Actualité

CIA-Torture : dommages collatéraux

Que savait le gouvernement de Tony Blair des vols secrets de la CIA ? Officiellement, pas grand-chose. Cependant, un mélo rédigé par le ministère britannique des Affaires étrangères, dont The Guardian publie de larges extraits, prouve le contraire. Downing Street était parfaitement au courant de l’existence de centres secrets de détention. Plus encore, d’après ce document daté du 7 décembre dernier, le gouvernement britannique aurait même cherché à étouffer l’affaire par tous les moyens.
Les informations révélées par le journal britannique risquent de rendre la situation de plus en plus compliquée pour Tony Blair surtout qu’aujourd’hui les deux tiers des Britanniques estiment que son gouvernement s’essouffle, selon un sondage de l’institut ICM publié en décembre par The Guardian.
Le recul des travaillistes dans l’opinion se fait au profit du Parti conservateur auquel le nouveau et jeune leader élu ce mois-ci, David Cameron, a insufflé une nouvelle dynamique.
Le sondage place les conservateurs à 37% contre 36% seulement aux travaillistes. Ce n’est que la seconde fois en 12 ans que les conservateurs devancent les travaillistes.
Outre que 66% des Britanniques jugent Blair essoufflé, 55% d’entre eux se disent mécontents de la politique de celui qu’ils ont pourtant réélu en mai pour un troisième mandat consécutif.
Les récentes révélations du Guardian devront sans aucun doute creuser davantage l’écart entre travaillistes et conservateurs. Elles interviennent à un moment où le Parlement européen a décidé de mettre sur pied une commission temporaire sur l’utilisation présumée de pays européens par la CIA pour le transport et la détention illégale de prisonniers. Les députés de Strasbourg ont par ailleurs condamné le traitement des prisonniers au camp américain pour terroristes présumés de Guantanamo, à Cuba, et ont demandé la fermeture de ce site.
La commission temporaire, qui comptera 46 députés, examinera également si les gouvernements européens étaient au courant des ces pratiques, si elles ont eu lieu, et si des citoyens européens y ont pris part.
La commission temporaire sera chargée de soumettre à l’Assemblée plénière toutes les recommandations qu’elle jugera nécessaires en la matière, notamment en ce qui concerne les conséquences politiques, juridiques et administratives devant être tirées au niveau européen, ainsi que les conséquences possibles sur les relations de l’Union européenne avec des pays tiers.
Le Parlement demande à la commission de lui remettre, «au plus tard quatre mois après le début de ses travaux, un rapport provisoire assorti de propositions détaillées sur l’organisation de la poursuite de ses travaux».
En ce qui concerne Guantanamo, c’est le premier appel de l’UE à sa fermeture, selon Helmut Weixler, porte-parole du groupe des Verts. Les méthodes employées par l’administration Bush qui continue à collectionner les scandales deviennent de plus en plus critiquées. Récemment, un rapport de l’organisation Human Rights Watch (HRW) vient d’épingler Washington. Le rapport dénonce que la défense des droits de l’Homme dans le monde a souffert des politiques du gouvernement Bush justifiant le traitement dégradant de prisonniers au nom de la lutte contre le terrorisme. Le directeur de l’organisation américaine des droits de l’Homme a comparé la période actuelle à la Guerre froide. Aux Etats-Unis, "le terrorisme a remplacé le communisme comme rationalisation majeure pour ignorer les abus des droits de l’Homme", a affirmé Kenneth Roth lors d’un point-presse à Washington.

Articles similaires