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Benacer Boulaajoul : «L’Agence nationale de sécurité routière verra le jour dans quelques mois»

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Entretien avec Benacer Boulaajoul, secrétaire permanent du CNPAC

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Par le lancement de la charte nationale de bonne conduite et l’appel à l’engagement pour la vie, le CNPAC vise à créer une mobilisation générale aux niveaux national, régional et local, à même d’amener les différentes catégories d’usagers de la route à adhérer à cette action en dénonçant les drames causés quotidiennement sur la voie publique.

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ALM : Quelles ont été les principales réalisations du CNPAC en 2018 ?

Benacer Boulaajoul : L’année 2018 a été marquée par des actions de communication d’envergure destinées aux différentes catégories d’usagers de la route. A l’ère de la convergence médiatique et de la communication intégrée, le Comité a opté pour des actions 360 degrés déployées sur les différentes techniques, notamment la télévision, la radio, le cinéma, l’affichage, le digital et le hors média. Une approche participative a également été adoptée avec des acteurs économiques et professionnels ainsi que des composantes de la société civile.

Ces actions ont mis l’accent sur les différents thèmes de la sécurité routière ayant un impact direct sur la mobilité quotidienne des usagers de la route. Par ailleurs, l’évènement phare de cette année fut l’organisation du premier Forum africain sur la sécurité routière sous le Haut patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI par le ministère de l’équipement, du transport, de la logistique et de l’eau et le CNPAC en partenariat avec le Programme des politiques de transport en Afrique (SSATP) sous le thème «La sécurité routière en Afrique : levier de développement durable».  S’agissant des actions phares de l’année 2018, il y a lieu de préciser :  l’opération Colonies de vacances ; l’opération de sensibilisation en partenariat avec les ONG ; l’opération de sensibilisation destinée aux MRE ; la démonstration et présentation de véhicules accidentés (en réseau). Parmi les autres initiatives figurent la sensibilisation des usagers de la route, l’opération de communication sur la thématique «pneumatique, fatigue et somnolence», l’opération de communication lors des grands départs (Vacances et Aïds). Il faut aussi signaler la sensibilisation au niveau des GRV et ports ; le lancement d’un appel à projets au profit des composantes de la société civile et l’organisation dans deux régions de deux sessions de formation au profit des moniteurs d’auto-écoles.  Par ailleurs, le CNPAC a lancé un cycle de formation au profit des techniciens et ingénieurs communaux sur le guide référentiel de sécurité routière en milieu urbain en partenariat avec la Direction générale des collectivités locales et le ministère de l’équipement, du transport, de la logistique et de l’eau. Six régions économiques ont bénéficié de ces cycles de formation.

Le CNPAC a également lancé l’élaboration de deux plateformes e-learning, une destinée aux enfants dans les écoles et la seconde aux candidats aux permis de conduire. En matière d’investissement, le CNPAC a lancé les travaux de construction de deux centres d’éducation routière, à Rabat et Oujda. En outre, le Comité a procédé à l’acquisition de 280 radars de contrôle de la vitesse qui seront mis à la disposition des Corps de contrôle à partir de cette année 2019.

 Quelles sont vos actions pour 2019 ? 

Le Comité accompagne la mise en œuvre de la stratégie gouvernementale de sécurité routière par un plan de communication globale lui garantissant les meilleures conditions de réussite. Du plan quinquennal 2017-2021 découle le programme d’action du Comité pour l’année 2019 qui s’articule autour d’une communication institutionnelle pour créer, asseoir et confirmer la notoriété de la politique gouvernementale, du CNPAC et de ses différents partenaires. En outre, le programme comprend des actions de communication comportementale pour agir sur les facteurs récurrents des accidents de la circulation et corriger les attitudes négatives des usagers de la route. Une communication didactique et de vulgarisation s’avère également primordiale pour informer le public sur les nouvelles lois et nouveaux règlements en matière de sécurité routière.

