24 heures

«Ils ont des yeux, mais ne voient pas»

Ceux qui ont encore des doutes sur le fait que le mouvement Al Adl Wal Ihssane a choisi le Hezbollah libanais comme modèle devraient jeter un coup d’œil sur les images de l’accueil réservé, la semaine dernière, à une douzaine de ses militants qui viennent d’être libérés après avoir purgé leurs peines dans une affaire d’assassinat. Quand on voit le déroulement de l’accueil réservé par le mouvement de Abdesalam Yassine à ses adeptes tant à leur sortie de prison à Fès que lors de la réception qui leur a été offerte à Rabat et Salé, on se rend compte de deux choses importantes. D’abord, au niveau de la mise en scène, les dirigeants d’Al Adl Wal Ihssane ont adopté le modèle du Hezbollah : photo géante sur la façade du siège du mouvement, photo de famille des détenus libérés seuls puis avec les dirigeants de la mouvance, colliers de fleurs, rassemblements tout au long du chemin menant au siège du mouvement avec des drapeaux verts frappés du nouveau logo de la mouvance intégriste, etc. Bref, le même scénario, les mêmes couleurs, les mêmes versets coraniques sur les banderoles, la même mise en scène que le Hezbollah a utilisée pour accueillir ses soldats lors des opérations d’échange de détenus. Sauf que le contexte n’est pas le même. Car, le Hezbollah accueillait des soldats qui avaient été faits prisonniers par l’armée israélienne alors qu’ils défendaient leur nation, le Liban, contre l’envahisseur israélien. Or, dans le cas d’Al Adl Wal Ihssane, il s’agit de détenus de droit commun, qui avaient été détenus puis condamnés par les tribunaux pour avoir tué un jeune étudiant à l’université. Certes, ils ont toujours clamé leur innocence, mais la justice, à qui revient le dernier mot, les a trouvés coupables. Pour l’opinion publique, ils resteront donc des ex-détenus de droit commun. Aussi, adapter le scénario de l’accueil aux prisonniers de guerre libérés au Liban à celui des détenus d’Al Adl Wal Ihssane a donné un film ridicule, une sorte de tragi-comédie qui ne vaut pas le déplacement. La deuxième remarque est plutôt un constat : le mouvement de Cheikh Yassine est un mouvement déboussolé qui a perdu tous ses repères. Le Maroc du nouveau règne a rendu caducs ses idées, son fonctionnement, ses revendications, sa communication, etc. Et c’est pour cela qu’il est en quête d’une nouvelle identité et d’une nouvelle utilité. Une quête de soi qui le rend fragile et facilement manipulable au point de pousser ses dirigeants à tenter d’en faire une imitation caricaturale du Hezbollah libanais. Une attitude ridicule. «Ils ont des cœurs, mais ne comprennent pas. Ils ont des yeux, mais ne voient pas. Ils ont des oreilles, mais n’entendent pas. Ceux-là sont comme les bestiaux, même plus égarés encore.», sourate Al Aâraf, verset 180.

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