Tanger : 12 ans de réclusion pour un Allemand pédophilie et son complice marocain

Traite des êtres humains
Fin de parcours pour un Allemand et son complice marocain impliqués dans une affaire de traite d’enfants et abus sexuels sur mineurs, après le signalement courageux d’habitants de Gueznaia.

Dans la salle d’audience, à la chambre criminelle près la Cour d’appel de Tanger, l’atmosphère était tendue, ce mardi soir 23 septembre. Le président de la Cour et ses deux assesseurs se sont retirés, depuis quelques heures, pour délibérer sur une affaire qui a secoué, depuis le mois de juin dernier, la région de Gueznaia se situant à une dizaine de kilomètres au sud-ouest de la ville de Tanger. Il s’agit d’un Allemand et de son complice, un Marocain, qui ont été arrêtés pour leur implication dans une affaire de traite d’êtres humains, détournement de mineurs et attentat à la pudeur.
Cette affaire a éclaté le mercredi 25 juin 2025. Ce jour-là, des voisins vigilants, dont la méfiance avait été éveillée par les allées et venues d’enfants trop fréquentes vers une maison louée par un Allemand. Et celui qui accompagnait les enfants, âgés entre six et douze ans, n’était autre qu’un Marocain, quadragénaire. Ce mercredi donc, dès qu’ils ont remarqué le Marocain traînant derrière lui un enfant de six ans, ils l’ont encerclé et immobilisé jusqu’à l’arrivée des éléments de la gendarmerie royale. Ils l’ont arrêté puis interpellé l’Allemand qui a tenté de prendre la fuite à bord de sa voiture. Les investigations ont révélé que le ressortissant allemand louait ce domicile pour abuser sexuellement des enfants. Son complice marocain a, pour sa part, fait des aveux accablants. Il a reconnu avoir servi d’intermédiaire pour recruter des enfants des rues et les présenter à l’Allemand contre de modestes sommes, parfois à peine 100 dirhams. Il a précisé que les victimes repartaient avec des vêtements neufs et de petites sommes d’argent en poche. Les enquêteurs ont identifié trois autres enfants, victimes de l’Allemand. Auditionnés, ils ont raconté ce qu’ils ont subi.
Traduits tous les deux, vendredi 27 juin, devant le parquet général près la Cour d’appel de Tanger et ensuite devant le juge d’instruction, ils ont comparu, dans une dernière audience, mardi dernier, devant les magistrats de la chambre criminelle.
Les deux mis en cause ont tenté de se blanchir. Mais le rapport médical est venu confirmer les pires craintes. Les témoignages, recueillis avec précaution, étaient ceux d’enfants, âgés de 6 à 12 ans à peine. Des voix fragiles décrivant l’indicible. Le représentant du ministère public a pu construire un réquisitoire implacable, étayé par ces paroles d’enfants, par l’expertise médicale et par les propres aveux des accusés devant les enquêteurs. Quant à leurs avocats de la défense, ils ont réclamé leur acquittement en fondant leurs plaidoiries sur le fait que leurs clients ont nié devant la Cour les accusations.
Après des heures d’attente, la Cour a achevé les délibérations et pris place à la salle d’audience. Et la voix du président a retenti, claire et ferme, prononçant une sentence qui résonna comme un coup de tonnerre : 12 ans de réclusion criminelle pour chacun des deux mis en cause.