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Ninja, le tueur nocturne (3)

© D.R

Abdellah Kassimi, l’adolescent de quatorze ans, ne s’est plus quoi faire chez lui à Casablanca. C’est du moins ce qu’il pense. Il doit changer de lieu à la recherche d’autres horizons, d’autres fiefs lui permettant de fuir les insultes et les gifles d’un maître ou d’un tuteur, d’être libre, indépendant, responsable, loin de tous les contraints familiaux… Quelques sous à la poche, il voyage à El Jadida. Là aussi, les choses sembles très déréglées, perturbées, loin de ce qu’il a imaginé. Et son rêve de chercher ailleurs, le bon chemin vers un meilleur avenir, commence à s’évaporer. Et il reste à El Jadida, à se débrouiller, non pas pour gagner sa vie, mais pour survivre. Trois ans passent. Et il se retrouve dans le calvaire, comme un SDF, sans famille, sans avenir, sans rêve, il se trouve dans la misère, dans la famine, à la belle étoile… Abdellah retourne enfin à la capitale économique  en quête au moins de la chaleur familiale. Trois autres années plus ou moins obscures : si Abdellah travaille quelques temps, deux ou trois semaines, il chôme plusieurs mois qu’il passe à traîner et à crever la dalle…
Nous sommes en 1980. Abdellah est à son dix-neuvième printemps.
«Pourquoi tout le monde m’humilie, me sous estime ? Parce que mes parents sont pauvres ?Pourquoi me font-il peur ? Pourquoi je ne leur fais pas peur moi aussi ? Seule l’armée peut me rendre fort, courageux, puissant, respecté et apprécié par tout le monde puisque je défendrai ma patrie et mon drapeau national», pense-t-il jour et nuit.
Abdellah prend la décision finale : rejoindre les rangs de l’armée sera la solution convenable. Soldat, il est fier de porter la tunique d’un soldat, deuxième classe. Il retourne de temps en temps à son bidonville, pour rendre visite à ses parents. Tout le monde le respecte, lui adresse les salamalecs, lui serre la main et lui dit : «Âla Slamtek». Il ne croit ni ses yeux, ni ses oreilles.
Mais très vite, il dégoûte la vie de la caserne. Ce n’est pas la vie dure de l’armée qui le déplaît, ni les coups qu’il reçoit derrière lui. Ce sont les comportements de ses supérieurs : le manque de respect à tout… et pour tout. Un mauvais choix ? Non. Pour lui, défendre son pays est une bonne cause. Mais, il souhaite que les agissements d’un soldat soient au même niveau des objectifs nobles d’un soldat. Au fil du temps, il ne supporte plus ces mauvais agissements surtout envers lui, il se révolte, commence à faire des siennes, il se bagarre, crée des problèmes, s’attire la foudre des supérieurs et très vite se voit un beau matin, affecté au Sahara. Une mutation qui ne vaut rien pour lui. Car un soldat doit défendre son pays où il est. À El Hajeb, à Ben Guérir, à Laâyoune… De Tanger à Lagouira, toutes les villes sont sur le même pied d’égalité puisqu’elles appartiennent à notre Maroc qu’il défend corps et âme. Mais, il semble que le malheur le suit partout.
«Pourquoi le mauvais sort me met devant ce sergent», s’interroge-t-il. Nous sommes au troisième trimestre de 1982. Il y a sept mois qu’Abdellah a été muté au Sahara. À l’un des postes installés au désert, il monte la garde quand le sergent se tient devant lui. Il est 3 h 15 et il ne reste que quelques minutes pour qu’Abdellah termine sa longue garde et rentre pour dormir. Seulement, le sergent l’ordonne de continuer à monter la garde à son poste jusqu’à l’aube.
«J’ai terminé la durée de la garde et je dois dormir mon sergent», lui répond Abdellah sur un ton sérieux, alors que dans l’armée un soldat n’a le droit qu’obtempérer les ordres et non pas de les discuter. Abdellah est-il indiscipliné ? Non. Car, tout le monde est au courant du sale caractère du sergent. Un caractère qui rend les soldats hors d’eux et leur fait rage. Et ils gardent le silence sans protester, ni réagir. Au contraire, Abdellah ne peut plus supporter ces humiliations qui l’irritent.
Quand il a manifesté sa désobéissance, le sergent l’insulte, le provoque, le traite cruellement.  Enragé, Abdellah Kassimi serre bien son fusil et tire plusieurs coups.

 (Demain : Abdellah Kassimi tue-t-il le sergent ?)

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