Dans cette perspective, ce programme capitalise sur les acquis et explore de nouvelles perspectives en matière de communication, de sensibilisation, d’éducation routière et de partenariat avec les professionnels et les composantes de la société civile. Le CNPAC poursuivra en outre, au titre de l’année 2019, l’investissement dans les nouvelles technologies pour améliorer les performances de son action et la réalisation d’un ensemble d’études scientifiques, d’évaluation et de suivi des bonnes pratiques dans le domaine de la sécurité routière, sans négliger le volet relatif à l’investissement et à l’acquisition des équipements de sécurité routière. Dans ce cadre, l’année 2019 sera également caractérisée par la poursuite des travaux pour la construction du 1er centre national de la sécurité routière à Benslimane, l’acquisition de radars patrouilles mobiles pour le contrôle de la vitesse et le lancement de projets pilotes concernant  le suivi et la supervision du comportement des conducteurs. 

Vous avez lancé récemment la charte de bonne conduite. Pensez-vous que cette initiative aura un impact sur le comportement des usagers de la route ?

La Journée nationale de la sécurité routière 2019 célébrée cette année sous le thème «Je m’engage.. Pour la vie»» constitue un rendez-vous annuel pour évaluer objectivement les diverses opérations réalisées en matière de sécurité routière, mesurer les progrès ainsi qu’identifier les contraintes qui empêchent la réalisation des résultats escomptés. Cet évènement constitue également une occasion pour valoriser les efforts fournis dans la lutte contre l’insécurité routière et inciter à poursuivre la mobilisation des intervenants publics et privés, des composantes de la société civile et des acteurs médiatiques.

Par le lancement de la charte nationale de bonne conduite et l’appel à l’engagement pour la vie, le CNPAC vise à créer une mobilisation générale aux niveaux national, régional et local, à même d’amener les différentes catégories d’usagers de la route à adhérer à cette action en dénonçant les drames causés quotidiennement sur la voie publique.

Dans ce contexte, une large opération de communication et de sensibilisation a été lancée pour la promotion de la charte en engageant des célébrités, des influenceurs et des personnalités publiques de différents domaines artistiques, sportifs, politiques et professionnels. L’idée étant de collecter des signatures comme signes d’engagement au respect des règles de la bonne conduite sur les routes marocaines.

Quelle lecture faites-vous des statistiques des accidents de la route en 2018 ?

S’agissant du bilan provisoire des statistiques des accidents corporels de la circulation routière, il s’inscrit dans la tendance baissière amorcée il y 4 ans. Cette baisse est de l’ordre de -0,4% pour les tués, soit l’équivalent de 14 tués de moins que l’année précédente. Il y a aussi lieu de signaler que l’indicateur de gravité qui mesure le nombre de tués et de blessés graves pour 100 accidents continue sa baisse amorcée il y a plus d’une décennie. Depuis 2014, cet indicateur est passé de 18,57 à 12,70, soit une baisse de 6 points. 

L’Agence nationale de sécurité routière n’a toujours pas été installée. Qu’est-ce qui explique ce retard ? A quand sa mise en œuvre ?

Il faut tout d’abord rappeler que la loi 103-14 portant création de l’Agence nationale de sécurité routière a été publiée dans le Bulletin officiel du 12 mars 2018. Nous sommes en train de travailler sur les décrets d’application. Nous tenons actuellement des réunions régulières avec le ministère de l’économie et des finances pour finaliser ces décrets. La loi a prévu que l’Agence entrera en vigueur dès l’adoption de l’ensemble des décrets et règlements nécessaires à sa mise en place.  Il faut savoir que la création de l’Agence a pour objectif de regrouper et de coordonner toutes les missions relatives à la sécurité routière, notamment celles dévolues actuellement à la Direction du transport et au Comité national de prévention des accidents de la circulation.

Aujourd’hui notre grand souci c’est que cette transition soit assurée en douceur sans perturber les services publics qui relèvent  du ministère de tutelle. Nous espérons que l’Agence verra le jour dans les meilleurs délais possibles, c’est-à-dire dans quelques mois. L’entrée en vigueur du nouveau statut aura certainement lieu à partir du 1er janvier 2020 dans la mesure où les changements qui doivent être opérés au niveau de la loi de Finances doivent attendre le 1er janvier prochain.

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