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Dr Othmane El Harmouchi : «La santé reproductive, une des priorités du RNI»

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Entretien avec Dr Othmane El Harmouchi, vice-président national de l’Organisation des professionnels de la santé du parti de la Colombe

ALM: Le RNI a lancé de nombreuses initiatives notamment «100 jours 100 villes» pour élaborer son programme. Comment les propositions du RNI dans le cadre de la santé ont-elles été conçues?

Dr Othmane El Harmouchi : Depuis que M. Aziz Akhannouch a été élu à la tête du parti, plusieurs organisations ont vu le jour notamment celle des cadres et du personnel du secteur de la santé et dont la mission initiale était la réalisation d’un état des lieux du secteur. C’est ainsi que nous avons lancé une tournée nationale pour approcher les professionnels du secteur, d’une part, à travers des réunions élargies des structures régionales de l’organisation et, d’autre part, en accompagnant l’initiative « 100 jours 100 villes ». Ce qui nous a permis d’être en contact direct avec les citoyens, d’être à leur écoute et d’établir ainsi une vision du secteur de la santé détaillée sur cette base, soit 100 mesures présentées dans les 5 axes du programme politique du RNI. Cette vision est le fruit d’un travail de terrain de plusieurs années, qui a impliqué aussi des experts nationaux et internationaux afin d’arriver à présenter une approche à la fois réaliste et qui répond objectivement aux attentes du citoyen. Je profite de l’occasion pour confirmer que le grand intérêt du président du parti et de tous les membres du bureau politique pour le dossier de la santé était un vrai moteur de motivation pour les 5.000 adhérents à l’Organisation à travers le Royaume.

La santé maternelle et infantile constitue un grand défi pour le Maroc. Quel état des lieux faites-vous de ce sujet ? Et quelles sont les propositions, dans le cadre du programme électoral du parti, pour une bonne santé de la mère et de l’enfant ?

Dans le domaine de la santé maternelle, le Maroc a réalisé d’importants progrès durant la dernière décennie et cela grâce à un effort considérable réalisé par le ministère de la Santé ainsi que par les professionnels que nous saluons chaleureusement pour le travail fourni. On peut noter, par exemple, une baisse du taux de mortalité maternelle et infantile, véritable indice que les stratégies, mises en place, ont eu un effet positif sur l’amélioration de la prise en charge en termes d’accouchement. Aussi, le taux de dépistage des cancers du sein et du col de l’utérus, à des phases débutantes, a eu un réel impact sur la survie des femmes. Sans oublier l’impact positif de la stratégie de la planification familiale qui a constitué le fer de lance des soins de santé de base.
Malgré toutes ces réalisations, on peut toujours noter des disparités d’accès aux suivis et soins obstétricaux entre les régions et entre les milieux urbains et ruraux. C’est à partir de là que nous avons estimé, en tant que parti politique, que la santé maternelle et infantile doit être une priorité en tant que programme de santé publique.

Dans le programme politique du RNI, nous nous engageons à garantir trois consultations médicales gratuites (3ème, 6ème et 9ème mois de grossesse) pour toutes les femmes enceintes, en mobilisant les efforts du public et du privé tout en prenant en compte, bien entendu, la réforme de la couverture sanitaire universelle que Sa Majesté Le Roi Mohammed VI a lancé il y a quelque mois et qui facilitera, sans doute, l’application de cette mesure. Notre programme prévoit également le renforcement du programme national de vaccination pour atteindre 100% de nouveau-nés vaccinés : BCG, polio, HBV et DTC, ainsi que l’instauration des tests systématiques pour les nouveau-nés (vision et audition) afin de détecter précocement les déficiences. Nous proposons, en outre, une prime de naissance pour tous les couples ayant eu le suivi médical et vaccinal complet en guise d’encouragement.
Il est à noter que la régionalisation de la gestion du secteur de la santé est une pierre angulaire de notre stratégie et nous sommes prêts à révolutionner ce secteur qui a longtemps attendu une refonte réelle, à la hauteur des attentes de nos compatriotes.

Le RNI place la question de la santé au cœur de ses préoccupations. Comment le parti compte-il faire pour accompagner la généralisation de la couverture médicale ?

Vous n’êtes pas sans savoir que le Maroc s’est engagé depuis une vingtaine d’années dans un projet sociétal d’envergure à travers un schéma de développement social visant à répondre aux attentes de la population en termes de services sociaux et particulièrement ceux concernant la mise en place et la généralisation de la couverture médicale, représentant, in fine, le socle d’une véritable refonte de notre système de santé.
En effet, ce projet ambitieux a vu le jour à travers l’application des préceptes de la loi 65-00 qui se sont soldés par d’importantes réalisations. Toutefois, la scène de l’assurance maladie a toujours pâti de plusieurs dysfonctionnements, qu’ils soient en relation avec le mode de gouvernance, de financement ou de gestion.
A ce titre, le parti a fait de ce chantier une composante primordiale de sa vision de la santé et pour lequel il a dressé un plan d’action complet qui s’articule autour de trois grands axes stratégiques à savoir :

1. La refonte de la gouvernance qui passe, entre autres, par :
– La mise en place d’un comité de pilotage de la réforme de la couverture médicale.
– La transformation du régime d’assistance médicale en un régime assurantiel en termes de gestion, et l’extension de l’AMO, pour couvrir la totalité de la population marocaine, qui représente, in fine, le garant d’une véritable justice sociale.
– La mise en place d’une caisse unique dédiée à la gestion de l’AMO.
– L’adoption d’un objectif budgétaire annuel global des dépenses de la couverture médicale au Maroc.
2. La refonte du financement avec entre autres :
– La mise en place du registre social unique comme outil de ciblage des bénéficiaires.
– L’élargissement de l’assiette des cotisations en favorisant la participation des actifs sur le marché du travail formel, ainsi que l’extension de l’AMO pour couvrir les pauvres et les indépendants.
– Le renforcement du rôle des cotisations dans le financement de la santé à travers la mise en application des mesures de régulation.
– Le renforcement de l’attractivité et de l’offre des soins du secteur public.
– La généralisation du mode tiers payant.
3. Les mesures accompagnatrices qui impliquent :
– La mise en place d’un système d’information national unique intégré et interopérable entre tous les acteurs à travers la carte « Ri3aya ».
– La refonte du mode de gestion et de financement des structures hospitalières publiques et leur garantir une véritable indépendance dans le cadre de la régionalisation avancée.
– La refonte du mode de rémunération des ressources humaines affectées aux structures publiques sur la base de la performance.
– La refonte de la tarification à travers le renouvellement des conventions nationales, la mise à jour de la nomenclature des actes professionnels et l’instauration du parcours coordonné de soins autour du médecin de famille.
– Le renforcement du partenariat public-privé.
– La digitalisation du système de la santé.
– La révision intégrale des textes juridiques et réglementaires.
En conclusion, la généralisation de la couverture médicale doit être considérée par l’ensemble des acteurs comme un projet national, un projet citoyen et un investissement d’avenir, d’où la nécessité d’une gouvernance proactive, intégrée aux objectifs nationaux de santé, anticipant, mais maîtrisant médicalement et protégeant financement, les besoins des citoyens en termes d’accès à des prestations de qualité suffisante à un prix raisonnable et à des services modernes et de proximité.

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