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Lorsque les opportunités de travail sont limitées : Les femmes ont plus de difficultés à trouver un nouvel emploi

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Le taux d’activité des femmes ne cesse de reculer atteignant en 2020 son niveau le plus bas depuis 1999, soit 19,9% contre 21,5% en 2019. Celui des hommes a, pour sa part, affiché un léger recul de 0,6 point de pourcentage, passant de 70,7% en 2019 à 70,3% en 2020, argumente la même source.

Les inégalités de genre pénalisent le potentiel de croissance de l’économie. «L’utilisation de la main-d’œuvre (UMO) au Maroc n’a contribué que de manière marginale à l’accroissement du PIB par habitant, alors qu’elle explique une part importante du revenu par habitant des pays avancés. Au Maroc, l’analyse des composantes de l’utilisation de la main-d’œuvre fait état d’une contribution négative et contraignante de la baisse de l’activité des femmes à la croissance du PIB par habitant.

La crise engendrée par la pandémie de Covid-19 a amplifié cet impact, en raison de l’accentuation de la fragilité déjà bien existante de la situation des femmes marocaines sur le marché du travail», relève une étude récemment dévoilée par la Direction des études et de prévisions financières (DEPF) intitulée «Analyse genre de la contribution de l’utilisation de la main-d’œuvre à l’amélioration du niveau de vie : Analyse rétro et prospective à la lumière des recommandations du nouveau modèle de développement».

Ce document décrypte l’effet de la sous-utilisation de la main-d’œuvre féminine sur le niveau de vie au Maroc ainsi que la marge à gagner en misant sur la progression de l’insertion des femmes dans le marché du travail. Il prend en compte les recommandations émises dans le rapport du nouveau modèle de développement (NMD) qui appellent à l’autonomisation économique des femmes fixant une série de solutions pour y parvenir dont l’accroissement progressif du taux d’activité des femmes pour atteindre 45% à l’horizon 2035.

Une niche de croissance supplémentaire inexploitée

Il s’avère qu’il y a une contribution négative et contraignante des écarts de genre en termes d’accès à l’activité et à l’emploi à la croissance du PIB par habitant. Ainsi, le taux d’activité a été marqué par une tendance baissière entre 2010 et 2019, passant de 49,6% à 45,8%, contribuant ainsi négativement à l’accroissement du PIB par habitant s’élevant à -17,3% en 2017-2019 (contre -77% en 2014-2016). Cette évolution est imputable à «la contribution négative, décroissante d’ailleurs, de l’activité féminine, passant à hauteur de -52% en 2014-2016 à -56,8% en 2017-2019, contre une contribution de -26,1% et +39,3% respectivement pour l’activité des hommes».
Dans ce schéma, la crise de la Covid n’arrange pas les choses.

Elle a amplifié «cet impact négatif au regard de l’accentuation de la fragilité déjà bien existante de la situation de la femme sur le marché du travail», indique ladite analyse ajoutant que pour surmonter cet état de fait, des leviers d’action sont à identifier et à opérationnaliser à même de réussir la consolidation de la participation des femmes à l’activité économique qui constitue une niche de croissance supplémentaire. Car en effet, le taux d’activité des femmes ne cesse de reculer atteignant en 2020 son niveau le plus bas depuis 1999, soit 19,9% contre 21,5% en 2019. Celui des hommes a, pour sa part, affiché un léger recul de 0,6 point de pourcentage, passant de 70,7% en 2019 à 70,3% en 2020, argumente la même source.
Du côté du taux de chômage des femmes qui enregistre en moyenne un niveau supérieur à celui enregistré par les hommes, il est passé de 13,5% en 2019 à 16,2% en 2020.

Plus alarmant, les niveaux élevés du chômage des femmes en 2020 sont dus non seulement aux pertes d’emplois occasionnées par l’arrêt de l’activité économique lors de la période du confinement, mais également au maintien même lors de la reprise de l’activité de la situation de l’inactivité de près de 22% des femmes qui étaient actives avant le confinement, contre seulement 7% des hommes. «De ce fait, les femmes font face vraisemblablement à plus de difficultés à accéder à un nouvel emploi, en raison essentiellement du poids des normes sociales qui perpétuent l’idée que les hommes, en tant que chefs de famille, devraient avoir un accès privilégié à l’emploi lorsque les opportunités de travail sont limitées», soulignent les analystes de la DEPF.

L’amélioration du niveau de vie dépend de l’autonomisation économique des femmes

Le renforcement du taux d’insertion des femmes dans le marché du travail contribuerait à améliorer la qualité de vie au Maroc. «La concrétisation des objectifs et des cibles fixés par le nouveau modèle de développement (NMD) en matière de promotion de l’égalité de genre et de l’accès renforcé des femmes aux opportunités économiques pourrait, ainsi, contribuer à un gain en termes de croissance du PIB par habitant qui pourrait atteindre jusqu’à 5% par an entre 2022 et 2035», explique la même source.
Notons que le rapport du NMD a consacré une grande partie à l’autonomisation des femmes à travers un projet axé sur trois composantes, à savoir l’accessibilité des femmes aux opportunités économiques, le renforcement des capacités des femmes en matière de formation et d’éducation et la tolérance zéro à l’égard des violences faites aux femmes.

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