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La tarification reste un obstacle au développement du transport routier

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Le chef de gouvernement a dit, jeudi dernier à Rabat, sa volonté de s’attaquer à la question du coût du parc automobile public, une question qui avait déjà retenu l’attention du Premier ministre du premier gouvernement de la transition démocratique, Abderrahmane Youssoufi. Abdelilah Benkirane qui introduisait les travaux d’un colloque national sur la réforme du secteur du transport routier de voyageurs a révélé que ce parc coûte annuellement à l’Etat 1,5 milliard de dirhams et qu’il compte «réduire cette dépense pour en faire bénéficier des secteurs plus productifs tels que le transport routier». Il a également annoncé que son cabinet s’emploie activement à finaliser la réforme du secteur et que celle-ci tourne autour des trois axes essentiels que sont la sécurité des voyageurs, la compétitivité économique et le retour sur investissement. Trois objectifs que l’un des représentants du secteur a résumés en la volonté de lutter contre l’économie de rente qui caractérise le secteur, selon lui. Il a en effet estimé que l’un des nombreux problèmes du secteur est que c’est une réalité hétérogène – il se compose du transport touristique, l’urbain, l’interville, le voyageur…- , et que la réforme de ces nombreuses composantes impose parfois des solutions spécifiques. Il a également déclaré que l’atomicité des entreprises, la vétusté du parc et la rareté des interfaces (gares routières) fiables sont autant de questions à résoudre.
Selon le ministère de l’équipement et du transport, l’organisation du colloque est dictée par «l’importance du secteur du transport routier qui contribue aux déplacements intervilles, ainsi qu’au désenclavement des zones reculées et leur intégration dans le tissu socio-économique».
La réunion de jeudi part également de la conviction que la meilleure méthode est l’approche participative qui inclut tous les intervenants dans le secteur avec deux orientations majeures: l’examen de la vision et des ambitions de la réforme d’une part, et d’autre part le partenariat entre l’Etat et les professionnels, ainsi que la gestion de la période transitoire.
Les organisateurs rappellent que le transport routier des voyageurs par autocar contribue à hauteur de 35,4% aux déplacements interurbains, contre 44% à la voiture particulière et 15,1% aux grands taxis. Il participe pour près de 1% à la formation du Produit intérieur brut (PIB) et emploie 15.000 permanents. Selon les statistiques du ministère, le secteur comporte 3.495 autorisations «dont la quasi-totalité a été accordée avant l’année 2000». Sur ce total, 1202, soit 34,4%, ne sont pas exploitées et sur ce chiffre de 2.293 autorisations en exploitation, 1.862 sont louées, soit près de 75%.
Par ailleurs, ce secteur se caractérise par l’atomicité de ses entreprises, ce qui crée «une concurrence interne très vive», entre les 1.478 unités qui y travaillent et dont un grand nombre n’a au plus que deux véhicules. Le parc automobile en exploitation se compose de 2.783 véhicules dont 40% ont «un âge supérieur à 15 ans et 28% ont un âge entre 10 et 15 ans».
Il reste que les qualifications et les conditions de travail du personnel de conduite ainsi que la tarification sont les principaux freins au développement du secteur. A propos de cette dernière, le ministère lui-même note qu’en ce qui concerne les voyageurs, la tarification est règlementée par l’Etat par l’application de tarifs maxima et que sa dernière modification date de décembre 1996. Il conclut que «le fait de ne pas prévoir des tarifs minima favorise le dumping des prix au détriment de la concurrence saine et de la qualité». Ce qui, selon des commentateurs, laisse augurer d’une nouvelle hausse du ticket de voyage.

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