EconomieUne

Retard des pluies : 10 milliards de dirhams pour sauver le monde rural

© D.R

Le gouvernement y contribuera à hauteur de 1,2 MMDH

«La Mutuelle agricole marocaine d’assurances (MAMDA) va accélérer l’opération d’indemnisation des agriculteurs relevant des zones touchées et ce, d’une manière graduelle et selon la situation».

10 milliards de dirhams, telle est la valeur de l’enveloppe financière à mobiliser dans le cadre du programme exceptionnel de soutien du monde rural. Ce dispositif, lancé en exécution des Hautes orientations royales, vise en effet à atténuer les effets du retard des précipitations en attendant le retour des pluies en mars prochain et ce en vue de soutenir les cultures printanières. Une réunion de travail ministérielle a été tenue, récemment, sous la présidence d’Aziz Akhannouch, chef du gouvernement, pour discuter les dispositions de ce programme. «Le gouvernement consacrera 1,2 milliard de dirhams au profit des bénéficiaires de cette assurance qui sont affectés par la rareté des précipitations, soulignant que cette contribution couvrira près d’un tiers des terres cultivées», peut-on relever de M. Akhannouch. Le chef du gouvernement a également relevé que le Groupe Crédit Agricole soutiendra les personnes ayant contracté des crédits durant la saison agricole actuelle, en procédant au rééchelonnement de leurs dettes. Une mesure qui selon le chef du gouvernement est de nature à permettre aux personnes ayant perdu leurs cultures d’hiver de se rattraper pendant la saison printanière. Selon les dernières données formulées par la tutelle, le déficit pluviométrique a atteint au cours de cette année environ 67% comparé à une campagne normale et 64% comparé à l’année écoulée. Cette situation a impacté à la fois la végétation ainsi que les cultures céréalières et les pâturages pour se répercuter sur le bétail et les arbres fruitiers plantés dans le cadre du programme de l’agriculture solidaire.

Mohamed Sadiki énumère les axes

Intervenant autour de ce programme exceptionnel, Mohamed Sadiki, ministre de l’agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, passe en revue les principaux axes stratégiques définis dans ce cadre. Le ministre cite en premier le soutien direct aux agriculteurs et aux éleveurs. Sept domaines d’intervention ont été déterminés à ce niveau. Ils consistent à sauver le bétail en ce qui concerne les fourrages subventionnés (orge et fourrages composés), l’abreuvement du cheptel et le suivi de l’état de santé des moutons, chèvres, vaches et chameaux. Le ministre énumère, par ailleurs, le traitement du problème d’irrigation des arbres dans les zones bour, ainsi que le soutien et le renforcement des petits projets hydro-agricoles qui emploient de la main-d’œuvre. Pour ce qui est de l’assurance agricole, Mohamed Sadiki souligne que la superficie assurée actuellement atteint un million d’hectares pour 1 milliard de dirhams. «La Mutuelle agricole marocaine d’assurances (MAMDA) va accélérer l’opération d’indemnisation des agriculteurs relevant des zones touchées et ce, d’une manière graduelle et selon la situation», précise le ministre dans ce sens qui par la même occasion salue les efforts consentis par le groupe Crédit Agricole du Maroc.

Crédit Agricole du Maroc rééchelonne les crédits des agriculteurs

Crédit Agricole du Maroc, principal partenaire financier du secteur agricole, a doublé l’enveloppe de financement mobilisée au titre de cette année pour atteindre les 6 milliards de dirhams couvrant ainsi plusieurs programmes d’intervention. «Le Groupe Crédit Agricole, en tant qu’institution citoyenne, s’est mobilisé pour assurer la mise en œuvre du programme exceptionnel, lancé sur Hautes Instructions Royales, en allouant une enveloppe financière supplémentaire de 6 milliards de dirhams», confirme à cet égard Hanane Aajli, directrice du Pôle Accompagnement du développement agricole au sein du Groupe bancaire. Après avoir souligné que l’endettement des agriculteurs sera pris en charge à travers plusieurs opérations, dont le rééchelonnement des crédits, Mme Aajli a affirmé que les fonds mobilisés seront également alloués pour financer l’approvisionnement du marché national en orge, blé et d’autres produits. Elle a, par ailleurs, assuré que le Groupe Crédit Agricole poursuivra une politique de proximité, en approchant les agriculteurs pour leur expliquer ce programme, ses principes et ses objectifs. «Une telle démarche nous permettra, ainsi qu’aux agriculteurs, de surmonter cette situation délicate et d’atténuer les effets de la sécheresse sur le secteur agricole», indique la responsable.

La MAMDA passe à l’acte dès ce lundi

Du côté de la MAMDA, la mutuelle agricole contribuera à ce programme exceptionnel via l’accélération, à partir du 21 février courant, du rythme de l’expertise et la priorisation des zones touchées. Une confirmation faite par Mahmoud Oudrhiri, directeur général délégué de la MAMDA-MCMA, en marge de la réunion ministérielle. Il est à noter que l’Assurance multirisque climatique est régie par la convention conclue, en 2011, entre les ministères de l’agriculture et des finances et la MAMDA. Elle vise à couvrir les agriculteurs contre une multitude de risques agricoles, notamment la sécheresse, les inondations et les problématiques liées aux grandes cultures telles que les légumineuses, les céréales et les graines oléagineuses. «Depuis 2011, cette convention a permis le versement d’une indemnisation d’un montant de 3,8 milliards de dirhams», souligne M. Oudrhiri. Et d’expliquer que «les cotisations des agriculteurs ne dépassent pas 32 dirhams par hectare, alors qu’ils ont reçu, en moyenne, un montant de 406 dirhams durant cette période, ce qui confirme l’importance de cette convention». Au titre de l’année 2022, un million d’hectares a été souscrit. 80% de cette superficie est consacrée à 4 régions, à savoir Marrakech-Safi, Casablanca-Settat, Fès-Meknès et Rabat-Salé-Kénitra. De même, les deux tiers de ces souscriptions concernent les céréales, en l’occurrence le blé dur et le blé tendre.

Articles similaires