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L’art moderne marocain mis en lumière au Musée espagnol «Reina Sofía»

© D.R

Il accueille plus de 250 œuvres d’art des plus grands maîtres

Inédit ! le Musée espagnol d’art moderne et contemporain, connu sous le nom «Reina Sofía», situé à Madrid inaugure son programme 2021 avec une grande exposition consacrée à l’art moderne marocain. Baptisée «La trilogie marocaine 1950-2020», cette exposition est organisée en partenariat avec la Fondation nationale des musées et le ministère de la Culture et des Sports du gouvernement espagnol, en collaboration avec Mathaf (Musée arabe d’art moderne du Qatar). «Elle s’inscrit dans le domaine de la recherche décoloniale, l’un des axes centraux de la programmation du musée. Il s’agit d’une première tentative d’élargir le champ de ces analyses en tournant le regard sur la rive sud de la Méditerranée, berceau de la civilisation occidentale, et plus précisément sur le Maroc», peut-on lire sur le site du musée. En effet, «La trilogie marocaine 1950-2020» articule, selon la même source, un dialogue visuel qui reflète la production artistique à trois moments historiques de l’indépendance à nos jours. Elle le fait à travers une sélection importante d’œuvres d’art qui témoignent de la diversité des initiatives, de la vitalité du débat artistique et des échanges interdisciplinaires au Maroc.

Un parcours en trois périodes clés

Ladite exposition dirigée par Abdellah Karroum propose un récit des expériences artistiques au Maroc à partir du milieu du XXe siècle, en se concentrant particulièrement sur les trois centres urbains de Tétouan, Casablanca et Tanger. En effet, les œuvres exposées, produites entre 1950 et 2020, se combinent avec des documents d’archives pour illustrer une histoire d’une effervescence culturelle abondante. «L’exposition montre la diversité de l’expression artistique au Maroc moderne, mettant en évidence les chiffres clés de chaque période de la transition à l’indépendance (1950-1969) aux soi-disant les années de plomb «(1970-1999), puis à aujourd’hui (2000-2020)», explique-t-on.

La première période donne un aperçu sur la génération d’artistes issus de l’école de Casablanca et qui ont contribué à ouvrir l’art du pays à la modernité avec des projets alliant artisanat et formes artistiques innovantes, en l’occurrence Mohamed Melehi, Mohamed Chabâa, Farid Belkahia, Mohamed Hamidi, Mohamed Ataallah ou Mustapha Hafid. De même, elle présente de grands noms de la littérature marocaine les plus marqués lors de cette période à l’instar Mohamed Choukri ou Abdellatif Laâbi.

Quant à la seconde phase, elle donne à voir une époque à laquelle fut apparu un art non académique et non intellectualisé représenté par des hommes et des femmes autodidactes liés à un dynamisme artistique vivant, comme dans le cas de Chaïbia Talal et Fatima Hassan. La même phase illustre également une nouvelle tendance contemporaine qui a commencé à s’imposer sur la scène artistique marocaine à la fin des années 80. «Adoptant de nouvelles approches artistiques, il s’est cristallisé dans les années 1990 avec des artistes comme Mohamed El Baz, Mounir Fatmi et Yto Barrada», notent les organisateurs.

La dernière partie de l’exposition, qui couvre les années 2000 à 2020, présente, par ailleurs, le travail d’une génération de jeunes artistes qui ont rompu avec le passé sur les plans formel, technique, symbolique et politique de l’art. «Cette génération a fréquenté des lieux alternatifs où les artistes ont pris contact en marge des circuits conventionnels. Elle comprenait en outre un grand nombre de femmes artistes dont les œuvres suscitent souvent une réflexion critique sur l’identité féminine dans le contexte spécifique de la société marocaine».
Une fois de plus, l’exposition «La trilogie marocaine 1950-2020», présente une étude du patrimoine artistique du Maroc depuis la période post-indépendance et une analyse de sa production contemporaine. Un grand événement à ne pas manquer !

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