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Clandestins : Ce que pensent les opérateurs

© D.R

Le président de la section casablancaise de l’Association marocaine des transporteurs à l’international, Abdelaziz Lahlou, estime que derrière chaque remorque qui embarque au port de Casablanca, il y a une ou plusieurs tentatives d’immigration clandestine. «C’est un fléau que nous subissons depuis belle lurette et qui pénalise nos activités».
Sachant que plus de 87% du flux des conteneurs entre le Maroc et l’extérieur passent par le port de Casablanca, l’on devine aisément l’ampleur du phénomène. «Pour réduire l’incidence, nous avons signé un protocole d’accord avec la direction de la Sûreté à Aïn Sebaâ», déclare-t-il. L’AMTRI a ainsi mis à la disposition de cette instance six motos équipés pour escorter les camions depuis leurs lieux de chargement jusqu’au port. Une démarche que l’association souhaite généraliser dans les autres préfectures de la capitale économique. L’arrivée il y a trois mois d’un nouveau responsable à la Sûreté nationale, «un homme du terrain», selon M. Lahlou, suscite beaucoup d’espoirs chez les opérateurs. «Jusque-là, on a l’impression, poursuit-il, que les immigrés interpellés sont relâchés tout juste après»!
Du côté des armateurs, directement concernés par le fléau, l’heure est à l’inquiétude. «De nombreux ports européens comme Marseille imposent de lourdes pénalités (5 000 euros) quand des clandestins sont découverts dans un bateau», souligne le commandant Mohamed Karia, président d’IMTC.
Situation dénoncée aussi par Kabbaj Abdel Illah, président du MSC, qui invite tout de même au-delà de la responsabilité des uns et des autres, à s’intéresser aussi aux équipages. «Il y a des détecteurs, des caméras. Mais on ne peut nier l’existence des complicités dans les ports et à bord des navires. Par conséquent, les équipages doivent êtres sensibilisés davantage. Pour les armateurs, le calcul est simple. Ils n’ont aucun intérêt à favoriser l’immigration clandestine. Un bateau bloqué à Valence coûte des millions !».
Des pertes en temps, mais aussi des bris et détériorations de marchandises souvent imputés aux seuls transporteurs. «Même si l’assurance nous couvre jusqu’à concurrence d’une certaine valeur et pour certains sinistres, nous sommes quand même responsables», relève M. Lahlou. De son côté, l’ODEP est aussi juridiquement responsable dans une certaine mesure. «l’Office ne fait qu’encaisser, souligne un armateur, alors que son rôle est de veiller à la sécurité des marchandises qui transitent dans les ports».
Mais, face à la multitude d’intervenants, avec pour les halles au poisson, l’ONP, l’ODEP pour les infrastructures, il est difficile de situer les responsabilités. «Nous ne sommes pas l’autorité de surveillance», déclare-t-on de source autorisée. «L’ODEP a une mission spécifique, c’est lui qui s’occupe de la construction des infrastructures (par exemple le mur de 5 400 mètres, les caméras, l’équipement de la Douane en scanner)», renchérit Abdelnebi Chaouki de la Direction d’Exploitation des Ports.
A noter qu’au  niveau du port, il y a un district présidé par un caïd (dans les années 60, c’était un gouverneur), une antenne de la Gendarmerie maritime, un commissariat divisionnaire et bien évidemment la Douane. Sans parler des intervenants, dockers, agents et courtiers maritimes.
La  responsabilité des opérations à bord et sur le quai est partagée. La première relève des manutentionnaires et la seconde de l’ODEP. Ceci rend la coordination du travail plus complexe et réduit le potentiel d’amélioration de l’efficacité, déclare une récente étude commanditée par le ministère de l’Equipement et des Transports auprès d’un cabinet anglais. Ce diagnostic des ports marocains réalisé à la veille de la réforme portuaire survole la question de l’immigration clandestine pour s’interesser au monopole national de l’ODEP.  La situation explique «les pressions concurrentielles qui pilotent l’efficacité et les réductions de coûts sur les marchés libéralisés sont pour  l’essentiel absentes du secteur portuaire marocain. Une chose est sûre, l’entrée en vigueur du code ISPS n’a pas rendu les ports marocains plus sûrs, de l’avis des armateurs.

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