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Compétitivité, inclusion et résilience : Les nouveaux défis de l’agriculture marocaine

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Tout au long de ces deux dernières décennies, l’offre agricole a affiché une croissance soutenue. La fluctuation de la performance du secteur agricole a été atténuée. De même, le secteur a amélioré sa résilience aux aléas climatiques.

En dépit du saut qualitatif qu’elle a fait, l’agriculture marocaine continue de faire face à des défis de taille. L’enjeu étant, aujourd’hui, de mettre en œuvre un modèle de production davantage résilient, intégré et inclusif. Cette nouvelle donne tend en effet à consolider les acquis du secteur aussi bien en termes de productivité qu’en termes de performances. L’idée étant de capitaliser sur le progrès atteint tout au long de ces deux dernières décennies durant lesquelles le secteur a réussi une transformation profonde de ses modes de production, et ce grâce à la vision stratégique engagée entre 2008-2019. Des évolutions positives ont été observées durant ce cap renforçant ainsi le positionnement de l’activité agricole comme levier économique et social du Royaume.

Tout au long de ces deux dernières décennies, l’offre agricole a affiché une croissance soutenue. La fluctuation de la performance du secteur agricole a été atténuée. De même, le secteur a amélioré sa résilience aux aléas climatiques. Parallèlement à l’accroissement du poids des filières moins dépendantes des conditions climatiques dans la valeur ajoutée agricole, des actions structurantes ont été opérées dans le secteur au cours de la mise en œuvre du Plan Maroc Vert. Parmi les actions phares ayant été atteintes, on cite la réalisation de l’usage des ressources hydriques mobilisées. Ceci se matérialise par une forte augmentation des superficies sous irrigation localisée. Elles ont atteint à fin 2020 les 643.000 hectares contre 160.000 en 2007. La politique agricole s’est également adaptée aux systèmes de production agricole particulièrement sous son volet solidaire. Le Plan Maroc Vert a accordé une attention particulière au soutien à la petite agriculture. La stratégie a, à cet égard, dédié tout un pilier à l’agriculture solidaire. Des investissements de 14,29 milliards de dirhams ont été consacrés à ce volet, sur la période 2008-2020, profitant ainsi à 730.000 petits agriculteurs.

La stratégie «Al Jayl Al Akhdar» vient renforcer ces acquis tout en fixant des objectifs ambitieux pour la décennie 2020-2030. La nouvelle politique agricole place la donne climatique au cœur de ses dispositions. Une orientation qui tend en effet à consolider la performance des filières agricoles. La nouvelle stratégie vise également à renforcer l’intégration de l’amont agricole à son aval agro-industriel ainsi que la promotion de l’emploi en milieu rural, notamment pour les jeunes, et la contribution à l’émergence d’une nouvelle classe moyenne agricole. Les dispositions d’Al Jayl Al Akhdar se croisent dans leur ensemble avec les orientations du nouveau modèle de développement. Les recommandations émises dans ce sens portent, entre autres, sur la valorisation de la production agricole. Ceci passe par l’intégration intersectorielle, à travers des modèles d’agrégation et de partenariat innovants adaptés et adossés à un cadre d’incitation à l’investissement promouvant la modernisation de l’ensemble des maillons de la chaîne de valeur agroalimentaire, en l’occurrence les circuits de commercialisation et de distribution, la généralisation des normes qualité et de sécurité sanitaire ainsi que la promotion de la recherche et de l’innovation et l’intégration du secteur informel. La préservation des ressources hydriques figure également parmi les orientations dictées dans le cadre du nouveau modèle de développement.

Pour garantir le développement d’une agriculture moderne, socialement et écologiquement durable, le nouveau modèle de développement préconise la mise en place d’actions vigoureuses en termes d’élargissement de l’accès aux procédés de production innovants. Ces dernières devraient se baser sur l’agriculture de précision et l’incitation à l’usage rationnel de la ressource hydrique, en tenant en compte son coût et sa rareté. Dans le même sens, un soutien fort à l’agriculture solidaire devrait être consenti à travers des mesures favorisant l’intégration des acteurs concernés dans le marché, la consolidation de la productivité de leurs projets ainsi que la promotion de mécanismes de financement adaptés aux spécificités des écosystèmes agricoles dont ils relèvent. S’agissant de la gouvernance du secteur agroalimentaire, il est recommandé d’adopter une approche systémique et transverse axée sur une coordination stratégique et opérationnelle à l’échelle globale et territoriale.

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Durabilité : Vers des cultures plus résilientes aux aléas climatiques

La reconversion rapide de l’agriculture marocaine en faveur des cultures résilientes aux aléas climatiques et génératrices de forte valeur ajoutée figure également parmi les enjeux à relever pour renforcer la performance du secteur et l’adapter aux exigences du nouveau modèle de développement. A cet égard, le développement de l’agriculture marocaine devrait intégrer les contraintes de la durabilité. La finalité étant d’apporter des réponses de fond aux contraintes structurelles auxquelles fait face le secteur.

Pour ce faire, il est recommandé d’optimiser les ressources hydriques en privilégiant l’extension des surfaces irriguées aux cultures assurant la sécurité alimentaire nationale ainsi qu’en veillant à ce que les cultures exportatrices valorisent l’eau en tenant compte de son coût direct et indirect pour l’Etat et la collectivité. Il est également question de rationaliser la consommation énergétique agricole, en augmentant le taux de pénétration des énergies renouvelables dans le secteur agricole, moyennant l’extension de l’usage des techniques de l’énergie solaire dans le pompage de l’eau.

La conciliation entre productivité et durabilité pourra passer par différents leviers. Citons dans ce sens l’élargissement de l’accès aux procédés de production innovants qui permettent d’améliorer les rendements, à travers une agriculture de précision. L’idée étant également de soutenir le développement de l’agriculture familiale, de l’agriculture pluviale et du petit élevage extensif, en veillant à leur intégration dans les circuits de valorisation courts ainsi que de renforcer la production locale et l’accès aux intrants agricoles adaptés, notamment les semences climato-résilientes, la fertilisation intelligente et raisonnée, la préservation des variétés locales adaptées et les procédés phytosanitaires.

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