Archives

Souvenirs de “Al-Tahrir” (19)

© D.R

•La lutte contre la dépravation : telle est notre mission : Comme je le disais, je publiai cet article explicatif dans le numéro du 5 décembre 1959. Le 8 du même mois, je publiais, dans le rubrique quotidienne Bonjour, le commentaire suivant, où il est question des attaques répétés dont al-Tahrir faisait l’objet :
“Apparemment non satisfaite d’avoir saisi, sur ordre des autorités responsables, deux numéros consécutifs (4 et 5 décembre) de al-Tahrir et soumis à l’interrogatoire les rares personnes qui avaient pu les lire, la police poursuit sans relâche sa campagne contre notre journal. Dans la province du Tafilalet, à titre d’exemple, les autorités répètent les saisies, comme s’il était agi d’un jugement définitif et irrécusable. Nous apprenons par ailleurs que, dans certaines villes, la police persécute les dépositaires et vendeurs du journal, les interrogeant sur les numéros qu’ils reçoivent ainsi que sur les ventes quotidiennes. Nous ne pouvons que nous interroger à notre tour sur les raisons de cette campagne policière acharnée contre al-Tahrir.
La police étant un des appareils importants de l’Etat, son hostilité envers al-Tahrir signifie, en effet, que l’Etat, par le biais de l’un de ses organes, mène une guerre contre ce journal.
Une guerre dont nous sommes d’ailleurs loin de nous étonner, car nous savons que la dépravation habite l’Etat, ses appareils et ses administrations. Or, depuis le premier jour où nous fîmes paraître ce journal, nous nous étions engagés à en faire une arme destinée à faire changer cette situation, en usant de tous les moyens permis par le code de la presse. Si la presse a une mission, celle-ci doit être, dans un pays comme le nôtre, de lutter contre ces tares. Ni la guerre que la police mène contre nous, ni ses écoutes téléphoniques, ses surveillances des locaux du journal et de son imprimerie, ni ses multiples saisies, arrestations et autres provocations, ne réussiront à nous faire baisser les bras. Notre mission étant de combattre la corruption et la dépravation, nous n’aurons de cesse tant que nous ne les aurons éradiquées.
En nous déclarant la guerre, la police nous confirme que nous sommes sur la bonne voie, que notre action est en harmonie avec les revendications des masses populaires que la dépravation et la corruption écrasent et étouffent.”
C’est ainsi que nous crûmes clore ce dossier. Nous signalâmes néanmoins, en éditorial, notre intention d’entreprendre une action en justice contre les saisies injustifiées dont notre journal faisait l’objet, et les dommages qui en résultaient. Mais les responsables, qui avaient déjà décidé d’ouvrir le dossier de l’UNFP,multiplièrent les saisies du journal, saisies intervenant après -et souvent même avant- la parution.
Vint enfin le jour fatidique du 15 décembre 1959, jour où la police, cernant la maison de Baçri durant toute la matinée, finit par l’interpeller dans l’après-midi. Quant à Abderrahmane Youssoufi, il était, comme à son habitude, au siège du journal, quand trois éléments de la police se présentèrent, l’informant qu’ils avaient ordre de l’arrêter. Il les suivit, nous laissant occupés à préparer le numéro suivant du journal. La maquette sera cependant celle de al-Raï al-Am, car nous étions au fait du sort que les responsables réservaient à al-Tahrir. En effat, et avant même que le premier numéro de al-Raï al-Am parût, la police vint nous informer de l’interdiction de al-Tahrir. Quelques heures plus tard, les vendeurs de journaux circulaient dans les rues de Casablanca, puis de la capitale, criant : “Lisez al-Raï al-Am, le nouveau al-Tahrir!” En première page, on pouvait lire, dans un médaillon placé en haut à gauche : “Nous avons appris, alors que le journal était sous presse, que notre confrère al-Tahrir venait d’être informé par la police de la décision administrative de saisie -jusqu’à nouvel ordre- de ses numéros.”
Al-Raï al-Am poursuivra la mission. C’est ainsi qu’il publiera un communiqué informant de l’arrestation de Baçri et Youssoufi, et dénonçant cette décision arbitraire destinée à “creuser une brèche dans la solidarité existant entre le Roi et les Forces populaires”. Cet article sera flanqué d’un autre, au même sujet, publié par l’Association de la résistance et de l’Armée de Libération, dénonçant l’arrestation des deux leaders, ainsi que la “tendance de certains éléments corrompus à toujours se cantonner derrière le nom de Sa Majesté le Roi”.
Le numéro était daté du 16 décembre 1959.

• Par Mohammed Abed al-Jabri

Articles similaires

ArchivesUne

Office des changes : Les transferts des MRE avoisinent 66 MMDH à fin juillet

Les transferts de fonds effectués par les Marocains résidant à l’étranger (MRE)...

ArchivesUne

Après les listes A et B, le Maroc ajoute une liste C

Elle comprend les pays dont les voyageurs en provenance sont interdits d’accès...

ArchivesUne

Renault dévoile son nouveau plan «Renaulution»

Le Maroc retenu parmi les sites stratégiques à l’international

ArchivesUne

Aujourd’hui le nombre de cas confirmés, 1.217, est le plus bas depuis le 2 septembre

Entre hier à 18H00 et aujourd’hui à 18H00 1.217 nouveaux cas soit...