EconomieUne

Agro Portugal : Le Maroc séduit à Lisbonne

© D.R

Au-delà de la présentation de son offre exportable, le Maroc a tenu à travers cette participation à prospecter d’éventuels partenariats avec les opérateurs portugais et à les inciter à venir investir au Maroc.

Le Maroc a réussi son premier passage au Salon Agro Portugal. Le Royaume, invité de marque de cette troisième édition, a présenté à une dizaine de milliers de visiteurs une offre agricole diversifiée. Fruits et légumes, produits du terroir et gastronomie marocaine étaient à l’honneur à Lisbonne du 28 au 3O octobre. «Nous sommes heureux que le Maroc soit à l’honneur de cette édition pour valoriser sa production agricole et partager ses avantages comparatifs. C’est un espace de dialogue et d’échange pour promouvoir notre pays et drainer les investisseurs agricoles au Maroc», indique Karima Benaich, ambassadrice du Maroc au Portugal. S’exprimant sur le choix du Maroc de prendre part à cette manifestation, Luis Capoulas Santos, ministre portugais de l’agriculture et du développement durable, a indiqué à ALM que «le Maroc représente une grande puissance agricole et est un partenaire privilégié du Portugal et de l’Union européenne. Tous ces éléments font qu’il soit aujourd’hui un invité de taille à ce salon. Une occasion à travers laquelle nous souhaitons approfondir nos relations de façon décisive».

Au-delà de la présentation de son offre exportable, le Maroc a tenu à travers cette participation à prospecter d’éventuels partenariats avec les opérateurs portugais et à les inciter à venir investir au Maroc. (voir entretien). Agro Portugal a également été une occasion pour le Royaume de présenter ses avantages concurrentiels et de consolider son positionnement sur le marché portugais et européen. Le Maroc a exporté, en 2015, 16 milliards de dirhams de produits agricoles vers l’Union européenne, soit 65%  du total des exportations à destination de l’Europe. Les expéditions en produits de pêche ont atteint pour leur part une valeur de 12 milliards de dirhams pour la même année représentant 61% des exportations vers l’Union européenne.

stand-maroc-salon-agro-portugal-lisbonne-1

Grand engouement pour le terroir

Construit sur une superficie de 150 mètres carrés,  le stand marocain reflète la richesse agricole du Maroc. Agrumes, fruits, légumes frais et produits du terroir y  étaient exposés reflétant la dynamique dont jouit le secteur sur le plan national. Une offre diversifiée, aux couleurs pétillantes, est venue graver  la signature «Maroc» au sein d’une manifestation qui connaît une forte adhésion internationale. Les visiteurs ont été curieux de découvrir le produit marocain particulièrement celui du terroir. Une cinquantaine de coopératives marocaines a été présente indirectement au Salon à travers une large gamme de marchandises. Huiles essentielles, produits cosmétiques, dattes et épices ont séduit les Portugais. Ils étaient nombreux à venir découvrir les produits sur place. De quoi faire le bonheur des exposants qui profitent de tels événements pour consolider leur chiffre d’affaires. Il faut dire que le terroir marocain ne cesse de voler la vedette lors des manifestations internationales.

Cet engouement est expliqué par le progrès enregistré en termes de commercialisation. Le Maroc a, en effet, élaboré une feuille de route pour promouvoir le terroir à l’échelle nationale et internationale. Plusieurs actions ont été menées dans ce sens en vue de mettre à niveau les coopératives. L’Agence du développement agricole œuvre, à cet effet, à doter chaque coopérative d’un plan d’affaires et pérenniser son rendement via une promotion structurée. Ceci s’illustre par la mise en place des unités de stockage, la construction de plates-formes de commercialisation, et la conclusion de conventions de distribution au Maroc et à l’étranger. La politique de développement et de commercialisation des produits du terroir se base également sur la labellisation. «Terroir du Maroc» est désormais une signature incontournable. Une marque collective qui s’exporte en toute sécurité permettant aux petites associations et coopératives de pénétrer le marché international. Le processus de labélisation porte sur une autorisation d’usage de 3 ans, accordée par un comité d’homologation dont l’Agence du développement agricole, l’Office national de sécurité sanitaire et alimentaire, la direction de développement de filières de production et les directions régionales.

stand-maroc-salon-agro-portugal-lisbonne-2

Participation à l’international : Quel impact ?

La participation marocaine à l’Agro Portugal s’inscrit dans le cadre d’un agenda de promotion établi par l’Etablissement autonome de contrôle et de coordination des exportations (EACCE). Cet organisme public, placé sous tutelle du ministère de l’agriculture et de la pêche maritime, s’est vu récemment assigner la mission de promotion des produits agricoles et de pêche frais ou transformés.  «L’année 2016 est en effet une année de transition dans la mesure où nous avons poursuivi les actions prévues dans le cadre du programme de promotion. Nous avons également pu définir au cours de cette année notre feuille de route qui sera dévoilée incessamment», nous explique Abdallah Janati, directeur général de l’EACCE.

