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Les derniers « Fils de la Toussaint »

Né en 1915 à Maghnia (ouest), d’une famille de paysans, Ahmed Ben Bella, ancien sergent des tirailleurs algériens et adjudant des Thabors marocains, décoré par le général de Gaulle en 1944, devint en 1963 le premier président de l’Algérie indépendante. Après avoir passé six ans dans des prisons françaises, il en passera quatorze dans les geôles de son pays, après avoir été renversé en 1965 par son ministre de la Défense, Houari Boumediène, qui dirigera l’Algérie d’une main de fer jusqu’à sa mort en 1978. Libéré par le président Chadli Bendjedid en 1979 et autorisé à quitter le pays, il fonde le Mouvement pour la démocratie en Algérie (MDA) et rentre en 1990.
Le deuxième « historique » encore en vie, Hocine Aït Ahmed, âgé de 78 ans, est le plus vieil opposant au régime algérien. Il a fondé, dès 1963, le Front des forces socialistes (FFS), et pris les armes dans un maquis en Kabylie. Arrêté, il a été condamné à mort puis grâcié par le président Ben Bella, son ancien compagnon de détention avec lequel il a passé six ans emprisonné après leur arrestation, en 1956, avec trois autres chefs du FLN, dans un avion marocain détourné vers Alger par l’armée française. Il réussit à s’évader et à quitter l’Algérie en 1966, revient en Algérie en 1989 pour repartir vers un exil volontaire en Suisse. Il est de retour en 1999 pour briguer un mandat présidentiel à l’élection d’avril remportée par Abdelaziz Bouteflika.
Après avoir dénoncé une fraude, il est victime d’un malaise cardiaque et repart en Suisse, où il vit toujours. Rabah Bitat est décédé après une « longue maladie » en 2000 à l’âge de 75 ans. Responsable du Front de libération nationale (FLN) de l’Algérois, il est arrêté en 1955 et détenu en France jusqu’à l’indépendance. Vice-président du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), il s’oppose, après l’indépendance au premier président de l’Algérie, Ahmed Ben Bella. Ministre dans le premier gouvernement du colonel Boumediène, après le coup d’Etat de juin 1965, il est président de la première Assemblée nationale en 1977. Il en démissionne en 1990 et se retire peu à peu de la vie publique après la fin du règne du parti unique du FLN et l’instauration du multipartisme en 1989 dans le sillage des émeutes sanglantes d’octobre 1988. Les six autres « historiques » ont connu un destin tragique. Mohamed Boudiaf, éphémère président de janvier à juin 1992, a été ramené de son exil au Maroc pour être assassiné.
Connu pour son patriotisme, il a été vice-président du GPRA et chargé des liaisons entre les maquis et le FLN au Caire. Emprisonné en France avec Ben Bella et Aït Ahmed, il s’oppose à Ben Bella dès l’indépendance, fonde le Parti de la révolution socialiste (PRS) et s’exile au Maroc. Krim Belkacem a été assassiné en 1970 à Francfort (Allemagne), où il vivait en exil après être entré en dissidence avec le régime algérien et avait créé le Mouvement pour la démocratie et le renouveau en Algérie (MDRA). Vice-président du GPRA, il est l’un des signataires des accords d’Evian qui, en mars 1962, allaient instaurer le cessez-le-feu et mener vers l’indépendance. Il a été réhabilité en 1993. Mohamed Khider a été assassiné en 1967 à Madrid où il s’était exilé dès 1963 après avoir emporté le « trésor de guerre du FLN ». Trésorier du mouvement, il était dans l’avion arraisonné en 1956. Oublié de l’histoire officielle, sa mémoire n’a jamais été réhabilitée. Trois des fils de la Toussaint sont considérés comme des « chouhada » (martyrs). Mourad Didouche, le stratège du 1er novembre, est tué en 1955 lors d’un accrochage avec l’armée française dans la région de Constantine (est).
Mostefa Ben Boulaïd, chef charismatique et prestigieux des premiers maquis, est tué en 1956 dans les Aurès par l’explosion d’un poste de radio piégé parachuté par les services de renseignements français. Larbi Ben M’hidi, le plus brillant et le plus connu des têtes pensantes du FLN, a été arrêté par les parachutistes français en pleine « bataille d’Alger » en 1957 et exécuté sommairement. Les autorités françaises avaient prétendu qu’il s’était suicidé, mais le général français Paul Aussaresses, l’un des acteurs de cette bataille d’Alger, a reconnu son exécution dans ses mémoires.

• Boubker Belkadi (AFP)

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