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Presse écrite : Face à la baisse des ventes mondiales, l’innovation à la rescousse

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Si le format papier n’est pas près de disparaître, les patrons de presse devront repenser leur modèle économique de telle sorte à équilibrer leurs comptes tout en préservant la qualité du contenu.

L’UPF Maroc (Union de la presse francophone) vient d’organiser une conférence sur les innovations dans les métiers du journalisme. A l’heure où la presse écrite est en perte de vitesse à travers le monde il est impératif de repenser les modèles pour ramener l’offre à la demande. Une demande représentée par un lectorat qui est de moins en moins concentré mais de plus en plus exigeant, en termes de contenu. Cyril Petit, rédacteur en chef central du Journal du Dimanche, média édité en France, a rappelé les clés qui devraient ramener l’innovation. Les détails.

«Des innovations dans les médias et la presse en France», c’est la thématique qui a été retenue par l’équipe dirigeante de l’UPF Maroc, présidée par Meryem Ouedghiri lors de la dernière formation proposée à ses adhérents. Cyril Petit a répondu présent à l’appel compte tenu des enjeux conjoncturels que vit la presse dans le monde. L’événement est soutenu par l’opérateur de télécommunications Orange. L’expert introduira son discours par le rappel du livre de Jules Verne «Une journée d’un journaliste américain en 2889», avant-gardiste sur l’impact de la technologie sur les médias.

Celui qui a inventé le phonotelephote, il y a un siècle déjà, avait déjà imaginé quelque part le iPhone… Cyril Petit demeure, cela dit, très clair dans son discours par rapport à la révolution technologique. «Je ne vous parlerais pas d’intelligence artificielle mais d’innovations possibles dans la presse écrite». Vu sous cet angle, les journalistes se sentiront confortés de demeurer une constante réelle en matière de ressources pour la fabrication d’un tabloid à condition de préserver le contenu! Le cadre de l’échange est clairement défini. Partant de là, il s’agira de repenser plutôt les formats. Et le rédacteur en chef du journal français suggère de revenir sur des méthodes qui existent depuis des décennies et qui marchent comme les infos à travers les quiz. «Un lecteur a une demi-seconde pour rentrer ou non dans un article», rappelle le professionnel. Et c’est bien dans ce sens que le retour du résumé est devenu indispensable au cas où le lecteur n’aurait pas tout le temps de lire l’intégralité de l’article. 

En clair, la presse écrite qui d’une manière globale est en perte de vitesse, en termes de ventes, sera sauvée à travers la ligne éditoriale et le contenu. Pour l’heure, les constats sont têtus. La France perd 700 points de vente par an. Au Maroc, aucune statistique n’est disponible mais ce qui est sûr c’est que le lectorat n’est pas identifié en raison de la cherté des études.

Cela dit, et à travers le monde, la presse écrite n’est pas à négliger. Elle ne disparaîtra pas, autrement dit. Et il s’agira de tenir compte des nouvelles données de l’environnement. La première est bien celle de la capacité de concentration du lecteur. Cyril Petit fera référence à l’ouvrage de Bruno Partino «La civilisation du poisson rouge» qui rappelle que la capacité du poisson rouge est de 8 secondes. Celle d’un millenials a été estimée à 9 secondes.

Il est évident que l’angle d’attaque d’un papier déterminera la poursuite de la lecture ou pas de l’article. Et le lecteur, pris dans son quotidien n’a pas le temps de chercher l’information entre les lignes. C’est ce qui fait d’ailleurs de la radio un média puissant. Avec le son, l’individu peut faire autre chose tout en écoutant…

Pour l’heure, tous les journaux de la presse écrite sont passés au digital en modèle payant en France. Le modèle de la presse s’étant établi sur les lecteurs. Cela dit il s’agira de se poser la question si les jeunes paieront l’information. Il a été identifié en France que la catégorie des personnes âgées de 55 ans et plus est plus fan de la télévision. 

Au Maroc, compte tenu du faible taux de lectorat, les sites des journaux sont accessibles sans abonnement. Seul un ou deux sont passés au modèle payant.

Le New York Times compte 3,5 millions de lecteurs web abonnés. Le contenu est essentiel à ce niveau et plusieurs supports de presse privilégient le divertissement pour augmenter le nombre d’abonnements. Le média américain en fait un point fort.

Au Maroc, le smartphone est plus présent qu’ailleurs. Une donne à prendre en considération pour l’adaptation des formats de contenu. Sur le plan mondial, Facebook perd des points et Google demeure le plus fiable en termes de référencement d’articles de professionnels. Ceci confirme l’importance encore une fois du contenu.

La question essentielle aujourd’hui est de savoir comment diffuser l’information. «En modèle imprimé, on sait où l’on va contrairement au Web qui, tel un iceberg, ne permet pas au lecteur de savoir où il va», précisera Cyril Petit.

En définitive, si le format papier n’est pas près de disparaître, les patrons de presse devront repenser leur modèle économique de telle sorte à équilibrer leurs comptes tout en préservant la qualité du contenu. Pour y parvenir, certains ont diminué la pagination du support. Intégrer des innovations dans la forme demeure l’exercice qui est le plus adapté. Et la présentation de Cyril Petit les met en avant. Celle-ci renvoie à la manière de faire aussi. D’après le témoignage du rédacteur en chef du Journal du Dimanche, les journalistes commencent à travailler plus en équipe sur plusieurs sujets à la fois pour avancer plus vite avec une force de frappe en matière de quête d’information. Cela suppose un professionnalisme, une bonne connaissance de l’autre basée sur le respect. Le métier y gagnera sur le plan qualitatif et quantitatif !

L’UPF Maroc en est consciente. Le partage de savoir-faire et l’échange devraient permettre d’avancer à condition que le lecteur soit au centre des préoccupations ! L’indépendance de la rédaction est nécessaire.

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