Economie

Des voyagistes bradent le Maroc

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L’opération «Les 1 ères minutes de Marmara» a permis à Etapes nouvelles d’écouler 20 000 forfaits en ventes à 99 euros hors taxes, en un temps record de 10 jours. Au delà du succès commercial enregistré par ce solde, montée  suivant la formule «mieux vaut un siège rempli qu’un siège vide», cette offre qui concernait le Maroc a soulevé une grande émotion en France.
Le puissant syndicat des agents de voyages, le SNAV, est monté au créneau, condamnant la vente d’une semaine à Marrakech à 89 euros, transport et hébergement inclus. Ainsi Francis Legros, l’un des responsables de cette structure française, a déclaré dans le site Internet de Tour Mag, que «vendre le Maroc à 89 euros est irresponsable et dangereux à double titre», d’autant que, poursuit-il,  ces opérations interviennent à l’heure où l’on parle du tourisme durable.
Au Maroc, les avis sont nombreux et pas toujours les mêmes. «Si le commerce est libre, la concurrence doit être loyale. On n’a pas le droit de vendre Florence, Istanbul, Venise et Marrakech à 99 euros», s’exclame Saïd Scally, président du CRT d’Agadir. «Le Maroc est grand, avec des destinations diversifiées, ces opérations peuvent être menées dans certaines villes, mais pas à Marrakech où la semaine est vendue en Europe à une moyenne de 500 euros!»
Pour Ali Chaoui de Royal Tour, TO marocain installé à l’étranger,  cette opération sape l’image de la destination Maroc. «Mais, explique-t-il, ce n’est pas la faute à ces opérateurs, mais plutôt aux compagnies aériennes qui leurs donnent plus de sièges qu’ils n’en ont besoin ». L’allusion à la filiale de la RAM, Atlas Blue, dont la plupart des sièges sont bloqués par le TO mis en cause dans cette opération est évidente. «Il est important de savoir, poursuit M. Chaoui, si ces opérateurs  qui sapent ainsi l’image du Maroc sont des TO, des compagnies aériennes ou des broker de sièges d’avions. S’il s’agit de TO, comment accepteraient-ils de casser le siège où ils sont assis ? Si ce sont des compagnies aériennes, qu’ils se mettent à la place d’Atlas Blue. Et si ce sont des brokers de sièges d’avions, qu’ils fassent ce qu’ils veulent!». Chez Fram Maroc aussi, la position est tranchée. «Je trouve que c’est un manqe total de respect par rapport au Maroc. On ne doit pas vendre à de tels prix vu les niveaux de prestations existants dans le royaume», déclare Jean Jacques Bouchet. A l’avenir, poursuit-il, «cela risque de destabiliser le marché émetteur. Les touristes français qui comme tous les clients recherchent le meilleur prix risquent de ne voyager qu’en période de promotion». Face à ces critiques, le TO Etapes nouvelles est plutôt sur la défensive. «Nous serons plus pédagogues la prochaine fois», déclare Hervé Vighier, Pdg du groupe Marmara/Etapes nouvelles sur les colonnes de “L’Echo touristique”. Notons que ces prix mis en cause sont contrôlés par les services de la répression des fraudes en France.  Mais qu’en est-il du Maroc ? Qui contrôle quoi ?
Il faut dire que sous nos latitudes ce débat dérange et divise. Les professionnels qui nous ont habitués à plus de cohésion, lorsqu’il s’agit par exemple de dénoncer le magma des taxes locales, ne partagent pas les mêmes avis sur l’attitude à adopter face aux TO, lesquels contrôlent des pays entiers.  Acculés aux résultats, les hôteliers n’ont souvent pas le choix, d’autant que la concurrence est vive. Que pensent-ils du problème ? «C’est un faux problème !», lâche le pragmatique Abdelhadi Alami du Kimpinsky Palais des Congrès, faisant remarquer que les opérations évoquées concernent seulement deux établissements à Agadir». Un point de vue aux antipodes des sentiments de  l’ancien directeur général de l’Office du tourisme,  Samir Sahraoui, présentement à la tête du CRT Rabat, dont les propos exprimés dans les colonnes d’ALM, ont été  relayés par les sites professionnels français : «On n’a jamais vu ça, déclare-t-il, même au plus fort de la crise du Golfe, en 1991 et dans les années 70, le positionnement du produit marocain en termes de qualité-prix était respecté».
Rappelons que le TO Etapes Nouvellles, adossé au Maroc à son receptif Atlas Voyages,  fait partie du club des voyagistes signataires de contrats d’objectifs en volume avec le ministère du Tourisme.
En échange d’une programmation du Maroc, ces opérateurs privilégiés reçoivent  en retour un appui sonnant et trébuchant dans leurs campagnes de promotion. Sans doute bien renseigné auprès des TO français, le site de Tour Mag indique sans sourciller que dans le cadre de cette coopération, Adil Douiri a accordé récemment a TUI, Thomas Cook et Rewe la bagatelle de 50 millions de dirhams. Ce n’est certainement pas ainsi que l’on améliorera les recettes générées par l’industrie du Tourisme.

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