2016 a également été riche en participations aux foires et salons internationaux, notamment à Dubai, au Japon, aux Etats-Unis et en Europe. «Ces manifestations sont une bonne occasion pour insister sur la qualité du produit marocain et son innovation. Toutefois la participation à ces événements n’est pas une fin en soi», explique le directeur général de l’EACCE. L’enjeu étant de savoir capitaliser sur ce qui a été acquis lors de ces participations.

D’où la nécessité d’une évaluation par étape. L’EACCE énumère dans ce sens trois niveaux de suivi. Sur le plan administratif, les exposants sont appelés à remplir un formulaire pour identifier les points forts et faibles de la participation. M. Janati indique également que l’EACCE a développé, en interne, un outil qui permet une évaluation de l’impact économique de ces participations. «Cette évaluation repose sur deux indicateurs,  à savoir la destination pour savoir si le marché sur lequel on était présent affiche un engouement pour le produit marocain ou non. Cette tendance se confirme également via le suivi du chiffre d’affaires de l’exposant avant et après sa participation», explique Abdellah Janati. Et de conclure que «ces indicateurs nous permettent d’évaluer l’impact de la participation sur l’offre à l’export».

[table class= »Encadre »]

«Les investisseurs étrangers profitent des mêmes avantages que les Marocains»

mohamed-el-guerroujQuestions à Mohamed El Guerrouj, directeur général de l’ADA

ALM: Quelles sont les opportunités qu’offre le Maroc aux opérateurs agricoles portugais?

Mohamed El Guerrouj: La participation du Maroc au Salon Agro Portugal est une incitation directe aux opérateurs portugais de venir investir sur le plan national. Ce fut une occasion pour présenter aux investisseurs potentiels l’environnement agricole du Maroc en mettant le point sur la dynamique lancée par le Plan Maroc Vert. La stratégie agricole a balisé le terrain pour l’ensemble des investisseurs, marocains soient- ils ou étrangers, en mettant en place un bon nombre de mesures qui encouragent l’investissement. Ainsi, la première opportunité offerte par le Maroc aux investisseurs agricoles, notamment les Portugais, est illustrée par le modèle de gouvernance que nous avons instauré. Les investisseurs étrangers peuvent, au même titre que les Marocains, participer aux appels d’offres de l’utilisation des terrains agricoles. Par ailleurs, et comme vous le savez, le Plan Maroc Vert a des objectifs fixés par filière. Ce calendrier de réalisation donne une  visibilité aux investisseurs à moyen et long termes, ce qui leur permet de cibler leurs besoins et tracer un business plan rentable aussi bien pour eux que pour le secteur. Cette visibilité est également une des opportunités d’affaires que nous offrons aux partenaires portugais. Nous mettons, également l’accent sur le volet transformation. Nous informons, dans ce sens, les investisseurs portugais qu’il est possible de transformer leur production sur place, et ce grâce à la disponibilité de l’offre terrain au niveau des différents agropoles du Maroc.

Le Maroc compte une présence d’opérateurs agricoles portugais. Quel retour avez-vous eu de leur part ?

Tout d’abord, il est utile de souligner que les Portugais ont une grande expertise en matière d’irrigation et de produits phytosanitaires. En effet, ils sont présents au Maroc à travers plusieurs projets agricoles. Et depuis, nous ne cessons de recueillir des échos positifs de leur part. D’ailleurs, un des investisseurs portugais est venu partager sa success story lors d’un atelier que nous avons tenu en marge du Salon. Il est venu témoigner de la réalité sur le terrain national. Installé depuis six ans au Maroc, il a, en effet, dépassé les objectifs qu’il s’est fixés au départ, à savoir l’implantation de 1.800 oliviers et l’installation d’une unité de production de 350 tonnes par jour. Alors qu’il prévoyait un investissement de 116 millions de dirhams, il a atteint les 150 millions de dirhams. Tout simplement parce qu’il a trouvé un environnement qui correspond à ses attentes et l’accompagnement nécessaire pour mener à bien son projet. D’ailleurs, il est passé d’un simple investisseur à un agrégateur. C’est un pas qualitatif et dont l’impact est très positif. L’agrégation vient consolider l’agriculture solidaire, en faisant bénéficier les petits agriculteurs des moyens techniques et financiers innovants afin de hausser leur productivité.

Quelle évaluation faites-vous du partenariat public-privé sur le plan agricole?

Les résultats sont positifs et très en phase avec ce que nous avons prévu au départ. Plus de 111.000 hectares ont été lancés dans le cadre d’appels d’offres. L’objectif d’investissement initialement fixé est de 15 milliards de dirhams. Il faut dire que nous sommes aujourd’hui à plus de 14,2 milliards de dirhams. Ces réalisations sont tirées particulièrement par la logique d’entreprise prônée par le Plan Maroc Vert. Cet esprit est axé sur la promotion, le suivi et l’accompagnement. C’est une évaluation par résultat qui nous pousse à s’autoévaluer mensuellement afin d’améliorer notre gouvernance et notre productivité.

  Propos recueillis par K.T

[/table]

Articles similaires