Annan : Protéger l’ONU du terrorisme

Dans un discours empreint d’émotion devant le personnel de l’Onu à Genève et les familles des victimes, il a assuré qu’il « veillerait toujours à ce que les précautions les plus drastiques soient prises pour assurer la sécurité du personnel des Nations unies », afin d’éviter la répétition « d’une tragédie comme celle-la ». Il s’est cependant demandé comme l’Onu pouvait « mieux se protéger, sans pour autant compromettre l’accomplissement de (sa) mission ou trop perdre en efficacité ». « Nous nous efforçons sérieusement de trouver des réponses, et de remédier à nos propres insuffisances structurelles », a-t-il affirmé, dans une réponse implicite aux critiques contre l’Onu qui avaient suivi l’attentat. Le chef de la sécurité de l’Onu, Tun Myat, avait démissionné après qu’une commission d’experts indépendants eut mis au jour des insuffisances dans le système de sécurité du quartier-général de l’Onu à Bagdad.
Le 19 août 2003, le représentant de l’Onu en Irak, le Brésilien Sergio Vieira de Mello, 55 ans, avait été tué, ainsi que vingt et une autres personnes pour la plupart membres de l’Onu, dans un attentat au camion piégé qui avait partiellement détruit le siège de l’Onu à Bagdad. Depuis cet attentat, l’Onu a considérablement réduit son personnel en Irak. Sur une note plus personnelle, M. Annan a souligné « à quel point cette tragédie l’avait affecté ». « Elle m’a atteint jusqu’aux tréfonds de mon être », a-t-il dit.
« Nous venions de connaître une guerre (en Irak) dont je pensais sincèrement qu’elle aurait pu être évitée quand j’ai perdu vingt deux amis et collègues exceptionnels que j’avais envoyés en Irak pour qu’ils aident à (..) rétablir la stabilité et la paix », a-t-il rappelé. « J’ai constamment leurs visages à l’esprit. » « Le choc a été et reste très difficile à absorber », a poursuivi M. Annan, en présence d’environ 80 membres des familles des victimes et rescapés de l’attentat.
« J’espère de tout coeur que, tôt ou tard, les responsables auront à répondre de leurs actes, et que ce massacre délibéré ne restera pas impuni », a dit Kofi Annan. Le secrétaire général de l’ONU a noté que depuis l’attentat de Bagdad, « dix-sept autres casques bleus et collaborateurs civils de l’Onu étaient tombés, victimes d’actes d’hostilité, alors qu’ils travaillaient pour la paix ». « La douleur du traumatisme que nous avons subie n’est pas prête de passer. Mais notre foi dans la cause de la paix n’est en rien diminuée et notre détermination reste entière », a-t-il conclu, en appelant à une minute de silence. Dans la salle des assemblées du Palais des nations, dans une ambiance sombre et recueillie, parents et amis des victimes ont allumé des cierges qu’ils ont placés sur l’estrade, pendant que défilaient sur un écran géant les portraits des disparus.
Dans la soirée était prévu un hommage musical aux victimes de l’attentat, orchestré par le musicien brésilien Gilberto Gil, également ministre de la Culture du Brésil. Des cérémonies similaires ont eu lieu à Amman et à New York. Au siège de l’Onu à New York, la vice-secrétaire générale de l’Onu, Louise Frechette, a dévoilé une plaque portant les noms des vingt-deux victimes. Cette plaque, ainsi que le drapeau de l’Onu troué et déchiré par l’explosion, rapporté de Bagdad après l’attentat, seront exposés en permanence dans l’un des halls du bâtiment de l’Organisation.