Rice courtise « la vieille Europe »

« Il est temps de surmonter les désaccords du passé », a déclaré Mme Rice à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris, l’école qui forme les futures élites politiques et administratives françaises. « Il est temps d’ouvrir un nouveau chapitre dans nos relations et un nouveau chapitre dans notre alliance », a-t-elle ajouté. Le nouveau chef de la diplomatie américaine, arrivé mardi à Paris où elle rencontrera le président français Jacques Chirac, a souligné: « l’Amérique est prête à travailler avec l’Europe pour nos objectifs communs et l’Europe doit être prête à oeuvrer avec l’Amérique ».
L’opposition de la France à la guerre en Irak, puis son refus de soutenir une occupation qui se prolonge ont conduit à une détérioration profonde des relations entre Paris et Washington. Mais Washington, qui a longtemps ignoré l’avis de certains de ses alliés, semble décidé à placer la restauration des liens transatlantiques au coeur du second mandat du président George W. Bush, après les élections en Irak du 30 janvier. Mme Rice a assuré que les Etats-Unis avaient « tout à gagner d’une Europe forte comme partenaire dans la construction d’un monde meilleur et plus sûr ». « Que chacun de nous mette sur la table des idées, son expérience et ses ressources, et discutons et décidons ensemble de la meilleure façon de les mettre en oeuvre en vue de changements démocratiques », a-t-elle poursuivi.
La capacité américaine et européenne de relancer ensemble le processus de paix au Proche-Orient constitue, pour la France, « le test » d’une véritable relance des relations transatlantiques. La secrétaire d’Etat américaine a estimé que l’occasion qui se présente au Proche-Orient « est la meilleure chance pour la paix que nous risquons de voir avant des années » et, a-t-elle ajouté, « nous agissons pour aider les Israéliens et les Palestiniens à la saisir ». Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, et le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, ont solennellement proclamé mardi la fin de plus de quatre ans de violences meurtrières, à l’issue d’un sommet en Egypte qui suscite un fragile espoir de paix dans la région. Cette annonce signale dans la pratique l’arrêt du soulèvement armé palestinien qui avait éclaté en septembre 2000 et des opérations de l’armée israélienne en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.
Mme Rice a annoncé lundi, à l’issue d’une visite au Proche-Orient, que MM. Sharon et Abbas ont accepté des invitations à se rendre à la Maison Blanche au printemps. Condoleezza Rice a choisi Paris, qui avait pris la tête du front du refus de la guerre en Irak, en 2003, pour y faire son « discours de référence » destiné à relancer les relations entre l’Europe et l’Amérique.