Partant du fait que le monde de l’entreprise est en pleine mutation, Mathieu Detchessahar écrit son livre avec le sentiment que «l’on arrive au bout d’un modèle d’organisation et de management».
Son ouvrage se justifie d’autant plus que les avis sont partagés. Les différentes crises que traverse le monde démontrent en effet qu’il est temps de changer de modèle. L’aspiration au changement devient un objectif chez les managers qui en ont pris conscience. Cadres et dirigeants proposent de libérer l’entreprise… Ils encouragent l’autonomie, la liberté, la responsabilité, la suppression des hiérarchies… «Pourtant, et aussi séduisante soit- elle, cette approche souffre d’un défaut originel : les entreprises ne peuvent être le monde de l’autonomie et de la liberté! Elles sont au contraire le monde des dépendances assumées dans lequel chaque participant renonce à déterminer seul son action pour la définir de façon coopérative avec les autres…
et faire mieux ensemble !». Partant de cette problématique bien réelle, l’auteur explique dans son ouvrage ce lieu de l’interdépendance choisie et de la coopération volontaire que représente l’entreprise. Car elle représente bien le lieu du dialogue au travers lequel se tissent et se retissent en permanence les fils de l’action commune.
Cette pratique de l’échange ne suppose pas la suppression des règles ou de l’autorité mais leur reconfiguration. Et c’est tout là le défi pour le management qui devra soutenir, animer et organiser le dialogue. Et c’est bien cela que l’auteur entend explorer. La quête des voies d’un management par le dialogue; telle est la mission que s’est donnée le professeur de management à l’Université de Nantes et auteur aussi de «Le marché n’a pas de morale».
Ed. Nouvelle Cité (14 février 2019)