La fake news est avant tout une excellente comédienne, elle se fait passer pour ce qu’elle n’est pas. Elle nous apparaît comme nous aimons la consommer, triste et attristée, scandaleuse et scandalisée, alarmante et alarmée, violente et violentée…
Elle court, elle court la Fake news, la fake news des réseaux sociaux… Elle est passée par ici, elle repassera par là.
Elle court plus vite que tous, plus longtemps et arrive toujours la première et va le plus loin possible.
Si l’on pouvait de nos jours mesurer sa vitesse de course ou plutôt de sa propagation et ce mot lui sied parfaitement, elle serait sans nul doute la plus rapide et raflerait toutes les médailles et les premières places de compétitions de vitesse.
Rien ne l’arrête ! Mais qui aurait envie de l’arrêter ?!
En plus d’être une grande athlète, c’est une immense star, adulée et suivie de toutes et de tous, enfin presque. Oui, suivie, puisqu’aujourd’hui, on suit, on follow, on like, on commente et on partage. Ça vous le savez déjà !
C’est de cela qu’il s’agit justement !
«Partager», n’est-ce pas là un geste généreux, un élan positif et une action constructive et construite. Sachez que notre star, elle, est également la super championne du partage.
Ne vous méprenez pas, j’y arrive !
Ça n’est pas elle qui partage, non ! Madame, se partage, vite, très vite, partout et surtout instantanément, grâce à la smart technologie et son instantanéité. Grâce, non ! A cause ?! Oui ?! Non ! Je garde «grâce», et de grâce ne lui faisons pas porter tous les chapeaux. Nous la partageons bien de notre propre volonté !
Ce qu’on veut, nous, c’est la faire parvenir à un maximum aux autres, aussi rapidement que l’on peut… comme un devoir, une mission…
D’un geste simple, facile, accessible. Hop et le tour est joué. Plutôt, d’un clic, abracadabra, et c’est magique !
Chouette, quel bonheur, j’ai également participé à l’envoi de cette fausse information si urgente et si importante. Un sentiment d’implication et de soulagement, en quelque sorte. J’avais omis de vous signaler que Madame est toujours dans l’urgence et qu’elle est très importante, voire indispensablement importante.
Une petite parenthèse concernant le choix du genre, madame ou monsieur fake news, sans vouloir m’éloigner du sujet, je précise que comme news en français c’est information et qu’information c’est féminin donc… voilà, rien de plus ni de moins. Ça aussi, vous le savez déjà !
Donc, très rapide, inarrêtable, célèbre, appréciée, partagée, très importante, indispensable, et surtout… surtout, j’y arrive… avant çà, j’avais oublié, elle est ineffaçable, pratiquement impossible à faire disparaitre une fois lancée, et surtout… surtout… extrêmement dangereuse.
Pourquoi donc partagerait-on avec autant de fougue et d’envie de faire connaitre une information aussi compromettante ?!
Pourquoi aimer le danger et le transmettre ?!
La réponse est simple, très simple. La fake news est avant tout une excellente comédienne, elle se fait passer pour ce qu’elle n’est pas. Elle nous apparaît comme nous aimons la consommer, triste et attristée, scandaleuse et scandalisée, alarmante et alarmée, violente et violentée… et nous, nous nous entichons de toute cette mascarade et courons à son secours en un clic ! Un clic, qui peut faire des dégâts…
Je ne dis pas que tout ce qui lui ressemble est fake, car dans ce monde de fausses informations, il y a aussi beaucoup de vrai.
Sommes-nous capables de lui courir après, de la rattraper, l’attraper, la devancer et la stopper ?!
Eh bien non ! Nous ne le pouvons pas !
Pour mieux communiquer et mieux vivre, nous pouvons refuser de participer à cette course de relais et relayer l’authentique à volonté.
Sophia El Khensae Bentamy
Consultante, coach et enseignante en techniques de communication, coach en psychologie positive et en thérapie par le rire.
