Suzanne Muskin : «Nous voulons instaurer la culture de médiation au sein des prisons»

ALM : En quoi consiste cette initiative ?
Suzanne Muskin : Cette campagne est menée avec l’appui de l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH) et en collaboration avec d’autres instances notamment les préfectures, l’Agence américaine pour le développement international (USAID) ainsi que les ambassades britannique et américaine. Elle rentre dans le cadre du projet «Création de cellules de médiation sociale et de promotion de l’esprit d’entrepreneuriat chez les jeunes» qui vise à inculquer aux jeunes la culture de la médiation comme méthode efficace pour la  résolution des conflits. Nos objectifs consistent à établir avec les jeunes un lien de confiance et de préparer le terrain pour l’ouverture des centres spécialisés en la matière.

Votre campagne cible actuellement la ville de Casablanca. Qu’en est-il de cette expérience ?
La campagne touche trois préfectures de Casablanca à savoir celles de Moulay Rachid, Sidi Bernoussi et Mers Sultan-El Fida. Le projet de Casablanca est financé par l’USAID, en collaboration avec la wilaya du Grand Casablanca. Nous envisageons pour ce premier trimestre de l’année 2009, la création de trois centres de médiation permanents, repartis sur lesdites préfectures.   

Quelles sont les villes qui bénéficieront du même programme?
Nous ciblons six autres villes. Nous avons entamé cette initiative à Tétouan. Dans le cadre d’un autre projet «MédiAction» soutenu par l’ambassade britannique de Rabat, nous projetons la création des cellules de médiation à Salé, Fès, Rabat, Meknès et Marrakech.

Quel est votre plan d’action pour l’avenir ?
Actuellement, nous préparons, en collaboration avec l’ambassade britannique et la Société nationale de la radio et télévision (SNRT) une série télévisée intitulée «L’équipe». Cette production traitera différents thèmes pour aider la société à transformer sa vision du conflit et à les gérer de manière constructive et pacifique. Nous travaillons aussi sur la neutralisation des stéréotypes à travers le procédé du photojournalisme. Nous collaborons dans ce cadre avec l’Institut supérieur de l’information et  la communication de Rabat (ISIC). Dans un premier temps, nous envisageons d’organiser des cycles de formation pour les étudiants de la troisième et la quatrième année de l’ISIC. Cette formation concernera par la suite des journalistes professionnels. Nous souhaitons pouvoir instaurer la culture de médiation aux seins des prisons. Nous étudions ce projet avec les administrations pénitentiaires. Nous espérons qu’il se réalisera prochainement.
 
Combien de jeunes ont pu bénéficier des cycles de formation ?
Ils sont au total 75 jeunes. Les sessions comprennent deux volets ; d’une part la médiation sociale et de l’autre l’esprit d’entrepreneuriat. Concernant le premier volet, il est composé de plusieurs modules concernant la compréhension et la pratique de la médiation, la médiation avancée ainsi que la résolution des conflits. L’esprit d’entrepreneuriat est axé quant à lui sur la gestion de projets, la recherche de crédits, et l’investissement au sein des petites entreprises.

Quelles sont les difficultés rencontrées lors de la réalisation de votre projet ?
A vrai dire, nous avions des défis que nous avons réussi à relever grâce aux soutiens des autorités et l’intérêt porté par les jeunes. Je suis très ravie de travailler avec une jeunesse engagée. Son soutien renforce notre durabilité.