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La résistance culturelle

Le déchaînement d’une violence aveugle qui a endeuillé notre pays au moment où était inauguré le festival Mawazine Rythmes du Monde, nous rappelle que le plus grand ennemi du terrorisme, et sa première cible souvent, c’est la culture, et le festival est une des manifestations les plus vives de la culture.
Quand la bêtise et l’intolérance sèment la mort, la pire des réponses est l’abdication.  Renoncer aux manifestations de la vie, des valeurs de tolérance et de liberté, c’est abandonner le terrain aux partisans de la mort, du fanatisme, et de la tyrannie. Les 350 artistes qui ont animé Mawazine l’ont bien compris en ne se désistant pas au lendemain du 16 mai et en résistant par leur présence aux forces obscures qui œuvrent à l’anéantissement de toute culture. Le public, toutes nationalités et toutes confessions confondues, l’a bien compris et persévéré en honorant par sa présence les hôtes et les acteurs de Mawazine.  Après Mawazine, d’autres festivals sont attendus, à Fès, à Essaouira, à Rabat encore et, nous l’espérons, à Casablanca.  Ce devoir de résistance culturelle, nous le devons à la mémoire de toutes les victimes de la violence, de toutes les violences, de Sarajevo à New York, de Casablanca ou de Ryad, à Karachi ou à Paris, à Alger comme à Jénine. Le Mot Mawazine est au pluriel; le «s» de Maroc-Cultures indique bien que si la nation est une, elle n’est forte et paisible que par la diversité des sensibilités humaines qui la composent. Il faut affirmer avec vigueur que tous les genres de l’expression culturelle, sont des prises de paroles et on sait le pouvoir thérapeutique de la parole, pour les individus comme pour les sociétés. Les prises de paroles culturelles nous concernent tous. Presse, radio, télévision, sites et portails Internet, enseignants et politiques, romanciers, peintres, chorégraphes, toutes et tous. à Maroc-Cultures, nous avons développé le concept d’Entr’Mawazine. Pour l’heure, les derniers jeudis des mois qui précèdent ont accueilli au nouveau Centre Culturel de l’Agdal, des récitals de musique classique.  Elargissons le concept aux Jeudis de la Culture; ni les genres ni les talents ne manqueront pour que vivent et se manifestent les œuvres de l’esprit et de la sensibilité. C’est cela que nous appelons résistance culturelle et c’est notre manière à nous de mettre de la lumière dans les zones d’ombre où rampent et prospèrent l’ignorance et les errances auxquelles elle expose notre jeunesse.  Que la nébuleuse du terrorisme ait frappé notre pays n’est pas, en soi, le plus inquiétant ; aucun pays n’est à l’abri du fléau; qu’elle ait recruté autant de candidats marocains au suicide nous alerte sur la nature du vrai problème; le désarroi d’une jeunesse rendue vulnérable par les carences d’un système éducatif qui n’a pas accordé toute son importance à la formation de la pensée critique et une dépolitisation de la vie estudiantine qui a abandonné l’espace universitaire au travail de sape mené par les intégristes. D’une certaine manière, l’intégrisme et le terroriste qu’il alimente, nous condamnent à la vertu. Ils condamnent le citoyen au civisme, le fonctionnaire à la probité, l’enseignant et le politicien au dévouement; ils nous condamnent tous à travailler par le débat d’idées, par l’expression et la promotion culturelles à reconstruire toujours ce Maroc tolérant et civilisé, notre Maroc.

Abdeljalil Lahjomri et Boubker Ben Omar

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