Pour éloigner de son chemin celui qui lui dispute l’amour de cette jeune fille qu’il aime follement, il décide de le blesser gravement. Malheureusement, le coup de couteau qu’il lui a asséné était mortel.
«C’est lui qui l’a tué, M. le président, et il a avait l’intention de le faire».
C’est le témoignage sans équivoque présenté par cette jeune fille, objet de rivalité entre le mis en cause et la victime, devant les trois magistrats de la chambre criminelle près la Cour d’appel de Casablanca. Les larmes aux yeux, elle précise qu’il l’a poignardé devant elle. Au contraire, le mis en cause, âgé de trente-deux ans, repris de justice, assure qu’il n’avait pas l’intention de mettre fin à la vie de son antagoniste, un jeune homme de vingt-huit ans.
La jeune fille raconte, toujours en larmes, que sa relation amoureuse avec le défunt remonte à quatre ans lorsqu’elle était à ses dix-neuf ans. Tous deux sont issus et demeurent à Hay Mohammadi, non loin de cinéma Essaâda.
«On sortait ensemble, on se rendait au centre-ville pour prendre un café et… », elle ne termine pas sa phrase comme si elle était sur le point de révéler un secret. Mais selon ses déclarations consignées dans le procès-verbal de son audition, elle se rendait chez lui, lors de l’absence de ses parents et son unique sœur, pour partager, tous les deux, le même lit. Mais ce détail n’avait pas une grande importance parce qu’il n’avait aucune influence sur l’examen de l’affaire.
«Ce criminel m’a proposé à maintes reprises d’abandonner Saïd et entretenir une relation amoureuse avec lui. Il m’a promis de réaliser tous mes rêves. Mais, je ne pouvais en aucun cas tromper Saïd que j’aimais follement», a-t-elle expliqué à la Cour.
En revanche, le mis en cause qui a avoué que la jeune fille lui plaisait a nié lui avoir demandé de tourner le dos à son amant pour se jeter dans ses bras. Mais il lui a proposé de demander sa main à sa mère. La jeune fille l’interrompt, le traitant de menteur. Le président de la Cour lui demande de se calmer tout en lui expliquant qu’elle ne doit intervenir que sur permission de la Cour.
Selon les déclarations consignées dans le procès-verbal, le mis en cause est tombé éperdument amoureux de la jeune fille, mais celle-ci aimait follement la victime. Il a pensé à le blesser gravement pour l’éloigner une fois pour toutes de sa bien-aimée. L’occasion s’est présentée lorsque les deux se trouvaient devant un gargotier. Il lui a asséné un coup de couteau au dos. La victime a été évacuée à l’hôpital où elle a rendu l’âme.
Jugé coupable pour homicide volontaire avec préméditation et guet-apens, le mis en cause a été condamné à 30 ans de réclusion criminelle.
