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La Mafia de la sardine

© D.R

Son prix double entre le marché de gros et le détaillant. Les intermédiaires et les négociants dictent leur loi

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Contrairement à l’idée reçue, le contrôle des prix n’est pas du ressort de l’ONP (Office national de la pêche) mais bel et bien des autorités locales et des communes dont relèvent les marchés locaux.

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Alors que les statistiques montrent que les prix du poisson au niveau des ports restent stables, les tarifs sur les marchés flambent. L’explication est toute simple. Les intermédiaires et les détaillants profitent de la période du mois sacré, où la demande sur le poisson est importante, pour maximiser souvent d’une manière exagérée les profits. Or et contrairement à l’idée reçue, le contrôle des prix n’est pas du ressort de l’ONP (Office national de la pêche) mais bel et bien des autorités locales et des communes dont relèvent les marchés locaux. Après vérification, il s’avère qu’en amont, des mesures ont été prises avant l’avènement du mois sacré pour garantir un approvisionnement suffisant des marchés en termes de poisson. Ainsi et pour répondre à la demande concernant la sardine, l’offre a augmenté de +41%. Et pourtant, l’analyse des tendances des prix des produits à l’étalage fait ressortir notamment la variabilité géographique des prix selon l’éloignement des zones de captures et surtout la hausse des prix au détail.

Celle-ci est due à la multiplication des intervenants dans la chaîne de commercialisation qui ne dépend nullement du secteur. De même, les prix peuvent varier significativement selon les quartiers et le type de clientèle. Selon Sabri Kamal, président de la Chambre de pêches maritimes du nord, les produits de la pêche transitent par trois étapes avant d’arriver chez le client final. «La première étape est celle des débarquements au port, puis arrive l’étape des marchés de gros alors que la dernière étape est celle du détaillant», dit-il. Et de poursuivre : «Prenons l’exemple de la sardine : les caissons de 25 kg sont négociés en gros à 200 DH, soit 8,5 DH le kilo. Or, les prix pratiquement chez les détaillants sont totalement déconnectés de cette réalité. Il faut revenir à certaines mesures anciennes comme lorsque le doyen ou «Lamine» des poissonniers fixe les prix minimums et maximums de vente». Même son de cloche chez Abdelkrim Fotat, armateur et président de la Confédération de la pêche côtière.

«Nous n’avons aucun impact sur le prix final proposé aux clients dans les marchés de proximité sachant que les prix que nous pratiquons au niveau des halles sont règlementés. A mon avis, il faut surveiller l’étape qui suit la vente au niveau des ports», explique-t-il. «Nous proposons que les prix de vente aux consommateurs soient réglementés également à travers la fixation d’une marge maximum de bénéfice à ne pas dépasser pour les mareyeurs et les détaillants notamment». Les professionnels sont ainsi unanimes à demander l’intervention des autorités locales et des communes pour lutter contre les pratiques visant à faire flamber les prix. Ces derniers sont fixés selon le bon vouloir de certains intermédiaires et détaillants qui n’hésitent pas à profiter de la forte demande sur certaines espèces pour augmenter les prix et faire payer notamment le kilo de la sardine au prix fort et ce malgré une offre abondante au niveau des marchés.

Exportations : Quel impact sur l’offre ?

L’export en poisson marocain est dominé par le poulpe et la conserve de sardine. Il faut préciser cependant que le poulpe est peu prisé par les consommateurs marocains malgré quelques essais de l’introduire sur le marché local ces dernières années. Ainsi, la demande locale sur cette espèce est très faible au Maroc alors qu’à l’export c’est un poisson très prisé. Concernant la sardine, la période de pic de sa production se situe entre juillet et décembre. Selon les professionnels, il est impossible au cours de cette période de destiner la production entière au marché local, incapable d’absorber toute l’offre estimée à plus de 1 million de tonnes. Aussi la production non distribuée sur le marché local est destinée à la conserve à l’export. Cette opération permet de créer des emplois directs et indirects et de drainer de la devise (20 milliards de dirhams).

Par ailleurs, certaines autres espèces de poisson que les Marocains consomment et que les consommateurs jugent chères ne sont pas du tout exportées. Par exemple, toute la crevette débarquée au Maroc n’est pas du tout exportée.

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Le poisson frais très prisé

Le Marocain est d’abord consommateur de poisson frais alors que la conserve et le surgelé restent faiblement prisés. Les professionnels affirment que le poisson est de plus en plus disponible sur le marché même si l’état des pêcheries est également à prendre en compte. En effet, dans le passé plusieurs pêcheries ont été victimes d’une surexploitation.  Mais depuis l’avènement des plans d’aménagement apportés dans le cadre de la stratégie Halieutis, certaines ressources se reconstituent et d’autres commencent à revenir graduellement. Parmi les pêcheries qui ont été surexploitées et qui reviennent petit à petit on peut citer le poisson pélagique (dominé par la sardine) et la crevette.

Le cas du port de Safi illustre parfaitement cette situation. Les débarquements dans ce port de Safi, très connu pour sa sardine de qualité supérieure, s’étaient arrêtés à cause de la disparition de la ressource de la région à cause d’une surexploitation. Depuis la mise en place du plan d’aménagement, l’instauration des repos biologiques et autres mesures de protection de la ressource, les débarquements sont de retour depuis 4 ans. Safi est ainsi redevenue un port leader en sardine et fournisseur du marché local.

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