De coutume, elle traverse, sans le moindre problème, le même chemin en descendant du grand taxi pour arriver, quelques centaines de mètres plus loin, chez elle, au quartier Moulay Rachid, à Casablanca. Malheureusement, la dernière fois, elle s’est retrouvée entre les griffes de trois malfrats qui l’ont enlevée, séquestrée et violée.
Il y a trois ans qu’elle traverse ce chemin, aussi bien le matin, très tôt, que le soir. C’est du moins ce que cette jeune fille, âgée de vingt-six ans, déclare devant les trois magistrats de la chambre criminelle près la Cour d’appel de Casablanca. Personne ne l’a jamais touchée, ni lui a fait du mal. Certes, il y a un jeune homme ou un autre qui la harcelait en suivant ses pas et la sollicitant de lui accorder quelques minutes pour lui exprimer son admiration ou de lui permettre d’entretenir une relation avec elle. Ce qui est devenu normal, affirme-t-elle lors de la présentation de son témoignage devant la Cour tout en scrutant de temps en temps ses trois ravisseurs au box des accusés. Ces derniers nient tous les trois les charges retenues contre eux, à savoir kidnapping, séquestration et viol.
Ils précisent que, certes, ils la remarquaient quotidiennement lorsqu’elle passait devant leur ruelle, mais ils ne lui ont jamais prêté attention. D’ailleurs, assurent-ils à la Cour, ils ne se sont jamais imposés à une seule fille. Il était clair qu’ils se sont mis d’accord pour relater la même version. Tel n’était pas le cas devant la police judiciaire où ils ont avoué leur triple crime. Plus encore, ils ont donné tous les détails. En effet, ils étaient sous l’effet de la drogue lorsqu’ils sont passés à l’acte. Dès que la fille est descendue du grand taxi, l’un d’eux a suivi ses pas pour commencer à la harceler.
Alors que ses deux complices les regardaient depuis l’autre trottoir. Tout d’un coup, celui qui se tenait près d’elle lui a saisi la main pour l’obliger à s’arrêter. Les deux autres malfrats les ont rejoints pour encercler la jeune fille. En voyant les trois couteaux dans les mains des trois voyous, elle a gardé le silence. Après quoi, elle a commencé à les supplier de la relâcher leur expliquant qu’elle est leur voisine du quartier. En vain. Ils l’ont conduite vers la chambre de l’un d’eux pour abuser d’elle à tour de rôle. Ils ne l’ont relâchée que vers 22 h pour qu’elle rentre chez elle dans un état lamentable. Une plainte a été portée contre eux et ils ont été rapidement arrêtés. Prenant la parole, le représentant du ministère public a requis la peine maximale.
Quant à l’avocat de la défense, constitué dans le cadre de l’assistance judiciaire, il a réclamé leur acquittement, prenant uniquement en considération leurs déclarations devant la Cour et rejetant celles consignées dans les procès-verbaux. Mais, après les délibérations, la Cour a rendu son verdict en les jugeant tous les trois coupables et a condamné chacun d’eux à vingt ans de réclusion criminelle.
