La perpétuité pour un drogué qui a tué sa mère

Matricide
La chambre criminelle près la Cour d’appel à Tanger a condamné à la perpétuité un jeune homme pour avoir sauvagement tué sa mère. Treize coups de couteau et un drame familial nourri par la drogue et la misère.

C’est une tension lourde qui s’installe dans la salle d’audience de la chambre criminelle près la Cour d’appel de Tanger, ce mardi 10 octobre. Les murmures de l’assistance cessent comme par magie lorsqu’un jeune homme, sans menottes, le visage fermé, fait son apparition. Devant lui, les trois magistrats de la Cour, le représentant du ministère public et le greffier. Derrière, il y a sans aucun doute des membres de sa famille, ses voisins et des curieux, tous venus assister au dénouement d’une tragédie qui, il y a quatre mois, avait bouleversé le quartier populaire de Mesnana ; celle d’un fils qui avait ôté la vie à sa propre mère, elle qui ne l’a pas abandonné lorsqu’il était derrière les barreaux et qui espérait toujours le sauver.
L’affaire remonte au samedi 31 mai 2025, au quartier Mesnana, à Tanger, lorsque les cris d’une femme ont déchiré le silence du matin. Des appels à l’aide ont été vite étouffés par le fracas des coups. Les voisins, pris de panique, n’ont pas tardé à prévenir la police. Quelques minutes plus tard, les limiers de la police judiciaire se sont rendus sur les lieux. Un triste spectacle se présentait à eux. Une femme de cinquante-deux ans, gisant dans une mare de sang, treize plaies profondes creusant son corps. À ses côtés, son fils, âgé de vingt-six ans, les yeux rouges, tremblant, hurlant des mots incohérents. L’arme du crime, un grand couteau, long de quarante-neuf centimètres, posé à quelques mètres. Le jeune homme, sorti de prison quelques semaines plus tôt, était un drogué, connu pour sa dépendance à L’bouffa, un dérivé bon marché de la cocaïne dilué avec du bicarbonate de soude ou de l’ammoniaque, et à la colle à dissolution. Lorsqu’il a vu les policiers, il a manifesté une résistance farouche et n’a été maîtrisé que difficilement. Mais enfin il a été immobilisé. Devant la Cour, le jeune homme semblait absent, les yeux vides. D’une voix basse, il a répété qu’il ne se souvenait de rien, qu’il avait consommé de «L’bouffa» et de la colle à dissolution et qu’il ne voulait pas la tuer tout en affirmant qu’il ne se souvient de rien. Evidemment cette amnésie «toxique» était loin de convaincre les trois magistrats aguerris. Les rapports médicaux, les témoignages et les traces d’une dispute violente avant le drame, tout indiquait qu’il avait agi en pleine conscience. C’est la raison pour laquelle le président de la Cour lui explique que rien ne justifie de tuer sa mère. Appelés à la barre pour présenter leurs témoignages, quatre de ses cinq frères et sœurs ont affirmé ne pas avoir été présents au moment du drame. Le cinquième, hésitant, s’est emmêlé dans ses déclarations, contredisant ce qu’il avait dit à la police. C’est pourquoi le président de la Cour lui a demandé pour quelle raison il a changé ses déclarations, veut-il protéger son frère, auteur de ce matricide !?
Lors de son réquisitoire, le représentant du ministère public était clair, précis. Il a qualifié son acte criminel d’une profanation et d’une attaque contre ce qu’il y a de plus sacré dans la vie d’un être humain, à savoir sa mère. Il a rappelé la cruauté des gestes, les treize coups de couteau et la tentative de mutilation du visage. Il a précisé, lors du réquisitoire, que ce fils a même fouillé la chambre de sa mère pour voler une somme d’argent. Jugé coupable pour homicide volontaire avec préméditation et guet-apens sur ascendant doublé de vol, il a été condamné à la prison à vie.