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Minurso : Le début de la fin ?

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La contribution marocaine annulée à la mission onusienne alors que le Conseil de sécurité doit bientôt débattre de son maintien ou non

 

Nouvelle salve marocaine contre les propos du secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon. Les déclarations «inacceptables» de ce dernier et ses agissements «inadmissibles» au cours de sa dernière visite dans la région ont poussé le Maroc à prendre une série de mesures à effet immédiat. «Le Royaume du Maroc a décidé une réduction significative, dans les jours qui viennent, d’une grande partie de la composante civile et plus particulièrement le segment politique de la Minurso, l’annulation de la contribution volontaire qu’accorde le Maroc au fonctionnement de la Minurso et l’examen des modalités de retrait des contingents marocains engagés dans les opérations de maintien de la paix», apprend-on auprès du ministère des affaires étrangères et de la coopération.

«Le Royaume du Maroc se réserve le droit légitime de recourir à d’autres mesures, qu’il pourrait être amené à prendre, pour défendre, dans le strict respect de la Charte des Nations Unies, ses intérêts supérieurs, sa souveraineté et son intégrité territoriale», souligne la même source. Ces développements arrivent après la rencontre du chef de la diplomatie marocaine, Salaheddine Mezouar, avec le secrétaire général des Nations Unies à New York. Mezouar a, dans ce sens, remis à l’intéressé une lettre «détaillant les protestations officielles du gouvernement marocain au sujet de ses déclarations inacceptables et de ses agissements inadmissibles durant sa récente visite dans la région». Même si le SG de l’ONU a tenté de minimiser la portée de ses propos, le mal était déjà fait. Les propos sont si graves pour le Maroc que le Royaume a conclu à la nécessité de remettre en cause sa contribution à la mission onusienne déployée dans les provinces du Sud marocain.

Minurso, c’est quoi ?

La décision du Maroc est loin d’être anodine. Ban Ki-moon risque ainsi de provoquer la déstabilisation de toute la région avec le risque d’une remise en cause de tout le processus des négociations engagées depuis des années. Comment ? Il faut préciser que la Minurso est une mission de paix créée et déployée dans la foulée de la signature de l’accord de cessez-le-feu de 1991 entre le Maroc et les autres parties. La composante civile et politique de la mission devait superviser les préparatifs du référendum, une option abandonnée depuis y compris  par l’ONU en raison de l’impossibilité de définir un corps électoral. La composante militaire de la mission, à travers quelques centaines de Casques bleus de différentes nationalités, est chargée de surveiller le respect du cessez-le-feu.

Alors que le mandat de la mission onusienne devait être limité dans le temps, le Conseil de sécurité s’est retrouvé depuis des années à prolonger la Minurso à chaque fois à l’occasion de la réunion annuelle du Conseil sur l’affaire du Sahara marocain qui se déroule le mois d’avril de chaque année. La prorogation de la mission de l’ONU sera à l’ordre du jour dans quelques semaines. Reste à savoir si ces derniers développements vont influer sur la décision du Conseil de sécurité ou non de maintenir la Minurso.

En cas de départ de cette dernière, l’armée marocaine pourrait se retrouver nez à nez avec les milices du Polisario qui n’hésitent pas d’ailleurs, même sous les yeux des Casques bleus, à effectuer des incursions dans la zone démilitarisée volontairement évacuée par le Maroc depuis le cessez-le-feu non loin du mur de défense érigé par les Forces armées royales. Une chose est sûre en tout cas, le Maroc n’a pas dit son dernier mot dans cette crise déclenchée par un secrétaire général des Nations Unies en fin de mandat (Ban Ki-moon quitte son poste en décembre prochain). Ce dernier avait utilisé le terme «occupation» pour qualifier la présence du Maroc dans son Sahara. Pour le Maroc, ce terme est une «ineptie juridique et une erreur politique grave puisqu’aucune résolution du Conseil de sécurité n’a utilisé une telle terminologie».

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