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Croissance : Le warning de la Banque mondiale

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Elle a évoqué la vulnérabilité de la trajectoire de développement actuelle dans son rapport semestriel de suivi

La capacité du Maroc à générer une croissance plus forte, durable et solidaire inquiète la Banque mondiale (BM). C’est ce qui ressort de son dernier rapport semestriel de suivi de la situation économique dans la région Mena. «Au-delà de la stabilité macroéconomique, le principal défi économique du Maroc à moyen terme est essentiellement lié à sa capacité à générer une croissance plus forte, durable et solidaire. Ce qui soulève des questions quant à la vulnérabilité et à la durabilité de la trajectoire de développement actuelle du pays», lit-on dans ce rapport. Plus loin encore, l’institution financière internationale explique qu’avec un taux d’investissement supérieur à 30% du PIB depuis 2008, le modèle économique marocain fondé sur la demande intérieure risque de s’essouffler sans une augmentation significative des retombées de l’investissement et de la productivité.

«Ces deux dernières décennies, la croissance a essentiellement reposé sur l’accumulation de capital public, parfois dans le cadre d’opérations conjointes regroupant des IDE et des entreprises d’État, qu’il sera difficile de maintenir si les gains de productivité totale des facteurs (PTF) n’augmentent pas», ajoute la même source. Pour celle-ci, il faudra redoubler d’efforts pour améliorer le climat des affaires et renforcer la compétitivité de l’économie, notamment par des politiques commerciales et de concurrence.

Si ces conditions sont réunies, la croissance de l’économie non agricole pourrait s’accélérer d’environ 5 % à moyen terme. La BM se fait encore plus pessimiste concernant les disparités territoriales en dépit des réalisations et des acquis relativement importants. «L’évolution du niveau de vie entre les 12 régions indique une convergence, quoiqu’à un rythme asymétrique. Ce processus est loin d’être achevé : en supposant un taux de convergence annuel de 4 %, il faudra 24 ans pour que les disparités régionales initiales soient réduites de moitié. D’où la nécessité d’accroître les fruits de la croissance découlant du modèle de régionalisme avancé». Par ailleurs et s’agissant des indicateurs macroéconomiques, l’Institution explique que «la croissance économique du Maroc reste atone en 2018 malgré la hausse inattendue de la production céréalière. La croissance du PIB a ralenti, passant de 3,5% au premier trimestre 2017 à 3,2% au premier trimestre 2018».

Les responsables de la Banque mondiale indiquent en ce qui concerne la demande que «la croissance a été principalement soutenue par la consommation privée et l’investissement. L’inflation a augmenté, mais il est restée inférieure à 2%, grâce à la poursuite d’une politique monétaire prudente».

Du côté des indicateurs sur l’emploi, la BM explique que le taux de chômage est tombé à 9,1 % au deuxième trimestre 2018, mais il reste élevé chez les jeunes citadins (23,1%) et les jeunes instruits (16,5%).

La réduction du déficit au ralenti

Dans un autre registre, l’institution pointe du doigt le ralentissement de la réduction du déficit budgétaire par rapport à l’objectif indicatif énoncé dans la loi de Finances de 2018. Le déficit budgétaire au premier semestre 2018 est estimé à 3,3% du PIB alors que l’objectif indicatif était de 3%. «Le déficit courant s’est légèrement creusé pour atteindre près de 4,3% du PIB, malgré le redressement des résultats à l’exportation. Les chiffres provisoires du premier semestre 2018 indiquent que les importations ont sensiblement augmenté (10,2 %), principalement grâce à la hausse des prix de l’énergie. La hausse des importations a occulté la vigoureuse reprise des exportations, liée aux bons résultats des secteurs de l’automobile et des phosphates (+19,2 et +16,7%, respectivement)», poursuit la même source. Et de conclure : «Le déficit commercial continue de se creuser (+ 3,7%), sous l’effet de la faible compétitivité des exportations et de la hausse des prix de l’énergie importée. Les recettes touristiques et les envois de fonds restent élevés, augmentant respectivement de 15,2 et 8,6%, tandis que les flux nets d’IDE ont diminué de 29,7 %». A noter enfin que la Banque mondiale annonce que les réserves nettes de change se sont élevées à 227,6 milliards de dirhams, soit l’équivalent de 5,3 mois d’importations de biens et de services.

S’agissant des perspectives, la BM s’attend à ce que le déficit courant s’améliore pour atteindre 4% du PIB en 2019, sous l’effet de la croissance soutenue des exportations, des recettes touristiques et des envois de fonds, qui compenseront l’augmentation des importations énergétiques. De leur côté, les besoins de financement extérieur resteront modérément préoccupants, compte tenu de la dette extérieure relativement faible (31 % du PIB fin 2016) et de la cote de crédit de qualité élevée du Maroc sur les marchés internationaux, qui contribueront à protéger le pays de l’instabilité des marchés émergents comme la Turquie et l’Argentine.

Enfin, le déficit budgétaire devrait se réduire pour atteindre l’objectif de 3% du PIB en 2019-2021.

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