24 heures

«Déclaration par acte notarié»

Les décideurs politiques et économiques en Espagne préfèrent de plus en plus faire des déclarations écrites ou audiovisuelles préenregistrées que d’affronter les journalistes dans le cadre des conférences de presse. Cette tendance préoccupe sérieusement le secteur médiatique espagnol. Le fait que des politiciens ou des décideurs économiques privilégient la formule de «la conférence de presse sans questions» pose un grand problème. Car, le seul endroit où le décideur se met vraiment à la disposition du journaliste est la salle de conférence. Priver les journalistes du droit d’y poser des questions, c’est, tout simplement, fermer le dernier espace qui leur permet d’accéder librement aux sources d’information.
Fait-il rappeler que le droit d’accéder à l’information et aux sources de l’information est une revendication de tous les journalistes du monde. Sans exception. Ce qui est tout à fait normal étant donné que l’on ne peut pas informer l’opinion publique si l’on n’est pas, soi-même, bien informé. Mais, le problème qui se pose en Espagne, et qui pousse de plus en plus de décideurs à fuir les déclarations orales directes, c’est le risque de voir leurs propos déformés, amputés ou sortis de leur contexte. Ils préfèrent donc faire des déclarations écrites ou préenregistrées.
Cette tendance ne touche pas les médias espagnols sérieux qui ont prévu des mécanismes qui leur permettent d’éviter tout dérapage ou abus de la part des journalistes. Le «Livre de style» du quotidien El Pais, par exemple, a adopté une règle claire et qui s’impose à tous les journalistes de ce périodique. « Le droit à l’information est surtout un droit du lecteur, et non pas du journaliste (…) Les colonnes du journal ne sont pas faites pour que le rédacteur y soulage ses humeurs (…)», souligne-t-il. Donc, le risque de voir un journaliste déformer ou manipuler les déclarations d’un décideur existe bien dans le monde entier. Mais, il faut reconnaître que l’on n’a jamais vu un journaliste inventer tout un entretien et l’attribuer à un confrère comme ce qui vient de se passer chez nous. Le coup qui vient d’être fait au directeur d’Al Ayam, Noureddine Miftah, par le journal Al Michaâl (voir instantanés) est un antécédent grave qui devrait susciter une réaction ferme de la profession. Sinon on risque de se retrouver dans la même situation qu’en Espagne. Personne ne fera plus de déclaration à la presse si ce n’est par acte notarié.

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