Il est temps de mettre fin à la cyclicité spécifique qui marque les relations entre les Royaumes du Maroc et d’Espagne. Des deux côtés du détroit de Gibraltar, on est de plus en plus conscient de la nécessité de donner aux deux pays voisins la chance de pouvoir entretenir des relations normales s’inscrivant dans la régularité et la pérennité. Il n’est plus acceptable, si l’on veut construire une véritable coopération bénéfique aux deux pays, de continuer à avoir une relation dépendant de l’alternance démocratique qui s’opère en Espagne. Être amis et communicatifs sous les gouvernements socialistes et être dans l’adversité et la méfiance dès que la droite arrive au pouvoir.
Les intérêts en jeu entre les deux pays les obligent à œuvrer pour le changement de cette donne. Ils semblent en être convaincus. Le Maroc, de son côté, a fait ce qu’il peut. Sa politique de la main tendue vers l’Espagne est une réalité que nul ne peut nier. Dans tous les domaines qui intéressent ce pays, le Maroc fait preuve d’une volonté de coopération indéniable. Mais, là où il y a blocage, c’est du côté espagnol. La raison est simple : tant que le dossier « Maroc » continuera à être un sujet de politique intérieure en Espagne, ce pays ne pourra jamais instaurer une relation régulière avec le Royaume et ce quelle que soit la couleur politique du gouvernement espagnol. On a vu dernièrement à Marrakech, à l’occasion de la conférence internationale de l’IDC, comment la situation s’est inversée à Madrid transformant les amis en adversaires et les adversaires en amis. Dès que le parti socialiste a vu qu’il y avait un rapprochement du Parti populaire avec le parti du Premier ministre marocain, il a été le premier à exiger des explications au PP. La solution réside dans l’intégration des relations avec le Maroc dans le cadre des dossiers qui font l’objet de pactes politiques entre la majorité et l’opposition en Espagne. Le PP et le PSOE ont bien créé des pactes sur des thématiques d’Etat comme la lutte antiterroriste ou la situation au Pays basque ou même la politique de l’emploi, etc.
Ce genre de pactes permet d’exclure un dossier d’intérêt général du champ de la polémique politicienne. Le faire dans le cas des relations avec le Maroc serait une manière de dépasser les spéculations entre les deux principaux partis espagnols à chaque fois que des élections, nationales ou régionales, approchent dans ce pays.