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59ème anniversaire de la Révolution du Roi et du peuple : Le discours royal relance le débat autour de la crise du système de l éducation

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L’adhésion des jeunes au choix stratégique du Maroc «reste tributaire de leur niveau de qualification et de la manière avec laquelle ils sont préparés pour l’avenir», a souligné SM le Roi Mohammed VI, lundi 20 août, dans son discours commémorant le 59ème anniversaire de la Révolution du Roi et du peuple. Le Souverain a ainsi appelé tous les intervenants à relever «le défi majeur du moment» et «se pencher avec sérieux et résolution sur le système de l’éducation».   
Dans son discours,  Sa Majesté a soulevé les différents points de la question de l’enseignement au Maroc donnant les orientations nécessaires pour la réussite de la réforme de l’enseignement. Il est ainsi question, «d’un système qui garantit le droit à un enseignement de qualité, doté d’une forte attractivité et adapté à la vie qui attend les jeunes». «Un  système qui permet aux jeunes d’affûter leurs talents, de valoriser leur créativité et de s’épanouir pleinement», a plaidé SM le Roi.  «Dans l’esprit de la réforme escomptée, il ne s’agit pas d’un changement de programme ou de cursus, pas plus qu’il n’est question d’une discipline à ajouter ou à retrancher. Le but recherché consiste à opérer un changement au niveau du dispositif de formation et des objectifs qui lui sont assignés, en conférant un nouveau sens au travail de l’enseignant, lui permettant ainsi de s’acquitter de la noble mission qui est la sienne», souligne SM le Roi. Toutefois, le Souverain n’a pas manqué de rappeler que «des budgets considérables ont été investis et un nombre impressionnant d’initiatives et de programmes ont été lancés», mais qui malgré  des résultats significatifs «ne sont pas à la hauteur des ambitions et des attentes des jeunes».
Pour Mountassir Abdelaziz, membre du bureau exécutif de l’international de l’éducation à Bruxelles, secrétaire général adjoint du syndicat de l’enseignement (FDT), le discours du 20 août  appelle tous les partenaires à se pencher réellement sur la question de la crise de l’enseignement. Une crise marquée par différents maux : l’abandon scolaire avec 300.000 enfants qui interrompent chaque année leur enseignement (primaire, collège ou lycée), «sans bénéficier de l’éducation nécessaire pour être des citoyens», relève Mountassir. Aussi selon le ministère de l’enseignement, la généralisation de l’enseignement s’élève à hauteur de 75%. «Mais ceci ne renvoit en rien à la qualité de l’enseignement qui laisse à désirer et dont la conséquence en est la production de futures analphabètes non insérés dans le processus de développement de notre pays», estime le syndicaliste.
Concernant le budget alloué au secteur, estimé à 14% du budget global du gouvernement, M. Mountassir note qu’il y a malgré cela un déficit ressenti que ce soit au niveau des centrales, des académies ou des délégations : «On a jamais évalué comment ce budget est dépensé et utilisé par les décideurs, d’autant que corruption et mauvaise gouvernance sont légion». Pour ce qui est des réformes initiées, le secrétaire général adjoint du syndicat de l’enseignent de la FDT souligne que la réforme d’Akhchichen s’est limitée à la sphère administrative et bureaucratique: «le ministère a voulu tout faire tout seul, sans la participation des différents intervenants. Les programmes ont été mis en place sans l’avis des enseignants. Et des fois ils avaient plus une portée commerciale que pédagogique», explique-t-il.
Selon M. Mountassir, la réforme doit toucher et impliquer toutes les composantes du système et se faire de manière transversale. Il faut prodiguer une formation de qualité aux enseignants. «Ceci n’est aucunement le cas aujourd’hui, d’autant que l’actuel ministère de l’enseignement a arrêté la formation continue sous prétexte qu’elle coûte chère», fait remarquer M. Mountassir.
Ainsi, aujourd’hui, le discours de Sa Majesté relance le débat autour de la question de l’éducation, un débat qui n’a jamais été suffisamment abordé et de manière profonde par les instances politiques, ou encore au Parlement. «Il faut aussi impliquer les syndicats en ce qui concerne la méthodologie, et les programmes qui jusqu’à présent débattaient des questions quotidiennes telles les salaires, les conditions de travail… », conclut M. Mountassir.

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