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Conseil en image: Nos hommes politiques brillent-ils assez ?

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«Il ne s’agit pas de marketing politique qui renaît la veille des élections. Il faut aller au-delà du visuel et travailler sur soi. Ce n’est pas en demandant à quelqu’un d’ouvrir les bras en parlant parce que cela insinue avoir un esprit ouvert que cela fonctionne pour autant. Nous ne manipulons pas des marionnettes»

A l’approche des élections, la scène politique marocaine est plus dynamique que jamais. Entre les sorties médiatiques qui s’accumulent au même titre que les prospections terrain, les hommes politiques s’en donnent à cœur-joie au show électoral. S’apprêtent-ils au jeu dangereux de l’improvisation ou se font-ils conseillers?

Tout n’est pas permis en campagne électorale et les hommes politiques marocains semblent en prendre de plus en plus conscience. «Dans le cadre de la communication politique on fait appel au conseil en image. Il est important de bien travailler son discours pour gagner des voix mais si on n’arrive pas à capter l’attention du public à travers l’image, aussi bon soit-il, le message ne sera pas transmis comme souhaité», confie Myriem Cherkaoui. En sa qualité de conseillère en image, celle-ci estime qu’avoir recours à ce service est une exigence : «Tout homme politique devrait avoir un conseiller en image. On ne peut pas s’habiller de la même manière pour un conseil ministériel, un débat télévisé ou une rencontre avec les électeurs. Ce sont des contextes différents, le public est différent…».

Ce n’est pas du relooking

En effet, 55% de notre communication non verbale est visuelle. «Avant même de parler, notre image le fait pour nous. Cela passe par le choix des couleurs, des lignes et des formes. Chacun de ces paramètres varie d’une personne à l’autre, selon sa morphologie et ses traits», ajoute la même source. Il est à souligner dans ce sens que la mission principale  d’un conseiller en image est de mettre en avant les points forts de leurs clients et de neutraliser leurs points faibles selon l’image qu’ils veulent transmettre dans un cadre précis.  «Les électeurs recherchent des candidats qui inspirent, surtout la confiance, le sérieux et beaucoup d’empathie. Au-delà de leur discours, c’est leur image qui doit transmettre ces qualités-là», ajoute Myriem Cherkaoui.

Pour sa part, l’experte en communication politique, Zoubida Moumjid,  pense qu’il est important de dépasser la gestuelle et l’esthétique pour un travail plus profond. «Il ne s’agit pas de marketing politique qui renaît la veille des élections. Il faut aller au-delà du visuel et travailler sur soi. Le développement personnel est important pour que nos apparences et gestes traduisent une réalité. Autrement, nous avons tout faux. Ce n’est pas en demandant à quelqu’un d’ouvrir les bras en parlant parce que cela insinue avoir un esprit ouvert que cela fonctionne pour autant. Nous ne manipulons pas des marionnettes», insiste-t-elle.

Anouar Zyne, qui porte à la fois les qualités de membre du bureau politique de l’Union Constitutionnelle (UC) et d’expert en communication politique, nous apprend que beaucoup de travail est fait dans ce sens et que cela ne date pas d’hier. Selon lui,  l’émergence de la communication publique et politique remonterait aux années 80. «Quant au conseil en image, il est beaucoup plus récent et est apparu avec l’émergence de l’audiovisuel, notamment celui digital». Aujourd’hui, le recours à des professionnels en conseil en image s’impose. «Au niveau de l’UC, nous faisons appel à ce genre de services et c’est le cas pour d’autres partis également. Il est vrai que compte tenu de leur expérience terrain incontestable, nos ténors ont moins besoin de coaching et le plus gros du travail est fait auprès de la jeune génération».

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