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«Une pure fiction»

ALM : Comment expliquez-vous cette polémique autour du film?
Noufissa Sbaï : Nous avons tourné pendant trois mois dans la région. Personne n’ignorait ce que nous étions en train de faire. Il y avait une ambiance incroyable, des relations fortes, des échanges, des fous-rires. Narjiss avait promis de revenir après le tournage. Pour continuer le débat. Pour remercier les femmes de la région aussi. Le film devait être un prétexte pour créer une réflexion, pour permettre à ces femmes de faire connaître leur situation. Le film a été salué partout et compris partout comme un hommage à ces femmes. Il a reçu 17 prix… Et à Tizi, il aurait été perçu au premier degré ? C’est une fiction basée, certes, sur des réalités, mais ce n’est pas un documentaire. Ces femmes ont été manipulées et cela me révolte !
Manipulées, mais par qui et pourquoi ?
C’est une affaire politique. Il y a eu des élections au mois de septembre. Et le président en place a perdu la campagne. Nous avons fait travailler des jeunes du pays dans la régie. Ils ont fait un travail formidable.Ce sont des gens du pays courageux, volontaires et responsables, ils ont été choisis librement avec l’aval de leurs concitoyens.
Pourtant, les représentants du mouvement berbère se sentent également humiliés par l’utilisation différenciée des langues…
Noufissa Sbaï semble tomber des nues.)
Enfin ! il faut rappeler que ma fille a dû se battre pour pouvoir tourner ce film en langue berbère ? Il y a eu des pressions pour qu’elle renonce à cette idée. Ce film est une reconnaissance de l’identité plurielle du pays. C’est aussi une dénonciation de ce qu’endurent ces femmes, de leur pauvreté. La grande idée de Narjiss, ça a toujours été de créer des passerelles. Entre les Arabes et les Berbères, entre les hommes et les femmes, entre la ville et la campagne, entre les politiques et le peuple, entre des modes de vie archaïque et moderne. Le film parle de ça ! À la fin, le personnage de la mère dit: «Dis aux grands de ce pays de reconstruire le pont, même si on ne voyage pas. Qu’ils sachent qu’on existe». Je crois que c’est suffisamment clair…
Pourquoi avoir choisi Tizi ?
Je ne suis pas arrivée par hasard dans cette région. J’ai été consultante en développement pendant des années. Nous voulions donner la possibilité aux femmes de sortir de leur enclavement et de leur marginalité, que ce soit la prostitution, la mendicité ou la délinquance. J’aimerais rappeler à ceux qui l’ignorent que j’ai contribué à la construction de la maternité d’Aghbala et de la coopérative de tissage de Tizi. Pendant la période du tournage, j’ai également mis à la disposition de l’Association des handicapés d’Aghbala un équipement informatique, les équipements de la cantine ont été donnés à l’Association des jeunes ainsi qu’un soutien financier à l’Association des agriculteurs de la région, etc. Et tout ceci en présence des concernés, de l’autorité locale, des élus locaux dont l’ancien président de la commune d’Aghbala, monsieur Ahmed Mellouki.
Que répondez-vous aux femmes qui affirment qu’elles ne savaient pas dans quoi elles jouaient ?
Elles ne savaient pas ? Quand le personnage de la mère part au village pour acheter des métiers à tisser, une des figurantes lui lance sa bourse en disant : «Tu es trop vieille pour faire ça».
Cette scène a pris une journée de tournage et vous pensez que Narjiss n’a pas expliqué les intentions de jeux ? Quand une autre figurante explique à l’homme qui n’a pas compris le berbère : «Il faut cacher les métiers à la vue des hommes, sinon ils ne voudront plus de nous». Le message me paraît clair… Narjiss voulait réaliser un documentaire sur la vie de ces femmes. Elles lui ont dit qu’elles préféraient une histoire pour parler de leur vie, sans pour autant se confier directement à une caméra. Il n’y a pas eu de trahison.

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