Le summum de l’aberration, c’est la situation paradoxale que connaissent les collectivités territoriales au Maroc qu’elles soient des communes, des régions ou même des préfectures et provinces.
Car d’un côté, et selon les chiffres les plus officiels de la Trésorerie générale du Royaume (TGR) arrêtés jusqu’à fin novembre 2020, les collectivités locales toutes réunies présentaient des comptes avec un niveau d’excédents vertigineux. Et de l’autre côté, beaucoup de ces communes connaissent des déficits d’infrastructures. Ainsi, à ce jour, le cumul des excédents budgétaires enregistrés chaque année par ces collectivités atteint le niveau de 46 milliards DH.
Certains pourraient y voir un motif de satisfaction. Mais la réalité est que cette situation excédentaire est plus un très mauvais signe. Quand une commune dégage un excédent budgétaire, cela veut dire tout simplement qu’elle n’a pas engagé les investissements qu’elle était censée engager et donc, in fine, que les projets qui étaient planifiés n’ont pas été réalisés au détriment, évidemment, de la population. Et cela est vérifiable sur le terrain.
A cela, il faut ajouter le fait que 46 milliards DH qui dorment dans les comptes spéciaux des collectivités territoriales, c’est aussi 46 milliards DH en moins pour l’économie tout entière. Car un tel volume aurait dû, en réalité, être injecté dans le circuit, via la commande publique, profitant ainsi aux entreprises, à l’investissement et à l’emploi. Et dire que de l’autre côté, l’Etat, un paradoxe de plus, s’apprête lui à lever des fonds aussi bien sur le marché intérieur qu’à l’international. Et si l’on commençait déjà par utiliser les ressources disponibles…