24 heures

La France se mobilise

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«Ne pas céder au chantage !». C’est le mot d’ordre de l’ensemble de la classe politique française à moins de 48 heures de l’expiration de l’ultimatum du groupe islamique, lequel devait expirer aujourd’hui. La menace de l’Armée islamique en Irak d’exécuter les deux otages (comme elle l’a fait avec le journaliste italien, il y a quelques jours) si la France ne retirait pas la loi sur le port des signes religieux, a provoqué d’abord la surprise.
Etant le chef de file des antiguerre, le pays qui a barré la route de l’ONU à Bush, l’Hexagone a sans doute légèrement exagéré son immunité en se croyant à l’abri des nombreux groupuscules qui défient la première armée du monde en Irak. Une analyse aujourd’hui dépassée puisque la résistance irakienne, patriotique à ses débuts et baasiste dans certaines zones, a de plus en plus tendance à devenir islamiste et à s’internationaliser. La thèse américaine de la présence d’activistes religieux et de membres d’Al Qaïda dans la zone faisait sourire, il y a encore quelques mois, les services européens. Aujourd’hui, l’on est face à une évidence. La radicalisation des combats sur le terrain n’épargne plus personne, déclare Antoine Sfeir de la revue «Les cahiers du Moyen-Orient.
Dans une interview accordée dimanche au journal «Le Monde» ainsi qu’aux correspondants de plusieurs journaux étrangers, dont le «Washington Post», le «Sunday Times» et le «Corriere de la Serra», le Premier ministre irakien, Iyad Aalloui, repris par l’AFP, estime que « la France ne sera pas épargnée » par le terrorisme.
« Les gouvernements qui décident de rester sur la défensive seront les prochaines cibles des terroristes. Les attentats se produiront à Paris, à Nice, à Cannes ou à San Francisco », affirme-t-il. « Les Français, ainsi que tous les pays démocratiques, ne peuvent pas se contenter d’adopter une position passive. Les Américains, les Britanniques et les autres nations qui se battent en Irak ne se battent pas seulement pour protéger les Irakiens, ils se battent aussi pour protéger leur propre pays », souligne Iyad Allaoui. « Laissez-moi vous dire que les Français, malgré tout le bruit qu’ils font – ‘nous ne voulons pas la guerre’ – auront bientôt à combattre les terroristes », ajoute-t-il.
Passés les premiers moments d’effarement et l’appel solonnel à la libération des otages lancé dès dimanche par Jean Pierre Raffarin qui appelait à l’Unité nationale, puis par Jacques Chirac, suivis des dirigeants des principaux partis politiques, de la majorité et de l’opposition, en présence notamment des ministres Dominique de Villepin (Intérieur), Michèle Alliot-Marie (Défense) et Renaud Donnedieu de Vabres (Culture). la Diplomatie a pris le relais. Le ministre français des Affaires étrangères, Michel Barnier, est arrivé dimanche au Caire, en Egypte, première étape d’une tournée diplomatique au Proche-Orient. Dès sa descente d’avion, Michel Barnier a appelé à la libération des deux journalistes, parce que le «respect de la vie humaine est sacré». Par ailleurs, le secrétaire général du Quai d’Orsay, Hubert Colin de Verdière, s’est, lui, rendu directement à Bagdad.
Si la France entend tout faire pour aider à la libération des otages, il n’est pas toutefois question de céder aux ravisseurs. Interrogé lundi matin sur Canal Plus, le ministre délégué à l’Intérieur et porte-parole du gouvernement, Jean-François Copé, a affirmé que la loi sur la laïcité à l’école serait « appliquée » jeudi, « comme prévu », pour la rentrée scolaire. Quant à Fouad Alaoui, secrétaire général de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), pourtant adversaire déclaré de la loi lors de la phase de discussion en mars, il a été on ne peut plus clair : «Une loi votée devient la loi de la République». Beaucoup de musulmans de France disent craindre une quelconque amalgame entre cet acte « incompréhensible et l’Islam. Les différentes organisations entendaient d’ailleurs battre le pavé lors des différentes manifestations qui devaient se tenir hier en particulier devant le siège de RFI dont l’un des ravisseurs était pigiste. Des espoirs demeurent quand même déclare Jean François Copé. La ligue pour la défense des droits du peuple irakien affirmait, dimanche, être parvenue à établir le contact avec les ravisseurs. «Un accord de principe» aurait même été trouvé pour que les deux otages ne soient pas exécutés, déclare Mouzhard Al-Douleimi, président de la ligue dans les colonnes du quotidien «Le Monde». Le dignitaire dit avoir exhorté les ravisseurs à « ne pas nuire aux deux journalistes et à les libérer, en raison de la position honorable du gouvernement et du peuple français envers l’Irak ».

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