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Economie du sport au Maroc : Un potentiel sous-exploité

© D.R

Elle représente 1,1% du PIB national

Le sport est un véritable vecteur d’inclusion et de cohésion sociale et peut constituer un levier important de développement pour les pays africains. Aujourd’hui il est estimé à 2% du PIB mondial selon l’OCDE. Néanmoins, son potentiel économique profite moins à l’Afrique où il ne dépasse pas 0,5% du PIB sur le continent. Afin d’en décliner un agenda d’actions, Policy Center for the New South et l’AFD ont organisé une conférence à distance, le 27 janvier 2021 sous le thème «L’économie du sport au Maroc». L’occasion a également été de présenter quelques éléments saillants du rapport final réalisé par l’AFD sur ce sujet. En effet, l’agence a réalisé au cours de l’année 2020 des études sur les «filières sport» en Afrique, dont une au Maroc, menées par le cabinet PwC. L’agence se présente aussi comme un bailleur du sport et a lancé depuis trois ans des initiatives comme sa plateforme en faveur du secteur. Cette étude incite à décliner la stratégie nationale du sport en politiques, faire des collectivités territoriales les premiers acteurs de la promotion du sport et repenser la gouvernance en tenant compte des différentes strates du mouvement sportif marocain. Lors de cette rencontre, trois accélérateurs de l’industrie sportive ont été présentés.

Il s’agit de la santé-sport, l’innovation sociale par le sport et esport et sport virtuel. Il est à noter que cette conférence a connu la participation de Mihoub Mezouaghi, directeur de l’Agence française de développement au Maroc, Michel Desbordes, professeur de Marketing du sport, Université Paris Saclay, Abdou Diop, Managing Partner, Mazars Group Maroc, Marie-Cécile Tardieu, directrice générale déléguée, Business France, Wladimir Andreff, président du Conseil scientifique de l’Observatoire de l’économie du sport, et Abdelkader Bourhim, président de Sport Conseil et Développement.

 

Une source d’emplois pour 240.000 personnes

En matière d’investissements dans le sport en Afrique, le Maroc figure en haut du classement. Le Maroc est le premier pays en Afrique en termes d’investissements dans le sport avec une contribution au PIB en croissance passant de 0,64% en 2008 à 1,1% en 2018. De même, le sport possède un fort potentiel, qui évolue et participe au développement socio-économique du pays. Autre donnée : la jeunesse marocaine (15-34 ans) est estimée à un tiers de la population selon les derniers chiffres du Haut-Commissariat au Plan, soit 11,7 millions de Marocains. Cette jeunesse représente une fenêtre d’opportunité pour le développement du sport en tant que filière économique pourvoyeuse d’emplois. Le sport peut être une carte de plus que l’Etat peut mobiliser à travers des politiques publiques ciblées pour faire émerger des industries locales qui profitent au développement sectoriel et l’élargissement du marché. Il s’agit également d’un bon signal sur le marché du travail car il améliore l’employabilité, relève Bouchra Rahmouni, directrice de la recherche, des partenariats et des événements à Policy Center for the New South, ajoutant qu’au Maroc, au-delà de la place prépondérante que le sport occupe dans la vie quotidienne d’une population relativement jeune, ce secteur a permis la création de 240.000 emplois. Le sport est aussi un vecteur d’émancipation de la femme. Il conviendrait ainsi d’encourager et accompagner la pratique du sport féminin au Maroc en attirant notamment de nouveaux acteurs du secteur privé, indique-t-elle.

Points clés de l’étude

Finalisée en septembre 2020, cette étude sur la filière du sport au Maroc traite des caractéristiques de la filière sport marocaine, elle analyse les branches clés de cette filière, et donne des pistes de recommandations préliminaires. Sur le plan des caractéristiques, cette analyse dévoile que le Maroc compte actuellement 337.400 licenciés (soit 1% de la population dont 66.300 femmes, soit 19% du total des licenciés sportifs. Cette étude note les différentes périodes traversées par la filière sportive au Maroc avec un développement particulièrement dynamique dans la durée 2005 à 2020, notamment sur le plan réglementaire (transformation des clubs en sociétés anonymes sportives ou encore élaboration d’une stratégie nationale du sport) après une période 1993-2004 de vaches maigres. En termes de chiffres, on notera que le budget consacré au sport en 2020 s’élève à 252 millions d’euros (soit en augmentation de 10% par rapport à 2019) et il est prévu aussi la construction de 800 terrains de proximité. Il existe actuellement 48 fédérations sportives. Trois filières de l’industrie sportive se distinguent par leur dynamisme, à savoir le football, l’équitation, et l’athlétisme.

 

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SWOT et recommandations

Au niveau des points forts, l’étude met l’accent sur la stratégie nationale qui fait du sport de masse et de proximité une priorité. Elle souligne également que le budget de financement de cette stratégie est orienté à 80% sur le financement d’infrastructures sportives de proximité. Elle cite entre autres le développement de salles de sport low-cost au profit de la population. Pour ce qui est des points faibles, on notera que le sport universitaire souffre d’une insuffisance de ressources humaines et matérielles sans parler de la carence en termes d’actions de promotion du sport scolaire. Sur le volet de la pratique sportive pour tous, l’étude recommande de donner la priorité au développement du sport scolaire et universitaire au niveau territorial (ainsi que de promouvoir et développer le handisport. Du côté de la professionnalisation et la formation, l’étude fait état de la refonte du système de formation dans le cadre de ladite stratégie nationale et considère également comme point fort l’augmentation du nombre des encadrants qui est passé par exemple de 5.600 en 2008 à 33.400 en 2017. A cela s’ajoute la mise en place de filière sport-étude au sein des établissements publics et privés. En revanche, les faiblesses notées sont relatives aux dispositifs de formations spécifiques aux métiers du sport, l’absence de cartographie des métiers du sport et du cursus de formation existants, ou encore l’absence de cursus de formation dédiés aux sportifs de haut niveau dans le système éducatif national. A ce titre, l’étude recommande d’identifier, quantifier de manière précise l’ensemble des besoins en ressources humaines et en formation et de mettre en place un jumelage par exemple entre l’IRFC, l’OFPPT et l’IUNSEP en France afin de permettre un transfert de connaissance en matière de curricula de compétences. Au niveau des infrastructures, l’étude n’a pas manqué de souligner qu’il y un besoin de mettre à niveau les infrastructures sportives scolaires et réduire les disparités en infrastructures sur le plan régional.

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