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«Sans Valentins»: Le Love Coaching, ça existe au Maroc !

© D.R

Comment se portent les «Sans Valentins» ?

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«En recourant au Love Coaching, les gens manifestent, sans l’exprimer clairement, qu’ils ont un pouvoir sur eux et donc un pouvoir sur les failles qu’ils désirent changer»

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Février est décrété le mois de l’amour à l’échelle universelle. Le 14ème jour de ce mois est attendu par les amoureux du monde entier pour célébrer symboliquement leurs unions. Si les fléchettes de Cupidon ont déjà ciblé quelques âmes, les cœurs brisés célébreront seuls cette date. C’est le cas de Rawia qui n’hésite pas à afficher fièrement son célibat. «C’est un choix que j’assume pleinement. Au lieu de m’investir dans des histoires sans lendemain, je mène une vie en solo plutôt sereine. J’ai trouvé mon rythme de vie. La solitude ne me ronge point car j’ai appris à mieux combler ce vide»,  confie-t-elle. Entre boulot, son clan d’amis et les visites familiales, Rawia déclare avoir des journées bien chargées. «Pas de temps pour les coups de bleues. Et je n’ai pas à me lamenter sur mon sort car il vaut mieux être seule que mal accompagnée», souligne cette trentenaire casablancaise. Rawia a pour devise :  «On n’est jamais mieux servi que par soi-même».

Ainsi pour elle, et à n’importe quelle circonstance (fin d’année, Saint-Valentin ou son anniversaire) elle «s’auto-offre» des cadeaux. «Pourquoi me priver des petites douceurs pour la simple raison que je n’ai pas de prétendant. Il faut s’aimer soi-même pour pouvoir aimer par la suite», explique-t-elle. Sa collègue, pour sa part, se voit envahie par son célibat.

Après une déception amoureuse, Amal a du mal à reconstruire sa vie. «J’étais fiancée pendant trois ans et du jour au lendemain tout a basculé. Cette séparation m’est toujours difficile à supporter», nous indique-t-elle. Et de poursuivre que «j’ai beau essayer de passer le cap mais je n’arrive toujours pas à rompre ma solitude qui dure depuis deux ans maintenant».

Consciente de l’ampleur de sa situation, Amal a essayé de s’ouvrir davantage sur son entourage masculin mais elle n’arrive pas à vaincre sa problématique celle de «la perte de confiance». Ses amies lui ont conseillé de se faire suivre par un thérapeute. Un pas qu’elle hésite toujours à entreprendre. «Je me vois mal me livrer à un(e) inconnu(e) et lui faire part de mes tourments et tracas», révèle-t-elle. Et pourtant cet inconnu que Amal fuit a été formé pour accompagner les autres à résoudre leurs problématiques. On le nomme coach, mais dans le jargon des «affaires du cœur» ces thérapeutes sont baptisés «Love Coach».

Les femmes méfiantes, les hommes appréhendent le rejet

Loin d’être un effet de mode, le Love coaching est de nos jours prisé dans le monde entier. Au Maroc, cette pratique commence à gagner du terrain et pourtant les Love Coachs sont comptés sur les bouts des doigts. Techniquement, le Love  Coaching est une approche axée sur «action-objectif» et n’est pas considéré en tant qu’alternative aux consultations chez le psychologue. Le Love Coach fait sortir son client de sa zone de confort et le met «en face à face» avec ses problématiques. L’objectif étant de pousser la personne à dépasser ses peurs et mieux identifier ses besoins. Maria Bichra, l’une des pionnières du Love Coaching au Maroc, a décidé de partager avec nous son quotidien. Nous retenons de la Love Coach que les marocains commencent à prendre conscience de leur «santé affective». «En recourant au Love Coaching, les gens manifestent, sans l’exprimer clairement, qu’ils ont un pouvoir sur eux et donc un pouvoir sur les failles qu’ils désirent changer», affirme Mme Bichra. Pour cette dernière, le Lovecaoching c’est comme un  tremblement de terre. «Beaucoup de personnes qui ont fait du coaching ont vu leur vie bouleversée, pour la simple raison qu’elles ont travaillé sur cet amour de soi et elles ont commencé à remplir les trous affectifs. Ainsi tous leurs choix d’avant risquent carrément de devenir dérangeants pour elles. Par conséquent,elles vont attirer et être attirées par des personnes qui leur ressemblent et non pas par ceux qui vont juste combler un vide dans leur vie», explique la Lovecaoch.

