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La veuve Kelly accuse

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Le nom du Dr Kelly avait été publié dans les journaux le 10 juillet, une semaine avant son suicide apparent. Le scientifique était présenté comme la source d’un journaliste de la BBC, qui avait accusé le gouvernement du Premier ministre Tony Blair d’avoir « gonflé » le dossier sur l’armement irakien pour tenter de justifier une guerre. Témoignant pendant plus de deux heures et demi par lien vidéo dans l’enquête sur les circonstances de la mort de son époux, la veuve du scientifique a retracé la pression incroyable vécue par elle et son mari les dix derniers jours avant la mort du scientifique. Mme Kelly, 58 ans, a expliqué que son mari avait été effondré d’avoir découvert son nom et sa photo dans plusieurs journaux. « Il était consterné », a-t-elle souligné. « Il a dit plusieurs fois en prenant son café, au déjeuner ou à l’heure du thé, qu’il se sentait totalement abandonné et trahi », a déclaré Mme Kelly. Elle a raconté l’anxiété du Dr Kelly peu avant ses entretiens avec ses supérieurs au MoD. « Il s’inquiétait de savoir comment il allait arriver à s’en sortir avec les briefings du MoD », a-t-elle dit. Le 14 juillet, à son retour d’une telle réunion, Janice relève le manque de soutien de ses supérieurs. « J’étais inquiète du manque apparent de soutien » du ministère, a-t-elle regretté. Elle a également évoqué un article d’un journaliste du Times, Nick Rufford, qui met le Dr Kelly très en colère. « Il détestait l’injustice ». « A ce moment-là, il souffrait vraiment », a-t-elle ajouté. « Je ne l’avais jamais vu aussi malheureux (…). C’était un cauchemar. C’est la seule façon dont je peux décrire » la situation. Lors de ses auditions devant la commission des Affaires étrangères sur les conditions d’entrée en guerre contre l’Irak et la commission des Affaires de sécurité, les 15 et 16 juillet, David Kelly « semble très tendu, très mal à l’aise ». Il s’est senti « insulté » par le député Andrew MacKinlay, qui l’avait qualifié de « leurre », a souligné sa veuve. Il était dans « une position cauchemardesque ». Le 17 juillet, jour de sa mort, il semblait « fatigué et affaibli » mais « n’a jamais eu l’air déprimé », a-t-elle noté. Il s’était « renfermé sur lui-même mais je n’avais aucune idée de ce qu’il pourrait faire après », a raconté Janice Kelly. Le scientifique partira dans l’après-midi pour sa promenade habituelle et sera retrouvé mort le lendemain, les veines du poignet gauche entaillées. Ce témoignage est embarrassant pour le MoD, dont le ministre Geoff Hoon est déjà sur la sellette pour avoir livré le nom du Dr Kelly à la presse. La mort du scientifique a déclenché une véritable tempête politique en Grande-Bretagne, où l’opinion publique est en majorité persuadée d’avoir été trompée sur les raisons de la guerre en Irak par Tony Blair. Le Premier ministre est venu personnellement s’expliquer devant l’enquête du juge Brian Hutton et a reconnu son « entière responsabilité » dans la divulgation du nom du Dr Kelly aux commissions parlementaires mais pas au public. Le directeur de la communication de Tony Blair, Alastair Campbell, brocardé « spinmeister » par la presse et directement mis en cause par la BBC pour avoir manipulé le dossier irakien, a démissionné vendredi.

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