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Unités de production informelles : Un chiffre d’affaires de 410 MMDH

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Ahmed Lahlimi livre les résultats de l’enquête nationale sur le secteur 2013-2014

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Plus de 80% de l’ensemble des UPI et moins de 40% de celles qui disposent d’un local déclarent ne pas s’acquitter de la taxe professionnelle.

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«L’informel ne peut s’analyser en dehors du modèle de croissance et de productivité». Telle est la perception du secteur exprimée, mercredi à Rabat, par Ahmed Lahlimi Alami, qui attire l’attention sur «le cadre légal», en présentant les résultats de l’enquête nationale autour de l’informel au Maroc réalisée en 2013-2014. Il en ressort une augmentation du nombre de structures informelles. Ainsi, les Unités de production informelles (UPI) étaient, en 2013, au nombre de 1,68 million, en progression annuelle moyenne de 19.000 unités ou encore de 1,2%, par rapport à 2007 où leur nombre était de 1,55 million.

Les gains des structures informelles

Selon le haut-commissaire au Plan, «la sphère informelle est d’abord celle du petit commerce et de la micro entreprise». En détail, les activités commerciales représentent près de 70% du chiffre d’affaires total, suivies des activités de l’industrie (13,1%), des services (9%) et du BTP (8,1%). Plus de la moitié des UPI réalisent annuellement un montant unitaire de moins de 100 mille DH, 35,3% moins de 60 mille DH et 16,2% plus de 360 mille DH. Au total, avec une moyenne annuelle de près de 245 mille DH, les UPI ont, dans leur ensemble, brassé un chiffre d’affaires de près de 410 milliards DH en 2013, en accroissement annuel moyen de 6,5% depuis 2007.

Caractéristiques des entrepreneurs informels

L’enquête du HCP révèle que 51,4% des UPI, en grande majorité dans les secteurs du BTP, des services et du commerce, ne disposent pas d’un local fixe. Les unités domiciliées dans des locaux professionnels ou travaillant à domicile sont plus présentes dans le secteur de l’industrie. Plus de 80% de l’ensemble des UPI et moins de 40% de celles qui disposent d’un local déclarent ne pas s’acquitter de la taxe professionnelle. Bien qu’il ait été notablement amélioré depuis 2007, le niveau d’instruction des entrepreneurs informels reste notoirement faible. Plus des deux tiers ont fréquenté l’enseignement préscolaire ou primaire, 28,4% l’enseignement secondaire et 3,3% un enseignement supérieur. Dans la création des UPI, l’initiative est à 83% individuelle, 10,6% collaborative et pour près de 5% le fruit d’un concours familial. Avant de réaliser leurs projets, 75% des créateurs d’UPI étaient actifs occupés, 12% étudiants, 8,3% chômeurs et 3% femmes au foyer. Parmi ceux qui avaient auparavant exercé une activité, 70% étaient salariés et 20% indépendants relevant pour près de 90% du secteur informel. Avec moins de 9% des femmes, les directions des UPI sont faiblement féminisées, à l’exclusion de celles relevant des activités de type industriel ou du travail à domicile où la proportion des femmes est respectivement de 23 et 60%.

L’apport de l’informel pour l’économie

Il ressort de l’enquête que les UPI ont, en 2013, investi 3,366 milliards DH, en accroissement annuel de 3,2% depuis 2007, représentant une contribution de 1,1% à la formation brute du capital fixe national. Le secteur des services en a réalisé 50%, le commerce plus du tiers, l’industrie 12,2% et le BTP 5,3%. Dans la même année, les UPI ont réalisé 12,2% de la production nationale après 10,9% en 2007. En hausse depuis cette date dans tous les secteurs, leur contribution à la production varie de 56,8% dans le secteur commercial, 27% dans le bâtiment, près de 10% dans l’industrie et près de 8% dans les activités de services hors administrations publiques. Avec 103,346 milliards DH et un taux de 56% de la production, la valeur ajoutée créée par les UPI représente, en 2013, 12,6% de la valeur ajoutée nationale. Par secteur, la contribution des UPI à la valeur ajoutée passe de 60% dans le commerce à 29,3% dans la construction, 13,3% dans l’industrie et 6,4% dans les services. Au total, la sphère informelle aurait, en 2013, contribué à hauteur de 11,5% au PIB national (base 2007).

11,4 milliards DH de salaires

En 2013, l’emploi portait dans la sphère informelle sur 2,4 millions de personnes représentant 36,3% de l’emploi non-agricole à l’échelle nationale. Dans ce cadre, 233.000 indépendants employeurs ont recruté 420.000 salariés et distribué 11,4 milliards de DH de salaires correspondant à près de 4% de la rémunération salariale à l’échelle nationale et représentant 11% de la valeur ajoutée globale du secteur informel. 

La recette de Lahlimi

Ahmed-lahlimi-HCP«Au vu de ces données et sous réserves, le secteur informel est regardé comme parasitaire», commente le haut-commissaire au Plan qui estime que la résorption de la sphère informelle semble devoir se réaliser dans le cadre de la transformation globale des structures productives nationales et du relèvement de sa productivité globale. «Pour créer l’amélioration de productivité, il faut une transformation de nos structures, une impulsion technologique et une productivité du secteur formel. Cela va passer par l’industrialisation», enchaîne M. Lahlimi en rappelant que la sphère informelle s’avère comme le milieu adéquat des activités d’aubaine profitant à la demande de consommation et de services d’une société traditionnelle en transition et de la précarité de l’offre et de la qualité de la main-d’œuvre sur le marché du travail.

En réponse à l’illusion que la résorption de la sphère informelle passerait par sa simple inclusion dans le système de gestion fiscal national, M. Lahlimi ne manque pas de livrer des prévisions. «Le gain serait, du reste, modeste en raison du faible niveau des revenus mixtes rémunérant le ménage et le capital investi dans l’UPI. Mensuellement, il ne dépasserait pas un montant de l’ordre de 10.000 DH environ par mois que pour moins de 20.000 UPI», détaille-t-il.

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L’informel, un mode d’articulation

Les activités informelles ne constituent pas, comme le rappelle M. Lahlimi, un secteur économique. «Ceci les identifierait comme une composante structurelle homogène de l’économie nationale et leur conférerait une vocation légitime de figurer en tant que telle dans la comptabilité nationale», enchaîne le haut-commissaire au Plan qui estime que ces activités semblent constituer un mode d’articulation, historiquement daté, d’une société traditionnelle en transition avec un modèle capitaliste et libéral de croissance de faible productivité globale.    

Pour rappel, l’enquête nationale sur le secteur Informel a, pour rappel, couvert, entre 2013 et 2014, un échantillon de 10.085 unités de production sur l’ensemble du territoire national et sur une période de 12 mois pour tenir compte de la saisonnalité de leurs activités.

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