes, il fallait d’abord prouver une compétence féminine sur le plan de la sphère locale et s’initier aux différents problèmes rencontrés par la communauté sportive.
Je présume aussi que réussir en tant que femme dirigeante c’est de savoir diriger dans un esprit de collaboration et non avoir une attitude plus compétitive, ce qui nous évite de prendre des décisions rapides en solitaire.
Comment conciliez-vous vie professionnelle et familiale ?
C’est un défi absolument à réussir. Il faut juste tracer des limites claires et garder une distance entre vie professionnelle et vie privée. L’essentiel c’est de rechercher un meilleur équilibre entre les deux.
Que pensez-vous de la femme marocaine ?
Je pense que la femme marocaine est dotée d’une résistance et d’une patience morale hors normes et garde toujours le sourire malgré toutes les difficultés qu’elle peut rencontrer dans une société patriarcale. C’est une femme passionnée et ses rêves guident son chemin. Elle est active et elle concilie à la fois son rôle de mère et sa vie professionnelle. Forte et combattante, elle ne cesse de lutter contre les inégalités sur le marché du travail. Je pense qu’aujourd’hui elle est capable d’occuper des postes de décision dans tous les domaines, dans un cadre de complémentarité avec les hommes, loin de toute compétitivité.
Quel message voulez-vous adresser à la femme marocaine à l’occasion de la journée du 8 mars ?
Soyez des femmes de défis et de résultats, ayez confiance en vous et poursuivez vos rêves jusqu’à la fin !