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Contribution de la diaspora marocaine à l’économie du pays : Comment tirer le meilleur profit pour les deux parties ?

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Les migrants marocains allègent la problématique du chômage et du sous-emploi. Leur contribution aux recettes en devises du pays peut dépasser 10% du PIB marocain.

Décrypter les liens économiques entre les Marocains du monde et le Maroc. C’est l’exercice auquel s’est livrée une récente analyse de Policy Center for the New South. Ses auteurs, les économistes Mahmoud Arbouch et Uri Dadush, expliquent que la diaspora marocaine contribue de manière importante au développement économique du Maroc. Envoi de fonds, investissement dans le logement, visites fréquentes au Maroc en tant que touristes… la contribution de la diaspora marocaine à l’étranger dans l’économie nationale se manifeste de plusieurs façons. Elle entretient généralement des liens étroits avec le Maroc et aide de manière ou d’une autre à renforcer les liens commerciaux et d’investissement entre le Maroc et leurs pays d’accueil. Selon les deux experts, la migration a un effet positif et significatif sur les exportations et les importations marocaines. S’appuyant sur le nombre relativement restreint d’études sur le sujet et les données très rares disponibles, cette analyse examine les principaux facteurs d’émigration marocaine et les différentes manières dont la diaspora participe à l’économie. Elle se pose plusieurs questionnements, notamment  comment les décideurs marocains peuvent-ils tirer le meilleur parti de la diaspora tout en minimisant les effets négatifs de son grand nombre à l’étranger ?

La diaspora en chiffres: Le Maroc 22ème pays dans le monde

Avec 3,1 millions de personnes d’origine marocaine vivant à l’étranger en 2019, le Maroc est classé 22ème pays à avoir la plus grande population d’émigrants au monde et le deuxième dans la région MENA derrière l’Egypte, indiquent les deux auteurs de cette analyse en faisant référence aux statistiques des Nations Unies. La diaspora marocaine, qui comprend les migrants et leurs enfants, pourrait représenter 20% de la population du pays. Les migrants marocains allègent la problématique du chômage et du sous-emploi. Leur contribution aux recettes en devises du pays peut dépasser 10% du PIB marocain. Ceux qui reviennent au pays sont une minorité, mais participent de manière significative aux compétences et capacité entrepreneuriale du pays. De 1990 à 2019, le nombre d’émigrants marocains a presque doublé, passant de 1,7 million à 3,1 millions, indique la même source ajoutant que dans les années 1990, le nombre d’émigrants marocains a augmenté d’environ 330.000, au cours de la première décennie des années 2000 avec 790.000 personnes et environ 27.000 personnes au cours des années de la dernière décennie exprimant donc une baisse significative. Les deux experts soulignent que les forts taux d’émigration enregistrés durant la première décennie des années 2000 sont probablement liés au dynamisme de l’économie européenne coïncidant avec la période précédant la crise financière. En termes de réparation, environ 88% des migrants marocains vivent en Europe et moins 5% vivent en Amérique du Nord.

Ces deux parties du monde représentent les principales destinations d’émigration pour les Marocains. Au niveau du continent européen, les récentes statistiques dévoilent sans surprise que la France est le premier pays hôte avec 33% de personnes d’origine marocaine, suivie de l’Espagne (26%) et de l’Italie (16%). Sur le continent nord-américain, les États-Unis et le Canada accueillent respectivement 2,5 et 2,25% de migrants marocains. Pour sa part, la région MENA accueille 6% des migrants marocains, dont 0,5% dans les pays du Golfe.

Modus operandi

Après avoir fait état des efforts faits par les autorités et les MRE, cette analyse estime qu’on peut faire plus pour raffermir ses liens avec la diaspora marocaine. Les deux chercheurs s’appuient dans leur argumentation sur l’exemple des Philippines.

En effet, ce pays compte environ 10% de sa population résidant à l’étranger. Ce pays implique sa diaspora dans plusieurs domaines couvrant deux aspects principaux. La première catégorie englobe des activités comme la philanthropie, les initiatives touristiques, investissements et affaires, ou encore l’échange de connaissance en matière de technologies. Alors que la deuxième catégorie concerne le retour et la réintégration, l’assistance juridique mondiale et plaidoyer, les missions médicales, la coordination et les échanges culturels. Par ailleurs, les Philippines ont des accords de mobilité des travailleurs avec environ 80 pays. Cette analyse recommande que les politiques visant la grande diaspora marocaine devraient réduire les restrictions sur les sorties de capitaux et permettre une plus grande flexibilité du taux de change afin de contribuer à restaurer la compétitivité du secteur marchand. La tendance de certaines régions à se dépeupler en tant que conséquence de l’émigration est peut-être moins prononcée aujourd’hui compte tenu des restrictions européennes plus strictes à l’immigration. Néanmoins, les politiques régionales sont importantes pour que les services publics restent adéquats sur tout le territoire national. La politique doit également faire face à la fuite des cerveaux. Selon les deux experts il n’existe pas d’autres choix que celui de créer un environnement d’investissement propice à la création de bons emplois pour tous.

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