La presse écrite traverse une période difficile et pour survivre elle a besoin de s’inventer un nouveau modèle économique et recentrer son contenu éditorial sur l’analyse et la créativité, car elle cessera d’être un média de masse. La sentence émane de l’un des plus grands experts espagnols dans le domaine de «l’entreprise de communication». Alfonso Sanchez-Tabernero, qui est aussi enseignant à la Faculté de communication de l’Université de Navarre, vient de soulever un tollé dans les milieux de la presse écrite espagnole en affirmant que le modèle classique de la presse écrite n’était plus viable et que toute politique de subvention serait inutile. Cette affirmation au moment où la presse écrite espagnole traverse sa première crise depuis la transition et aspire à des aides publiques, a soulevé un grand débat. «La presse, qui durant le siècle dernier était un média de masse, va cesser de l’être. Les journaux comme les télévisions payantes devront réinventer leur négoce et penser comment rendre rentable un produit fait pour des personnes cultes, pas très jeunes, et d’un pouvoir d’achat très important», a-t-il indiqué lors d’une conférence à l’École des médias de La Voz, lundi dernier.
Parmi les pistes qu’il évoque comme moyen d’éviter la disparition de la presse écrite, un sort inévitable dans le cadre du modèle actuel, il évoque la possibilité de se convertir à l’information gratuite et de vendre le développement de l’information et son analyse à travers le Net. «Je pense que les journaux vont devoir donner des informations gratuites pour générer du trafic. Mais, si le lecteur veut disposer de ses archives, ses photographies exclusives, de graphiques financiers commentés par des spécialistes, s’il veut aller au-delà de l’information, il devra payer à travers les pages du média», explique M. Sanchez-Tabernero. Se voulant aussi rassurant, il a tenu à insister sur le fait que le marché de l’information reste très intéressant, mais qu’il a besoin de s’adapter. «Les gens s’intéressent de plus en plus à l’information et à la diversion. C’est un négoce fabuleux, mais il faut chercher le canal adéquat pour satisfaire la demande», a-t-il conclu.