Interrogée sur les fréquences de consultations, Maria Bichra indique que la majorité de ses coachés l’ont sollicitée pour faire du travail sur soi et non pas parce qu’ils se préparent au mariage. «Tous les célibataires devraient au moins faire une séance de coaching. Être célibataire est une opportunité de changement. C’est le moment adéquat pour se retrouver avec soi-même et identifier les axes d’amélioration c’est-à-dire les choses qui desservent pour ne pas dire les défauts. Parfois nos qualités risquent de nous desservir aussi, donc il faut savoir régler le curseur». Autre constat fait par la Love Coach: la majorité des clients, pour ne pas dire la quasi-totalité, sont des femmes. Rares sont les hommes à lui demander conseil. Notons que les problématiques diffèrent d’une personne à l’autre et d’un sexe à l’autre. Les femmes ont plus de difficulté à rétablir la confiance tandis que les hommes appréhendent beaucoup le rejet.

Célibat vs mariage : Mode d’emploi

Le mariage est un chantier émotionnel selon les spécialistes. Ainsi avant d’aller choisir son partenaire, toute personne est appelée à faire une pause avec soi pour accepter en premier ses défauts et conscientiser ses intentions. «S’inviter dans la vie de l’autre ou inviter l’autre dans sa vie, c’est avant tout s’y préparer. Le célibataire doit apprendre d’abord à vivre avec lui-même. Au moment où il se sentira bien et au moment où il saura ce qu’il veut exactement de l’autre il pourra donc s’engager dans une relation», affirme Mme Bichra. D’après elle,  il ne faut pas succomber à la pression sociale et non pas trop se plaire dans son statut de «single». Le célibat est une phase transitoire à vivre en toute sérénité pour bien réussir après son projet de vie en l’occurrence «le mariage». Le process commence par un nettoyage interne. L’égo devrait être mis de côté. Le célibataire devrait se mettre à l’évidence que «l’autre n’est pas moi mais il peut en revanche beaucoup m’apprendre sur moi». Une fois en début de relation, tous les sujets qui fâchent devraient être abordés. «L’argent est la première chose à débattre avec son futur conjoint. Il ne faut pas occulter ce sujet. Au contraire, les deux partenaires doivent comprendre que le couple est une équipe qui va être soit gagnante soit perdante. Ainsi il faut identifier les charges de tout un chacun pour cultiver un jardin commun sans pour autant être lésé», explique Mme Bichra.

L’intimité émotionnelle est l’une des bases d’une relation réussie. Elle a pour principe le respect des différences, la loyauté et l’acceptation de l’autre. De même l’intimité esthétique, intellectuelle et spirituelle est prioritaire.

Après avoir développé tous ces points, les deux partenaires peuvent entreprendre la démarche du mariage. «Il ne faut pas calquer le modèle des parents. Chaque couple est différent de l’autre. Et chaque couple est le thérapeute de sa relation», souligne la Love Coach.

Une fois unis  par les liens sacrés du mariage, les partenaires devraient construire leur relation à deux. Ils doivent veiller à ce que cet organisme vivant ne tombe pas gravement malade. Les crises qui peuvent sévir, sont pour leur part des challenges que l’homme et la femme se donnent pour atteindre vers la fin un stade mérité de satisfaction.

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Le célibat en chiffres

En se basant sur les résultats du Recensement général de la Population et de l’habitat de 2014 il ressort que :

–  Une baisse de la proportion des célibataires (de 45,7% en 2004 à 40,9% en 2014  parmi les hommes et de 34 à 28,9% parmi les femmes), et ce en faveur des mariés dont la part a augmenté de 53 à 57,3% parmi les hommes et de 54 à 57,8% parmi les femmes.

 –  La part des femmes célibataires âgées de 25-29 ans a augmenté de 35,1% en 1994 à 40,7% en 2004, pour diminuer ensuite à 32,6% en 2014.

–  Le taux de célibat définitif à 55 ans a doublé en dix ans en passant de 3% en 2004 à 5,9% en 2014. Il est plus élevé parmi les femmes (6,7%) que parmi les hommes (5,1%) et parmi les citadins (6,9%) que parmi les ruraux (3,8%).

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