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Dans son roman : Ahmed Tazi sacralise les rapports familiaux

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A la lecture du roman «Le grenadier a plus d’un tour dans son sac» d’Ahmed Tazi, l’attention est plus attirée par les affinités entre les personnages que par les faits.

«Les liens de famille dans cette fiction sont importants», précise l’auteur qui fait une comparaison avec la réalité. Pour lui, ces rapports représentent les éléments les plus saillants des liens sociaux dans notre société surtout en milieu traditionnel. «Le clivage entre rural et urbain étant de mon point de vue tout à fait superficiel», avance-t-il. En détail, le romancier veut valoriser ce qu’il y a de plus important dans la vie.

«La famille avant tout»
Dans ce sens, l’écrivain a renforcé ces traits pour rendre encore plus signifiants certains comportements et faire sauter des verrous : convoitise, cupidité, jalousie… et dépoussiérer un peu de fausses certitudes : la famille avant tout. «Mais il y a l’amour», tempère-t-il en même temps. Dans l’intrigue, le lecteur perçoit ces sentiments, notamment entre les deux protagonistes, Hakma et M’biriqua, dont il ne découvre les liens de parenté que vers la fin du roman. Chaque cousine vouant, en effet, un sentiment haineux à l’autre. D’autres personnages sont de cette fibre, mais à leur propre manière.

Zété, le magouilleur
Ce personnage, ouvrier de cueillette, est un magouilleur dans l’intrigue puisqu’il a semé la zizanie entre deux amants, Hassna et Rehoule. Tout le monde autour de Zété le poussait à lâcher la grenade et à entrer dans les rangs pour devenir un honnête homme. «Il savait qu’en se rangeant des voitures, il allait perdre cette intelligence», indique l’auteur en allusion à cette perspicacité. Une subtilité qu’il semble tirer de son travail dans la grenade. «Il n’en avait plus besoin, maintenant qu’il était arrivé à ses fins, qu’il avait obtenu la main de Sliwa, la plus belle fille du village et qu’on lui reconnaissait un statut important, le bras droit de Rehoule, le potentat dont tout un chacun cherchait les faveurs», explicite le romancier. A elle seule, Sliwa est une jeune fille douce dans l’oeuvre. Cependant, elle «demeure une solide gaillarde qui a du caractère, quelque chose qu’elle tient de Hakma, sa mère». Comme le précise l’auteur, elle s’était quelque peu faite à son bec-de-lièvre sauf quand les jeunes filles du douar se moquaient d’elle. Elle s’en consolait en ne les ratant pas à son tour, mais surtout parce que Zété l’aimait comme elle était, et sa mère ne se formalisait pas de cette malformation. Mais depuis que le personnage de Zahra lui avait parlé de l’opération, tout a changé. «Elle acceptait son sort tant qu’elle ne savait pas qu’il était possible de faire autrement. C’est l’espoir, la volonté…», enchaîne l’écrivain qui, par l’occasion, raconte une anecdote.

Qui est Sidi El Hadi Moul Raad?
«Un jour, je dînais chez des amis et mon voisin de table, feu Brahim Zniber qui venait d’équiper, de canons anti-grêle, ses fermes arboricoles de Meknès, nous avait raconté que les paysans l’ont surnommé Sidi Brahim Moul Raad. Les orages étaient redoutables dans la région alors il faisait sonner ses canons pour repousser la grêle», relate le romancier. D’après lui, Sidi El Hadi dont il est question dans le roman est un personnage de fiction, mais «l’emprunt est effectué à partir d’un fait bien réel».
A propos de ses projets, M. Tazi indique avoir préparé un roman dont le manuscrit est chez son éditeur. «Rabat dans les années soixante, soixante-dix, des artistes-peintres, des musiciens, et le narrateur, un jeune fonctionnaire qui arrondit ses fins de mois en exploitant une blanchisserie dernier cri pour laquelle il s’est fortement endetté. La jeune fille qui tient la boutique est atteinte d’une forme grave de diabète, mais ne sait pas dire non aux mendiants et aigrefins qui s’étaient passé le mot pour dépouiller la maison. La faillite n’était pas loin. Comment faire car la jeune fille fait des crises chaque fois qu’on l’empêche de donner aux pauvres, et puis il était amoureux de la maman et puis la jeune fille était devenue comme son propre enfant…», résume l’écrivain.

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