Economie

Armement : La France en quête de succès dans le Golfe

La France, qui entend faire fructifier d’étroites relations diplomatiques avec les richissimes monarchies pétrolières du Golfe, est en quête de nouveaux succès commerciaux pour son industrie de la défense dans cette région, premier importateur mondial d’armement. Dernière personnalité en date à faire le voyage, le ministre de la Défense Hervé Morin a succédé ce week-end en Arabie Saoudite à l’influent secrétaire général de l’Elysée Claude Guéant, venu une semaine plus tôt préparer une visite officielle du président Nicolas Sarkozy prévue à la mi-janvier.  M. Morin a annoncé à cette occasion les visites dans le royaume, d’ici à la fin de l’année, de la ministre de l’Intérieur Michèle Alliot-Marie et du chef de la diplomatie Bernard Kouchner. Après l’Arabie, M. Morin effectuait lundi une visite d’une journée à Abou Dhabi, capitale des Emirats arabes unis, autre gros client de l’industrie française d’armement.
Dans une région qui a connu trois guerres au cours du dernier quart de siècle, les dirigeants des dynasties sunnites du Golfe craignent un quatrième conflit avec la montée en puissance de l’Iran chiite et la crise provoquée par son programme nucléaire, que les pays occidentaux soupçonnent d’avoir des objectifs militaires. Dépourvus d’une industrie de la défense, mais forts des revenus du pétrole, les six monarchies arabes du Golfe, qui détiennent la moitié des réserves connues de brut dans le monde, représentent un véritable eldorado pour l’industrie de l’armement.
Sur les trente dernières années, l’Arabie Saoudite a été le premier client de la France dans ce secteur avec, en moyenne, 1,5 milliard d’euros de commandes annuelles.
Une société, la SOFRESA, a d’ailleurs été créée tout spécialement en 1974 pour négocier les contrats d’Etat à Etat avec le ministère saoudien de la Défense. Le dernier contrat d’envergure avec Ryad remonte cependant à 1997 et la vente d’une frégate Lafayette. Depuis, les commandes saoudiennes ont enregistré un net fléchissement, alors qu’Américains et Britanniques continuent de dominer le marché et que les Russes commencent à tirer leur épingle du jeu. «Depuis 7 à 8 ans, les parts de marché de l’industrie française de l’armement ont faibli dans un contexte pourtant porteur, puisque le monde entier se réarme, à l’exception du continent européen», a observé M. Morin devant la communauté française de Djeddah (ouest de l’Arabie Saoudite). Le ministre, qui ne dédaigne pas de se présenter en «VRP de l’industrie de défense française», a rappelé que celle-ci représentait «250.000 emplois en France» où, selon lui, «un effort colossal a été consenti pour en faire la pointe du diamant de l’industrie du pays».
M. Morin a donc tenté de convaincre ses interlocuteurs, à Djeddah comme à Abou Dhabi, des qualités des programmes d’armement français. En Arabie Saoudite, les discussions ont porté sur la vente d’avions ravitailleurs dérivés de l’Airbus A330, de frégates et d’hélicoptères, ainsi que de deux satellites d’observation qui seraient partagés avec les Emirats arabes unis et le Qatar. Samedi soir, après une rencontre avec le roi Abdallah, M. Morin affirmait nourrir "de très beaux espoirs" de parvenir à conclure plusieurs de ces contrats. Mais la compétition est féroce. L’armée de l’air saoudienne, restée fidèle à son fournisseur britannique, vient ainsi de signer un méga-contrat pour l’acquisition de 72 exemplaires de l’avion de chasse Eurofighter, le préférant au Rafale de Dassault, que la France n’a pas encore réussi à vendre à un seul pays étranger. Il est vrai que la France ne se bat pas à armes égales sur ce marché saoudien, où les Français ne sont que 4.000, contre 40.000 Américains et 30.000 Britanniques. Le rapport de force est encore plus inégal sur le plan militaire, puisque plusieurs centaines de militaires américains et une centaine de britanniques sont présents dans le pays.

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