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Retenues sur les salaires des grévistes : Les syndicats dénoncent la décision du gouvernement

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Le débat sur les retenues sur les salaires des grévistes n’est pas nouveau mais il a refait surface lorsque deux ministères au sein du gouvernement Benkirane ont décidé de passer à l’acte. Il s’agit des ministères de l’intérieur et de la justice.
Pour leur part, les syndicats sont unanimes sur la question. Ils dénoncent tous cette décision qu’ils qualifient d’illégale. «Au moment où le gouvernement nous a invités à débattre du contenu de la future loi organique sur la grève dans le cadre du dialogue social, nous avons été surpris par la décision du ministre de l’intérieur de recourir à des déductions des journées de grève sur les salaires des fonctionnaires des collectivités locales. Notre surprise fut tout aussi grande lorsque le ministre de la justice a décidé de lui emboîter le pas», déclare Abdelhamid Fatihi, secrétaire général adjoint de la FDT (Fédération démocratique du travail). Ce nouveau bras de fer intervient entre le gouvernement et les syndicats, alors que le dialogue social est en quasi-paralysie.
La semaine dernière, deux réunions de commissions issues du dialogue social ont été boycottées par les cinq syndicats les plus représentatifs. «Il est certain que les réactions de MM. Ramid et Laenser, respectivement ministre de la justice et de l’intérieur, portera un coup dur à la crédibilité du dialogue social. De notre côté, nous attendons toujours à la FDT la réaction du gouvernement quant à notre demande d’initier des réunions tripartites avec le gouvernement, les syndicats et la CGEM (Confédération générale des entreprises du Maroc)», ajoute M. Fatihi.
Même les syndicats proches des partis de la majorité gouvernementale manifestent leur mécontentement vis-à-vis de la décision de recourir à des prélèvements sur les salaires des grévistes. C’est le cas notamment de l’UNTM (Union nationale du travail au Maroc) relais syndical du PJD, parti du chef de gouvernement. «La position est claire de l’UNTM concernant le recours de certains ministères à des ponctions sur les salaires des grévistes. Ces dernières ne pourraient pas avoir lieu en dehors d’un cadre légal», déclare Abdelilah Dahmane, membre du bureau national de l’UNTM.
Et de poursuivre : «Nous pensons qu’il faudrait d’abord adopter une loi sur la grève et une autre sur les syndicats. Après l’adoption de ces textes, le gouvernement et les syndicats pourront se référer à leurs dispositions pour encadrer leurs démarches. Cela dit, nous pensons que le recours à la grève comme un droit constitutionnel ne doit pas entraver la bonne marche des services publics». Il faut préciser que la loi organique sur la grève est l’une des lois les plus attendues. Seul bémol, le gouvernement et les syndicats adoptent des positions différentes sur ce sujet. L’Exécutif veut en faire un texte prioritaire. Il l’a d’ailleurs placé en bonne place parmi les points inscrits à l’ordre du jour du dialogue social.
Les syndicats, quant à eux, voient les choses différemment. De nombreux syndicalistes ont à maintes reprises manifesté leurs craintes de se voir «confisquer» le droit à la grève par une loi qui serait probablement trop restrictive. C’est la raison pour laquelle l’UMT s’oppose, du moins pour le moment, à la promulgation d’une telle loi.
de leur côté, la FDT et la CDT fixent comme préalable l’adoption d’une loi sur les syndicats. A noter que la loi sur les grèves est l’un des sujets qui suscitent le plus la controverse dans le dialogue social. Un dialogue social qui est aujourd’hui pratiquement en panne.

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