L’UE prépare le sommet de Séville

Les ministres européens des Affaires étrangères sont réunis lundi à Luxembourg pour préparer le sommet européen de Séville, qui adoptera des mesures visant à renforcer la lutte contre l’immigration illégale et une réforme du fonctionnement du conseil des ministres de l’UE.
Concernant l’immigration illégale, les quinze envisagent de subordonner leur aide aux pays d’origine des migrants à une coopération de ces Etats dans l’action contre les filières d’immigration clandestine et en matière de réadmission des immigrés en situation irrégulière.
A son arrivée à la réunion de Luxembourg, le ministre britannique des Affaires étrangères, Jack Straw, a jugé « tout à fait raisonnable » d’adopter « des règles adéquates pour s’assurer que ces pays font leur maximum (…) pour le retour des demandeurs d’asile déboutés ». « Il ne s’agit pas de couper les aides », a affirmé M. Straw, mais de les soumettre à des conditions en vue d’une action « positive ». « Ce à quoi nous sommes confrontés, ces dernières années à travers l’Europe, c’est au problème des demandes d’asile infondées et de l’immigration illégale », a-t-il expliqué. Le budget communautaire annuel de l’aide au développement s’élève à 9,3 milliards d’euros (hors aide d’urgence), selon des chiffres du commissaire européen chargé du secteur, le danois Poul Nielson.
Outre la lutte contre l’immigration clandestine, les ministres devraient évoquer les négociations d’élargissement dans le secteur agricole où les quinze sont divisés sur la question du versement d’aides directes aux agriculteurs des pays candidats dès après leur adhésion.
« Pour l’élargissement, on a besoin de réformes, pas seulement institutionnelles, mais aussi dans l’agriculture », a estimé le ministre allemand des Affaires étrangères, Joschka Fischer, dont le pays est l’un des plus opposés aux aides directes. Il a rappelé que le sommet européen de Berlin, qui avait fixé en mars 1999 le cadre budgétaire de l’ue jusqu’en 2006, « avait exclu les aides directes et de façon raisonnée ».
Les ministres européens des Affaires étrangères doivent aussi donner leur feu vert lundi à une réforme du fonctionnement du conseil, visant à mieux séparer les questions diplomatiques de la supervision des travaux des multiples secteurs des politiques de l’ue. Le projet proposé par la présidence espagnole des quinze vise aussi à mettre un terme à la dérive vers le gigantisme des sommets européens, en réduisant la durée de ces sommets et en limitant de manière draconienne la taille des délégations nationales.
Les ministres devraient également approuver formellement la liste actualisée des organisations considérées comme terroristes par l’ue et dans laquelle devraient apparaître les Forces armées révolutionnaires colombiennes (farc) et les Organisation palestiniennes front populaire de libération de la Palestine (fplp, composante de l’olp) et Brigades des Martyrs d’Al Aqsa, proches du Fatah du président de l’autorité palestinienne Yasser Arafat.
Interrogé à son arrivée à la réunion, le ministre espagnol des Affaires étrangères, Josep Piqué, a confirmé l’inclusion du fplp dans la liste noire. Il a émis l’espoir que les martyrs d’Al Aqsa, responsables de plusieurs attentats suicide sanglants en Israël, le soient aussi ce lundi. Il a prôné la « tolérance zéro » à l’égard du terrorisme.