EconomieUne

Eau, énergie, sécurité alimentaire : Le dessalement de l’eau de mer, une alternative efficace

© D.R

Le Souverain a ordonné la mise en place d’un plan de dessalement. Ce dispositif permettra d’identifier les besoins futurs en énergies renouvelables. Ce qui facilitera à de nombreux opérateurs d’investir pour répondre au besoin de dessalement.

Le dessalement de l’eau de mer est l’un des points fondamentaux de réponse à la problématique de l’eau. En effet, la vision dédiée à l’eau fait de cette technologie un point focal, et ce compte tenu de son caractère moins onéreux. Le processus permet d’obtenir de l’eau douce à partir d’une eau saumâtre ou salée. Il s’agit d’une alternative efficace pour la mobilisation de l’eau potable et l’irrigation dans les milieux arides.
«Grâce au dessalement de l’eau de mer nous allons répondre au besoin de la plupart des villes côtières en eau potable.

Cette eau qui sera mobilisée va nous permettre de dégager des ressources importantes qui vont rester au niveau des barrages. Ces dernières vont être utiles pour pouvoir répondre au besoin de l’eau potable pour les villes intérieures ainsi que pour sécuriser un certain nombre de périmètres irrigués qui souffrent aujourd’hui du manque d’eau à l’instar des périmètres de Doukkala, Tadla et Tansift», explique dans ce sens Nizar Baraka. Et de souligner que «le dessalement, accompagné du transfert d’eau (entre 500 et 800 millions m3), va nous permettre d’assurer l’eau potable sur toutes ces régions mais aussi d’assurer entre 60 à 80% des besoins d’irrigation de ces zones».

Le ministre de l’équipement et de l’eau rappelle dans ce sens que le transfert de l’eau des zones les plus pluvieuses vers les zones qui en ont le plus besoin, notamment du périmètre de Sebou vers le bassin du Bouregrag pour aller vers celui de Oum Rabi, a été d’une orientation majeure lors de la dernière réunion de travail consacrée à l’eau. D’ailleurs, il a été procédé en décembre dernier à la mise en place de la tranche urgente pour le transfert de l’eau connectant ainsi le barrage de Sebou à celui de Mohammed Benabdellah. Ceci consiste au lancement de 67 kilomètres de canalisation avec une station de pompage pour pouvoir acheminer l’eau à temps. Le transfert sera opérationnel à partir du mois d’août.

1 milliard m3 dessalé à l’horizon 2030

Pour ce qui est du dessalement, toutes les actions sont encouragées pour repondre aux besoins des collectivités territoriales, notamment la conception de stations monoblocs de dessalement ou de déminéralisation de l’eau. Sur ce volet, le Maroc se fixe comme objectif de dépasser le 1 milliard m3 à l’horizon 2030. Un chiffre atteignable si l’on combine dessalement et énergie renouvelable. Il est à noter que le Souverain a ordonné la mise en place d’un plan de dessalement. Ce dispositif permettra d’identifier les besoins futurs en énergies renouvelables. Ce qui facilitera à de nombreux opérateurs d’investir pour répondre au besoin de dessalement.

L’expérience pionnière de l’ONEE

En termes de couplage entre dessalement et énergies renouvelables, une expérience pilote a été menée à Dakhla avec l’appui de l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE). «Il y a eu un travail excellent parce qu’on s’est basées sur l’énergie éolienne, ce qui nous a permis d’avoir un prix très bas au mètre cube estimé à 3 DH pour la production. C’est un modèle très positif. C’est pour cette raison que nous avons décidé de le généraliser sous Hautes instructions royales», précise le ministre. Du côté de l’ONEE, son directeur général Abderrahim El Hafidi a assuré : «L’enjeu des changements climatiques nous accule à être indépendants. Les Hautes instructions du Souverain étaient claires en matière d’introduction de plus en plus de nouvelles technologies dont le dessalement de l’eau de mer». Et de préciser que «le pas géant que le Maroc avait fait en matière des énergies renouvelables et les Hautes instructions du Souverain en matière de couplage des stations de dessalement avec les parcs éoliens et solaires nous ont poussés à monter en puissance en matière de capacité de production du mètre cube dessalé». Il est à noter que l’ONEE est le premier opérateur à avoir développé une station de dessalement au Maroc. Cela remonte à 1977. A ce jour, l’Office a développé 9 stations.

Dessalement et souveraineté alimentaire

Le projet de Dakhla s’étendant sur 5.000 hectares combinant dessalement et irrigation via des sources éoliennes et solaires a été salué par la communauté des agriculteurs. Rachid Benali, président de la confédération marocaine de l’agriculture et du développement rural (Comader), a qualifié ce partenariat public-privé «d’intelligent». Et de préciser que «toutes les cultures que l’on peut mettre au niveau de la côte peuvent être faites à base de dessalement. Dans ce cas, les agriculteurs ne vont payer que le prix réel». Cette approche pourra en effet rationnaliser la consommation du secteur agricole en matière d’eau et de renforcer le principe de la souveraineté alimentaire en offrant au consommateur un produit local à un prix adéquat.

Quid de l’hydrogène vert ?

La question de l’eau est pleinement intégrée dans les différentes offres du Maroc, notamment celle de l’hydrogène vert. D’ailleurs, le dessalement s’avère un moyen efficace pour stocker les énergies renouvelables. Sur ce point, la tutelle rassure que les territoires réservés au développement de l’hydrogène au niveau national sont suffisamment alimentés d’eau. Se référant à Nizar Baraka, l’hydrogène favorisera énormément la production d’énergie renouvelable, voire un surplus qui pourra aider des zones à réduire le coût de dessalement de l’eau. «C’est une opération qui ne pourrait être que positive pour le Maroc», exprime le ministre.

Verbatim

Salaheddine Kedmiri, PDG de Schiele Maroc

«Les stations de dessalement monoblocs sont une alternative différente des grandes stations. L’un des avantages qu’elles offrent est le temps. Nous avons développé 21 stations en moins d’un an du fait que l’occupation de terrain est facile. Nous avons pu obtenir des autorisations en moins d’une semaine. Autres avantages : le coût ainsi que la facilité de les coupler avec l’énergie solaire. La confiance qui nous a été accordée comme étant une expertise marocaine nous a permis de nous développer et de pouvoir aller vers d’autres expériences à l’export. Nous avons gagné aujourd’hui les premières stations dans des pays africains».

Omar Alaoui M’Hamdi, directeur général adjoint de Taqa Morocco

«Au sein de notre groupe, nous avons une capacité installée de 4,15 millions m3 que nous dessalons pour les Emirats Arabes Unis, ce qui équivaut au besoin de la population marocaine. On devrait capitaliser sur une expérience pareille car c’est un modèle qui a fait ses preuves au Moyen-Orient et dans ce cadre-là il peut être utilisé pour le dessalement du Maroc».

Articles similaires

EditorialUne

Pas de répit…

Le bilan des 30 premiers mois du mandat du gouvernement sorti des...

ActualitéUne

6ème concours marocain des produits du terroir : 7 prix d’excellence décernés

Sept prix d’excellence ont été décernés lors de cérémonie de remise des...

ActualitéUne

Le Groupe Crédit Agricole du Maroc lance son offre d’affacturage à travers sa filiale « CAM Factoring »

Le Groupe Crédit Agricole du Maroc (CAM) a lancé, jeudi à Meknès...