Société

Le rôle de la monarchie dans la démocratie

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ALM : Maintenant que le débat est enclenché, quel est, à votre avis, le rôle que devrait jouer la Monarchie dans la construction démocratique du pays ?
Abdelali Benamour : C’était justement la question principale de notre rencontre de samedi dernier. Notre conclusion a été que la monarchie devrait jouer le rôle de leadership éclairé pour mettre en oeuvre une politique fédératrice visant à inscrire le pays dans le sens du progrès. Au sein d’Alternatives, nous avions, à cet égard, applaudi la formation du gouvernement de l’alternance démocratique et l’accord historique conclu entre la Monarchie et les forces politiques de l’ancienne opposition. Mais, nous avons constaté qu’il existe toujours des couacs quant à la gestion et au mode de gouvernance du pays. Des couacs constatés déjà à l’époque de M. Abdehamane Youssoufi et qui sont toujours de mise. Il s’agit de l’existence d’un double centre de pouvoir politique au Maroc. Il y a d’une part celui des milieux et cercles proches du Palais, et d’autre part celui des gouvernants.
Pouvez-vous nous développer, davantage, cette dernière idée?
D’un côté, on retrouve toujours des réflexes à l’ancienne, allant dans le sens du type de pouvoir absolu que le Maroc a connu. De l’autre, certains courants démocratiques cherchent à brûler les étapes. Réfléchir à cela suppose un effort de clarification et de précision des rôles de tout un chacun. D’autant que notre pays est encore confronté à des possibilités de dérapage, émanant soit de l’extrême droite soit de l’extrême gauche.
L’émergence de centres de pouvoirs concurrents se traduit dans la réalité marocaine par plusieurs formes de retard pris en matière de réformes.
Comment dans ce cas, pourrait-on arriver à construire un pays démocratique, avec une Monarchie moderne ?
Nous ne sommes pas de ceux qui plaident pour une Monarchie selon le modèle britannique. Mais, pour nous, il faut commencer par définir le rôle de la Monarchie. Celle-ci doit assurer le leadership dans la gestion du pays en mettant fin à la mésentente historique entre Monarchie et gouvernement. C’est le meilleur moyen de réduire à néant cette logique d’alibis dans laquelle on s’est inscrit et qui fait qu’à chaque fois que la question se pose sur l’action du gouvernement, ce dernier dit vouloir agir, mais qu’il faut au préalable passer par une série de consultations et subir plus d’une source de blocage.
Faut-il dans ce cas envisager des réformes constitutionnelles ? Et quels seraient, le cas échéant, les points à revoir ?
Les pouvoirs qui figurent dans la Constitution doivent être exécutés. Mais ce n’est toujours pas le cas. Et s’il y a des textes qu’il faut préciser ou éclaircir davantage, je crois qu’il y a lieu de réviser la Constitution. Nous sommes pour la Monarchie. Et nous pensons que l’autorité du Monarque doit englober la sécurité à la fois interne et externe du pays, ce qui inclut les affaires étrangères, la chose religieuse dans notre pays ainsi que les grands dossiers, avec un droit de réserve et de veto. Tout le reste doit relever du gouvernement. Les rôles des hauts commis de l’Etat doivent également être précisés. Ils doivent certes être nommés par le Monarque, mais sur proposition du gouvernement.
Dans ce cas, ce dernier gère et est responsable de ses actions. Autrement, c’est la logique de l’alibi, précédemment citée, qui va encore régner. Et quand un projet n’aboutit pas, un ministère ou un gouvernement donné peut toujours se dérober de sa responsabilité. Lorsqu’il y a blocage social, comme c’est le cas actuellement au Maroc, à cause de la concurrence de deux centres de pouvoir, deux scénarios sont possibles. Soit on laisse le temps au temps et suivre l’évolution objective des événements, avec tous les risques de dérapage que cela implique, soit on favorise l’émergence de femmes et d’hommes d’Etat à même de réussir leurs missions dans la gestion du pays, dans un Etat démocratique.
Un Etat démocratique dont le monarque garantira la construction. En d’autres termes, le monarque, est le garant suprême de la construction d’un Etat démocratique, fort de ses institutions. Il pousse vers la réforme des partis politiques.
La réforme selon vous doit donc se baser sur la réduction de l’écart entre la théorie et la pratique politique au Maroc. Cela devrait commencer par quoi à votre avis ?
Toute réforme implique la précision des pouvoirs respectifs du Monarque et du gouvernement. La loi électorale actuelle est inique. C’est une loi qui ne permet pas de dégager une majorité gouvernementale. Aucune force politique ne peut avoir de majorité sur la base de cette loi. C’est ce qui explique les mouvements et les contradictions qui marquent l’action de l’actuel gouvernement. Aussi, la loi sur les partis politiques doit impérativement voir le jour. Le financement des partis, la tenue de leurs congrès doivent y être inclus et précisés. Pour le moment, les congrès sont organisés, tenus ou reportés en fonction des intérêts de certains ou pour assurer la pérennité et la continuité d’une telle ou telle direction et non pas dans l’intérêt du parti ou du pays. Ce qui empêche le renouvellement de la classe politique, condition sine qua non à toute évolution politique.

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